Canicule des affaires : rafraîchissez-vous la mémoire !

Tout est relatif… La gesticulation présidentielle permet, de temps en temps, de revenir sur des déclarations ou des comportements aussi éphémères qu’inutiles, mais il faut bien convenir que ce comportement ne résiste guère à l’épreuve du temps. Des paroles faussement pathétiques dans des circonstances douloureuses, des envolées musclées dans des moments de perdition, des promesses intenables lorsque la demande est trop forte, sont en passe de décrédibiliser l’ensemble de ce que les je sais-tout des médias appellent avec condescendance la « classe politique ». Il est vrai que cette dernière est bien mal en point. Crédibilité nulle, sincérité douteuse, collusions avérées, et pour finir, fiabilité inexistante dans les actes… Lentement, les sables mouvants du doute envahissent les esprits des citoyens consommateurs, pour laisser place à une forme de dégoût dramatique. Le mois de juillet 2010 deviendra, dans l’histoire, une référence.
L’affaire Bettencourt, ses trucages, ses manipulations, ses astuces de désinformation, ses zones d’ombre, ses manquements oubliés, ses magouilles absoutes, a ruiné tout le monde, sauf celles et ceux qui en ont profité. La saga a des allures de scénario d’une saison de « Dallas » avec ses trahisons, ses complicités, ses cocus et ses milliardaires. Mais aussi grave soit-elle, elle ne masquera pas le plus grave : les émeutes de Grenoble, car on est entré dans la liquéfaction de tous les principes républicains. Je vous livre une série de déclarations, toutes vérifiées et authentiques, qui démontrent que nous sommes au pays du mensonge permanent ! Morceaux choisis :
30/03/2007 : « Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué », ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes. Pour Sarkozy, mai 68 est responsable de tout : du dénigrement de l’identité, du communautarisme, de la faillite de l’école, du cynisme des capitalistes et même des parachutes dorés ! De la campagne qui s’achève, Sarkozy dit carrément : «Ce fut une campagne aux prises avec une crise morale comme la France n’en a peut-être jamais connu, sauf peut-être au temps de Jeanne d’Arc.» Le candidat de l’UMP tonne : «Les héritiers de Mai 68 avaient imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait donc, désormais, aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l’élève valait le maître […], que la victime comptait moins que le délinquant». «Il n’y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie», lance-t-il, dénonçant la «gauche, héritière de Mai 68 […]. Dans cette élection, il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes».
15/04/07 : « Nous avions renoncé à défendre les idées qui étaient les vôtres ». A coups de formules chocs, il a commencé à baliser le terrain en se déportant toujours plus à droite : «Peu m’importe si vous vous êtes tournés vers le FN par le passé. C’est parce que nous avions renoncé à défendre les idées qui étaient les vôtres», a-t-il lancé hier lors d’un pique-nique champêtre à Aix. De même il a dénoncé, comme Le Pen aime à le faire, «les combines des partis et les petits accords qui se préparent dans le dos des Français». Un temps envisagé, le recentrage de sa campagne n’est désormais plus possible.
02/04/07 : La France « exaspérée ». « La France exaspérée, elle existe », a déclaré le candidat UMP à la présidentielle lors d’une conférence de presse pour présenter son projet. « Et elle est exaspérée par quoi ? Par la contestation de l’identité nationale, par une immigration non maîtrisée, par la fraude, par les gaspillages », a-t-il dit. « Qui ne voit qu’il y a un lien évident entre la politique d’immigration non maîtrisée depuis 30 ou 40 ans et l’explosion sociale dans nos quartiers ? », a lancé l’ex-ministre de l’Intérieur. « Ça crève les yeux qu’il y a une liaison entre les deux », a-t-il insisté.
