Aucun responsable, aucun coupable…

La crise…Qu’elle est pratique la crise! En fait, sur les plateaux, elle servait hier soir d’explication à la déroute de la droite ultra libérale. La crise… la crise… la crise… toute la crise… rien que la crise… Il y avait même de la crise de nerfs dans l’air. En fait, on a appris que si la Droite avait trouvé la raison de tous ses maux, elle était incapable de l’expliquer. D’abord, tout le monde a oublié les causes de la crise, pour se consacrer exclusivement, comme le veut la société actuelle, sur ses effets. Rien, absolument rien de sérieux, de fiable n’a été fait pour éradiquer les racines de la crise. Un exemple? Xavier Bertrand ne sait probablement pas comment les banquiers ont plongé les salariés français, comme bien d’autres, dans l’angoisse et le doute. Alors, voici une explication qui lui sera bien utile pour sa réflexion et celle du gouvernement, dont la grande majorité des membres, non membres de la cour présidentielle, étaient resté hier soir devant OM-Lyon !
L’expert chargé d’analyser la faillite de la banque américaine Lehman et brothers a publié son rapport de 2 200 pages. Il met en cause le PDG, Dick Fuld, et des cadres, ainsi que le cabinet d’audit Ernst & Young et deux banques concurrentes. Mais qui s’en soucie? Qui a expliqué que si le monde totalement artificiel des profits financiers s’était effondré, c’est à la suite d’une manipulation très répandue des bilans banquiers. «Repo 105». C’est le nom de code d’une petite «manip» financière, pratiquée par ­Lehman Brothers pour embellir ses comptes, relevée dans un rapport sur la faillite de la banque, rendu public aux États-Unis. Ces «Repo», pour «repurchase agreement», c’est-à-dire « accord de rachat », consistaient pour la banque new-yorkaise à vendre à un partenaire des actifs, notamment immobiliers, à la veille de la publication de ses comptes, pour les lui racheter quelques jours plus tard. Un tour de passe passe purement artificiel, qui permettait, durant un laps de temps très court, d’améliorer les bilans. But de la manœuvre : alléger temporairement sa dette afin d’améliorer son bilan. Le chiffre 105 signifie que la valeur des produits vendus par ­Lehman atteignait 105 % des liquidités qu’il percevait en échange. Ce tour de prestidigitation, Lehman l’a pratiqué dès 2001, mais l’a utilisé à une échelle de plus en plus importante en 2007 et 2008, pour une valeur de 39 milliards de dollars à la fin du dernier trimestre 2007, de 49 milliards à la fin du premier trimestre 2008 et de 50 milliards au second trimestre 2008. En France, la seule réponse aura été de renflouer, avec des emprunts, des banques qui avaient toutes plus ou moins trempé dans ces carambouilles internationales.
À l’époque, Dick Fuld, le PDG de la banque d’investissement, et ses adjoints cherchaient par tous les moyens à présenter des comptes qui restaurent l’image de la banque, dont le cours de Bourse s’effondrait sur les marchés, face aux assauts spéculatifs de hedge funds. « Je suis très conscient que c’est une autre de nos drogues», disait en avril 2008, dans un e-mail, Hebert McDade, l’un des responsables financiers de la banque, cité dans le rapport. À la demande d’une cour fédérale new-yorkaise, l’expert Anton Valukas, président d’un cabinet d’avocats de Chicago, a passé plus d’un an, et consacré 38 millions de dollars, à enquêter sur la plus retentissante faillite bancaire depuis les années 1930, événement déclencheur de la crise financière à l’automne 2008.
La conclusion du rapport est sans discussion : la faillite de Lehman Brothers est due à une conjonction de facteurs, et ne peut être imputée à son seul management. Pour autant, Dick Fuld et plusieurs de ses responsables financiers ne sont pas exempts d’«erreurs de gestion non coupables» et de «manipulation de bilans». Le PDG a été, selon le rapport, «pour le moins extrêmement négligent». Réagissant à ces accusations, Patricia Hynes, avocate de Dick Fuld, affirme qu’il «n’a pas mis au point ou négocié ces transactions» et qu’il «n’était pas au fait de leur traitement comptable».
Tous mes collègues élus locaux, fliqués par le Préfecture, la Trésorerie Générale et les percepteurs, apprécieront ce laxisme extraordinaire qui a mis en péril des millions d’emplois et a ruiné des États soumis au diktat du marché. On s’aperçoit que le célèbre cabinet d’audit Ernst & Young est mis en cause pour son manquement à déceler ces pratiques douteuses. Il souligne enfin la part de responsabilité des banques JP Morgan et Citigroup dans la faillite de Lehman, qui lui ont réclamé de nouvelles garanties réduisant ses liquidités dans les derniers jours avant son dépôt de bilan. Tout était truqué. Tout était miné. Tout était camouflé. Mais avec la complicité de qui ? Avec l’indulgence de qui ?
Mais qui osera un jour demander des comptes aux Ministres UMP, sur leur silence relatif à ces faits. Qu’a fait Bercy pour récupérer les millions évaporés ? Quid de la fameuse liste des protégés du bouclier fiscal qui ont exporté leurs ristournes fiscales sur des comptes suisses ? Quelle part a-t-on pris sur ces produits financiers fictifs ? Combien d’emplois va créer ou préserver la suppression en France de la taxe professionnelle sur les banques ? La « crise », vous dis-je ! C’est elle qui expliquerait le désastre du parti majoritaire depuis presque une décennie, et qui a toujours couru après les effets d’un mal né de ses propres théories économiques : liberté totale au marché, concurrence outrancière, diminution des masses salariales pour maintenir les profits, spéculation financière, non imposition équitable de tous les revenus, destruction systématique des repères sociaux. En fait, on continue à s’intéresser à l’écume des vagues sociales, mais personne ne souhaite trouver les Dr Mabuse qui ont lancé le tsunami. Aucune responsabilité des responsables gouvernementaux actuels. Voter pour eux, c’était en définitive admettre le principe ni coupables, ni responsables mais… passifs et victimes. Personne ne leur demandera des comptes sur la genèse de cette crise, qui sert de paravent et d’excuse facile à un échec cuisant. « La vérité est si obscure, en ces temps, et le mensonge si établi, qu’à moins d’aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître ». Blaise Pascal, celui qui doutait, avait déjà compris les fondements de la politique actuelle.

