La grosse commission comme si vous y étiez !

Mais quel cinéma ! Quelle honte pour la démocratie ! Quel mépris pour celles et ceux qui devraient être des citoyennes et des citoyens ! La place qui se situe au bout de la rue de l’Université où se trouve l’assemblée nationale avait été transformée en ferme géante avec veaux, vaches, moutons, cochons, couvées, Pérette et ses pots au lait, ainsi que des laitues à faire verdir d’envie un parisien. Autour de cet espace paisible où l’on débattait des conséquences de la future loi de modernisation agricole, un cordon de CRS, le genre « Robokops » sortis d’un film de violence avec véhicules blindés et tenues de combat. Ils cernaient littéralement la minuscule place, au cas où ces dangereux bandits, venus abreuver les sillons de la capitale de leur ire lointaine, avaient voulu envahir ce qui reste le temple chancelant de la République. Ils parlaient misère, faillites, concurrence exacerbée, pollution des sols, de l’air par des produits chimiques et ils effectuaient un concert retentissant de vuvuzuélas, qui n’altérait en rien la sérénité des passants en costume-cravate qui parcouraient cette rue barrée. Ils attendaient d’être reçus par « leurs » députés, susceptibles de voter dans un élan de « godillotite » aigüe, une loi uniquement basée sur l’élimination des canards non concurrentiels qui se trouvaient encore dans la mare du profit. Ils n’en virent pas l’ombre portée d’un seul, (Martine Faure, députée de la Gironde passa les saluer et acheter une brique de lait) durant cette rencontre qui leur était pourtant destinée. Tous avaient un mot d’excuse de la part de leur Président de groupe… ils étaient en commission. Pas en commission consacrée au dossier véritablement accablant d’Eric Woerth, ce martyr de la démocratie sourcilleuse puisqu’il n’a absolument rien fait (lire le Canard enchaîné de ce jour !) et que lui n’a pas sali l’honneur de la République ! Une « grosse » commission destinée à examiner les raisons de la banqueroute de l’Etat football, celui qui a été emprunté en Coupe du Monde, celui qui n’a manifesté que peu d’intérêt pour sa cause, celui qui n’a pas aligné deux actions construites en Trois rencontres. Il y avait foule devant l’entrée, et il y avait du micro en veux-tu en voilà dans la salle des Colonnes ! L’œil des caméras était vibrionnant et la fièvre du scoop grimpait quand parvenait par Twitter une nouvelle du conclave. Dehors, au Bourbon, certains, attablés, avaient le portable collé à l’oreille et écoutaient ce qui se disait à…huis-clos à l’intérieur.
Raymond Domenech et Jean Pierre Escalettes venaient, eux aussi, vendre leurs salades ! Ils trouvaient preneurs en un clin d’œil, ipuisqu’un Député put, à juste titre, se plaindre de ce que la commission jouait à guichets fermés. « C’est idiot. Vous savez bien que tout ce qui sera dit ici sera immédiatement relaté aux médias. Jean François Copé, grand spécialiste des twits, ne se sentit pas visé, mais il fut le plus prompt à déborder sur le flanc droit pour partir raconter à ses potes les rares petites phrases d’une audience totalement inutile. L’omerta règne encore sur le comportement des Bleus. Domenech, égal à lui-même, drapé dans sa dignité offensée, ne dit pratiquement rien, ou si peu, alors que ce pauvre Jean Pierre Escalettes devait, à 75 balais, compenser le mutisme absolu de celui dont il semble avoir pris ses distances. Domenech assume et Escalettes trinque ! C’est parti pour durer. Domenech se fout littéralement de la représentation populaire, comme Roselyne Bachelot du ballon rond, et Escalettes fait son autocritique, comme soulagé qu’on lui permette de se reposer enfin à Andernos ! Le duo n’a pas lâché une seule vraie explication au désastre d’une bande de millionnaires, censée représenter le football amateur français et le pays vice-champion du monde sortant ! Il a joué à la baballe avec des députés, soucieux de faire le spectacle devant leurs collègues. Dans le fond, il leur fut reproché d’avoir « terni l’image de la France ! » J’ai personnellement connu Jean-Pierre Escalettes à une époque où peu de monde s’intéressait à sa vision du football. J’ai même participé, avec d’autres dirigeants de clubs girondins, à sa conquête de la Ligue d’Aquitaine. Je sais que c’est un éducateur dans l’âme, un enseignant qui a été dépassé par le comportement détestable de gamins du fric dont il était incapable d’imaginer la mentalité. Jean-Pierre Escalettes aura été modeste, honnête, franc et ne s’est jamais dérobé : je résume : « il a été dépassé par une machine qui ne portait plus aucune des valeurs auxquelles il croyait ». Il a été net : j’assume une seule responsabilité, celle d’avoir maintenu Raymond Domenech en poste en 2008 (NDLR : le « muet » est à quelques centimètres de lui !). Le feu a couvé depuis ce jour là. Avons-nous une grande équope de France ? Ma réponse est claire : NON ! Le second événement qui a pourri le climat, il faut bien le reconnaître, c’est la main de Thierry Henry… En fait, tout vient d’un manque absolu d’éducation des joueurs, qui n’ont aucun repère, aucune valeur commune… » Et Jean Pierre Escalettes, quand l’ex-sélectionneur tapait en touche ou jouait au malin, a tout bonnement lâché cette incompréhension d’un homme ayant vu lui échapper un groupe auquel il ne comprenait rien ou presque : « j’ai eu honte des propos qui ont été tenus dans le car…J’ai eu honte. J’ai 50 ans de fidélité au sport, au bénévolat intégral, une carrière entière d’enseignant. Je n’oublierai jamais ce que j’ai entendu…ce jour là ! » Bien entendu, on n’en saura pas plus.
Raymond la Science, pour sa part, a dénoncé la presse, responsable, comme nous le savons tous, du climat détestable qui a régné depuis des semaines dans ce qui n’a jamais été qu’une juxtaposition d’égos, enflés par le fric. Domenech cherche encore le « traître » (on se serait cru à l’Elysée le matin de parution du « Canard enchaîné »).

