On va finir par y arriver !

Depuis des siècles, quand les gens ont la réputation d’être un peu agités ou légèrement énervés, on leur prépare une bonne tisane de camomille. Hier, François Fillon, bien aidé par le prescripteur des drogues douces, le bon docteur Jacques Pélissard, Président de l’Association des Maires de France, a été plus moderne : il a distribué du Valium au peuple des élus de France, avec une bonne dose de Lexomil, et un soupçon de placébo euphorisant, avec l’espoir d’endormir les troupes. En fait il a joué de la seringue hypodermique ou de la vaccination antigrippe TP pour anesthésier un auditoire, hostile à 75 % à ce qui se trame à l’Elysée, mais qui s’est laissé endormir par 55 minutes soporifiques. Il m’a rappelé ce vétérinaire de mon enfance qui, avant de tenter d’approcher un bestiau récalcitrant, demandait à son propriétaire de le ficeler. Il repartait, convaincu que la bête de somme portait bien son nom, et qu’il suffisait de peu de choses pour calmer ses ardeurs de révolte.

Des milliers de Maires ont été anesthésiés par un discours abscons, assénant des promesses qui n’engageront, selon la formule célèbre, que celles et ceux qui les ont écoutées.

Martine Aubry, aujourd’hui, devant des centaines d’élus socialistes et républicains a aisément démonté cette supercherie, mais… avec le décalage horaire qui n’a pas permis d’estomper tous les « rêves » de la veille.

Les engagements gouvernementaux ne valent plus rien, ce n’est plus que du cirque, avec ces prestidigitateurs donnant l’illusion d’un pouvoir surnaturel. « Regardez le grand emprunt. Quel cinéma ! On nous annonce des sommes folles, contradictoires, et totalement irréalistes. On nous jure que le grand emprunt s’effectuera auprès des Françaises et des Français laminés par la crise, puis brutalement on fait machine arrière, en précisant qu’il sera effectué pour un montant finalement réduit, sur… les marchés financiers. Le discours de Versailles est enterré, les annonces oubliées. Le Président de la République s’assoit sur ses propres propositions, pour reprendre l’avis des socialistes. Effarant ! » explique Martine Aubry.

Nicolas Sarkozy, si courageux, si téméraire, si prompt à se vanter d’avoir réglé quasiment tous les conflits sur la planète, héroïque délivreur des otages en terrain ennemi. Lui qui aurait abattu, le 9 novembre 89, de ses mains, le mur de Berlin. Lui qui a sacrifié un déplacement à Versailles (enfin presque) pour affronter le confort climatisé du désert saoudien pour une visite semi-privée. Lui qui aurait sauvé (enfin c’est ce qu’il dit) les sidérurgistes, les marins-pêcheurs, les agriculteurs, les hôpitaux, les écoles, les banques, l’automobile. Lui, que plus de 11 000 maires attendaient, préfère en réunir 700,  triés sur le volet, dociles, polis, évangélisés, sous les ors de l’Elysée, afin de distribuer une dose de Temesta destinée  à l’opinion publique, car relayée, juste avant le week-end, encore une fois avec complaisance, par ces médias qu’il taille en pièces dès que les caméras complaisantes ont quitté le parquet des salons. Et le football effacera le reste des sifflets massifs qui ont reçu « Courage… Fillon! ». Les maires ? Quels maires ? La taxe professionnelle ? Les impôts locaux ? Rien à cirer! on ne siffle plus la France qui gagne, et ce ne sont pas des peigne-culs qui vont nous gâcher la fête!

« En fait, souligna Martine Aubry, les axes principaux des réformes en cours sont simples et se résument à deux positions. Changer les modes de scrutin locaux, pour récupérer par une loi inique ce qui ne peut plus se conquérir par les urnes, et notamment les régions. Obliger les élus locaux à assumer l’augmentation des impôts locaux, devant des populations qui se retourneront contre eux, puisqu’une campagne honteuse de dénigrement les aura jetés en pâture aux contribuables ». En fait, comme il ne peut pas atteindre les raisins de la démocratie locale qui lui échappent, il les présente comme trop onéreux, pourris et inutiles !

« A l’Elysée, vendredi, il lèvera le doigt vers le ciel pour stigmatiser les élus, et donnera des coups de menton pour affirmer son autoritarisme, et rien ne changera :  il réduira à néant un pan entier de la République ». Il ne reste plus en fait qu’un espoir : redonner, via une vaste opération militante de référendums locaux ou départementaux, la parole aux gens, à ces gens qui commencent de plus en plus à se pencher sur un sujet qui, pourtant, est enfoui sous des tonnes de procédures incompréhensibles.

En fait, les réformes en cours, pour paraphraser Coluche, ce sont des mesures qui, quand vous lisez les réponses, vous ne vous souvenez plus de la question qui les a motivées. Absurdes, démagos, illisibles, elles risquent d’être, selon la formule d’André Laignel qui a  ferraillé tout aujourd’hui contre Son Altesse Sérénissime, Christine Lagarde et son Grand Chambellan Eric Woerth, « une camomille mortifère » pour la démocratie. Au fait, référendum ? Référendum ? Ça ne vous rappelle rien ?

Cet article a 4 commentaires

  1. Annie PIETRI

    Excellentissime !!!
    Bien sûr, Jean-Marie, que l’on va finir par y arriver. Tous ensemble.
    Il doit bien y avoir un contre-poison bio, démocratique et républicain qui nous permettra d’effacer les conséquences néfastes de la camomille…..
    Et pourquoi pas un référendum…?

  2. Gustave TREVAUX

    Bien sûr qu’il faut un référendum ! Et vite fait, bien fait! Mais qui aura le courage de former une majorité pour l’exiger !
    Pour mémoire, certains paient aujourd’hui 400 euros par mois en taxes foncière et d’ahabitaion pour avoir le droit d’occuper un logement dont ils sont propriétaires . Si demain les impôts locaux augmentent de 20 %, cherchez combien cela fera.
    A quand le loyer obligatoire auprès de la commune pour occuper un logement dont on est propriétaire ?
    Vite Agissez , et fort !

  3. Suzette GREL

    L’opinion se dit depuis hier soir que les élus exagèrent et peut-être que la potion « fillon »serait efficace…mais je crois moi aussi que le ver est dans le fruit et que nous gagnons du terrain malgré tout, même s’il faut déployer beaucoup d’énergie!

  4. Christian Baqué

    La première urgence pour les élus du peuple c’est d’exiger dans l’unité le RETRAIT de cette réforme et de celle sur la Taxe professionnelle. C’est ce que nous avons signé ensemble (plus de 3000 signatures hier soir).
    Organisons l’unité des élus pour le retrait dans tous les départements, des conventions départementales et une convention nationale. Et nous pourrons en appeler au soutien de la population.

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