Cet article a 3 commentaires

  1. lauranne

    J’ajouterais même que la crise a bien arrangé Sarkozy dès lors qu’elle lui a permis de tenter de justifier ses réformes menées au pas de charge, sans réflexion construite, à l’emporte-pièce…Et nous attendons celle qui va passer entre la poire et le fromage, la coupe du monde de football et les vacances: les retraites!

  2. Loïc Provost

    Ce que nous attendons, ce sont les propositions de la gauche. Depuis mai 2007, rien, pas la moindre ébauche de projet de société ou de proposition sur les questions prioritaires (santé, emploi, fiscalité, économie….)
    Vous n’entendez du gouvernement que « la crise, la crise…la crise »! Mais je vous retournerais l’objection en vous rappelant, qu’à gauche, nous n’entendons que « suppression du bouclier fiscal, suppression du bouclier fiscal et…suppression du bouclier fiscal! » Est-ce le remède miraculeux que la gauche propose pour lutter contre le chômage, redresser la croissance, gérer la question des retraites? La suppression du bouclier fiscal serait irresponsable! Très peu d’entreprise sont aujourd’hui françaises!En augmentant les taxes, comme vous avez souligné « l’injustice de la suppression de la taxe pro », vous pousserez ainsi les entreprises à délocaliser, et donc, à mettre au chômage plusieurs centaines de salariés! Vos arguments ne tiennent pas Monsieur Darmian! Et d’ailleurs, bénissez le gouvernement de conserver le bouclier fiscal, car s’il venait à être supprimé, de quel sujet pourraient désormais s’occuper vos collègues socialistes à l’Assemblée Nationale le mercredi…?

  3. Loïc Provost

    Voilà encore quelques années, les contribuables français se
    trouvaient dans une situation qui relevait de la rencontre entre le
    paradoxe et l’incohérence. Nombreux pouvaient alors être imposables
    jusqu’à 130% de leurs revenus.

    Nous sommes tous pour l’idée de contribuer à l’effort national encore
    faut-il que cet effort soit le reflet d’un certain équilibre. Combien
    de français qui, après addition de leurs contributions à l’impôt sur
    le revenu, la taxe d’habitation et la taxe foncière se retrouvent à
    payer bien plus que la moitié de ce qu’ils ont pu gagner à l’année ?
    Ils sont sans doute très nombreux et contrairement à ce que l’on
    voudrait faire croire, il s’agit souvent de la classe moyenne, qui
    après des années de labeur a « acquis un bien pour ces vieux jours».

    Nicolas SARKOZY alors candidat à la présidence de la République l’a
    promis, une fois élu il l’a fait ! En réalité, le bouclier fiscal est
    une mesure qui prend en compte l’effort et le travail ! C’est une
    réelle mesure de protection sociale,à portée économique, puisqu’elle a permis le retour de près de 10% des évadés fiscaux, certes, cela n’est pas suffisant, mais la gauche n’a pas fait le tiers de ce qui a été réalisé, puisqu’au contraire, vos mesures poussaient ceux qui détenaient le capital, à quitter le pays
    (l’administration fiscale rembourse systématiquement les rétributions
    au delà de la moitié du revenu annuel).
    Il est donc nécessaire de maintenir le bouclier fiscal, qui était une PROMESSE du candidat Sarkozy, et que cette promesse a été TENUE!
    Je suis, en tous cas, ravi de débattre avec vous!

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