La seule certitude qu’il ait déclinée se résume à : « les propos d’Anelka cités dans la presse ne sont pas les bons (ils auraient été plus « outranciers » selon Jean Pierre Escalettes) ! Il ne s’agissait de la part d’Anelka que d’un mouvement d’humeur, à la suite d’une appréciation technique peu appréciée (sic). J’ai prié Anelka de sortir des vestiaires, et je l’ai viré illico, donc l’affaire ne devait pas aller plus loin. Il a fallu qu’une « taupe » s’exprime pour que l’Equipe amplifie ce qui n’était pas un événement considérable. J’assume ma part de responsabilité sur l’affaire de l’entrainement manqué, mais nous avons tout épuisé pour éviter le clash sauf… la force. Pendant 6 ans, j’ai toujours protégé les joueurs et j’ai probablement commis une autre erreur… » Le reste relevait de la vie en rose !
Là bas, les paysans, à quelques centaines de mètres, les paysans ruinés allumaient un barbecue, enfumaient leurs gardes du corps, se rinçaient le gosier avec un vin d’Alsace, dépliaient des tables pour manger entre copains et en famille. Ceux qui vivent sont bien encore ceux qui luttent !

Cette publication a un commentaire

  1. gilles baillet

    Si j’ai bien compris le foot est devenu une grande cause nationale, plus importante que les retraites…Je suggère à nos parlementaires de recevoir l’équipe de France de basket masculin si elle échoue en septembre au championnat du monde pour la xième fois. Ben oui, il faut mettre fin au déficit de gouvernance qui affecte cette fédération sportive depuis de trés nombreuses années… Je suggère également qu’ils reçoivent les basketteuses si elles aussi échouent. Entre deux séances sur la loi de financement des retraites, ça devrait décontracter un peu le palais Bourbon…
    Cordialement

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