La confiance a perdu tout crédit

La messe est dite… selon un principe bien connu de celles et ceux qui arrivent quand tout est terminé. Ce constat, les éminents ministres des finances des pays du G 20 ont dû le faire en se retrouvant. La crise, causée, au nom de la concurrence libre et non faussée et plus encore sur la base d’un libéralisme salvateur, par les banques ou les services financiers, semble loin pour eux. Ils ont promis tellement de mesures de contraintes, après avoir capitulé pour sauver les destructeurs du système dont ils ont largement profité…qu’ils n’ont été capables d’en mettre en place aucune. Durant les promesses, les mêmes méthodes, les mêmes comportements, ont été tolérés ou parfois encouragés. La Grèce a triché depuis des décennies. Tout le monde le savait, mais pour protéger les banquiers qui se gobergeaient sur les prêts accordés à des Etats ripoux, on a fermé les yeux. La Hongrie tremble maintenant. Demain le Portugal, la Grande Bretagne, l’Espagne, l’Italie et… la France, suivront ! Dans un tel contexte, il n’y a plus qu’une seule méthode : repartir sur les bases de l’auto satisfaction et de l’optimisme débridé. Puisque les effets d’annonce peuvent sauver les situations, autant en profiter. On annonce donc, chaque jour, une mesure non appliquée, pour rassurer les marchés ! C’est tout.
« L’économie mondiale continue de croître plus vite que prévu, mais à un rythme inégal (sic) selon les pays et les régions. Cependant, la récente volatilité sur les marchés financiers nous rappelle que des défis significatifs persistent (sic) », ont souligné les grands penseurs du G20 dans un communiqué, publié à l’issue d’une réunion de deux jours en Corée du sud ! Convoquée dans un contexte d’inquiétudes face à la crise de la dette dans la zone euro, cette réunion destinée à évaluer l’état de l’économie mondiale avait également pour but de trouver un difficile accord sur les réformes du système financier et sur un dosage délicat entre politiques de relance et équilibres budgétaires. Les crises budgétaires traversées par plusieurs pays, et les remous sur les marchés financiers, soulignent « la nécessité pour nos pays de mettre en place des mesures crédibles, favorables à la croissance, pour parvenir à des finances publiques viables », ont estimé les responsables du G20. Que ces braves gens ont le sens de la litote en parlant des « mesures crédibles favorables à la croissance », puisqu’ il faut comprendre « des coupes sombres dans tous les budgets assurant la qualité de la vie sociale ». En fait, ce sont des dizaines de milliers de postes supprimés et des système sociaux sacrifiés sur l’autel de l’austérité présentée comme indispensable, alors qu’elle ne relève souvent que de la volonté de préserver le système bancaire mondial. On a donc, en Corée du Sud, une énième fois répété qu’un nouveau cadre réglementaire pour le secteur bancaire serait défini d’ici novembre et appliqué avant… fin 2012. Une annonce vite obsolète, puisque les ministres et dirigeants de banques centrales sont en revanche restés muets sur la possibilité d’introduire une taxe mondiale sur les banques, dont le produit servirait à financer de futurs plans de sauvetage.
Ce projet est défendu par les Européens et les Américains, mais combattu par d’autres pays comme le Canada, le Brésil, l’Inde et l’Australie… et sera donc oublié, car ce n’est que de la poudre aux yeux, pour une opinion publique sans aucune rigueur d’appréciation. Cette taxe serait en effet sans aucune efficacité, car c’est comme si on demandait à des cambrioleurs de cotiser à une caisse qui indemniserait leurs futures victimes. De toute façon, cela ne suffirait pas. Rien que la BNP a plus de 1900 milliards d’argent en prêts pour seulement 60 milliards de fonds propres. Il suffit que 3% des crédits qu’elle a accordé ne soit plus honorés pour que la BNP se retrouve en faillite. Les deux autres banques, Crédit Agricole et Société générale, sont dans le même cas. On a laissé faire tout et n’importe quoi trop longtemps. La Société Générale aurait 1054 milliards de prêts pour 43 milliards de fonds propres, et le crédit Agricole,1620 milliards pour 53 milliards. Et leur engagement en Grèce serait pour ces deux dernières de 79 milliards.
Vous avez ainsi une idée exacte sur les raisons qui ont conduit notre Chef de l’État a plaider, contre l’Allemagne, le sauvetage de la Grèce. On a encore une fois sauvé nos banques en reportant leur dette sur les populations européennes. Le problème, c’est qu’il va falloir faire cela tous les mois dans les prochaines années. Est-ce que les peuples vont continuer à le supporter, quand de l’autre côté les banques de détail réalisent 40% de leurs bénéfices avec les frais bancaires. En Corée du Sud, tout le monde sait fort bien que le communiqué final doit relever du concept « retenez moi, où je fais un malheur », alors que l’on n’est même pas capable de lever le petit doigt contre eux !
Rien n’avancera; le G 20 ne fera absolument rien contre les auteurs des désordres, si ce n’est menacer d’interventions qui ne seront jamais exécutées. Le Canada s’y oppose. Outre le fait que les établissements financiers canadiens ont été épargnés par la crise, le Premier ministre du pays, Stephen Harper, qui rencontrera aujourd’hui Nicolas Sarkozy à Paris, estime que les contribuables ne doivent pas subir le coût du sauvetage de banques en faillite… souhaitons qu’il arrive, en bon libéral, à convaincre de chef de l’Etat français, entre la poire et le fromage!

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