29/03/2007 : » Honnêtes gens qui payent leur billet ». « Quand je pense que deux candidats à l’élection présidentielle ont osé prendre la défense d’un individu, connu pour 22 délits, qui se permet de frauder et de ne pas payer son ticket dans le train ; qui, une fois interpellé, se permet de frapper des fonctionnaires qui font juste leur travail avec honnêteté, dans la légalité, qui déclenche une émeute avec des voyous qui cassent une gare, qui cassent des abribus ! »
« Si certains sont du côté des fraudeurs, moi je suis du côté de tous ces honnêtes gens qui [payent] leur billet », a insisté Nicolas Sarkozy. « Si certains défendent les émeutiers, moi je pense à tous ces gens qui travaillent dur et qui se disent, ceux qui cassent, ils cassent ce qu’on va payer avec le prix de notre travail. »
21/03/07 : Ministère de l’immigration et de l’identité nationale.La création d’un « ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale » est la réponse à ce grand défi de l’avenir, dans la continuité de l’action menée depuis 2003. Son objectif est de poser les fondements d’une politique cohérente, organisée, de l’immigration. Le ministre nommé à sa tête en assumera la responsabilité globale : définition du volume et des modalités de l’immigration, en fonction des capacités d’accueil de la France (emploi, logement) ainsi que de l’intérêt des pays d’origine ; co-développement ; adaptation des nouveaux venus aux principes fondamentaux de la République, au respect de la loi, à l’égalité hommes-femmes, à l’obligation absolue de parler le français. Le ministre disposera de ses propres services, issus des ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et des Affaires sociales, tout en s’appuyant sur les autres ministères, en particulier l’Education nationale.
26/03/07 : le gouvernement pléthorique. Dans une interview accordée au journal Le Monde du 10 septembre 2006, à la question : « La pratique présidentielle américaine peut-elle vous inspirer ? », Nicolas Sarkozy terminait sa réponse par la phrase suivante : « Il y a à peine quinze ministres pour un pays de 300 millions d’habitants, et les ministères ne changent pas d’intitulé à chaque alternance ». Cette louange d’une certaine sobriété en matière de multiplication des postes ministériels chez nos amis américains est en contradiction avec l’annonce de la création, s’il est élu, d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale.
Début mars : on « naît pédophile ». Nicolas Sarkozy : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions pas soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année : ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense ».
6/03/2007 : Fabrique à clandestins. Le ministre s’est félicité d’avoir « assaini » la question de l’immigration, « centrale pour l’équilibre de la société française ». Grâce à lui, « la procédure de demande d’asile n’est plus une “fabrique à clandestins” ». Depuis 2002, 82 000 sans-papiers ont été reconduits, dont 24 000 en 2006 suivant les « objectifs quantitatifs » fixés aux préfets, et parfois suivant la technique des « vols groupés » et « charters », tandis que 35 000 migrants illégaux ont été refoulés avant leur entrée sur le territoire.
09/11/06 : Etrange affirmation du ministre-candidat à la présidence de la République lors d’une réunion publique à Saint Etienne en novembre 2006. Après une longue tirade, où il fait confession, sans rire, d’«humanisme»…, où celui qui n’hésite pas à organiser rafles et expulsions d’êtres humains, souligne que «la morale ça compte», «la spiritualité ça existe», et que «l’homme a une destinée», «je suis libéral au sens où je suis pour la liberté»,… il en conclut que «l’on ne peut pas faire n’importe quoi avec l’homme, qui n’est pas une marchandise comme les autres».
12/09/06 : Aller chercher fortune ailleurs. Sarkozy aime à dire que « la France, tu l’aimes ou tu la quittes ». Halliday l’a écouté. Mais Sarkozy ne devrait-il pas lui-même quitter la France? Car le 12 septembre 2006, aux Etats-Unis, il a ridiculisé la France (donc il ne l’aime pas ?) en s’excusant pour « l’arrogance » française et sa « grandiloquence stérile« .
20/06/2006 : La démocratie irréprochable, ce n’est pas celle où l’indépendance de la justice se confond avec l’irresponsabilité des juges. Pour lui, l’affaire d’Outreau ne signe pas l’impérieuse nécessité de respecter la présomption d’innocence, mais interroge la « responsabilité professionnelle des magistrats » (8 juin 2006). Il propose donc que ces magistrats répondent de leurs actes en cas d’erreurs. Ce qui revient à placer un tribunal populaire au-dessus de leur tête. « Au nom de quoi [dans] le seul domaine où on peut mettre des gens en prison, la question de la responsabilité professionnelle ne serait pas posée ? » Au nom de l’indépendance et de la sérénité de la justice.
10/11/05 : Les « voyous ». M. Sarkozy, qui a axé une grande partie de sa stratégie présidentielle sur son image de garant de la sécurité, dénonce de nouveau, dans un entretien fleuve à l’hebdomadaire L’Express, les « voyous » qui « rendent la vie impossible » dans les banlieues, où certains Français « vivent avec la peur au ventre ».
Un livre de 150 pages ne suffirait pas à publier tout et le contraire de tout. A Grenoble, on en est arrivé à ce que ce soit les policiers qui soient karchérisés moralement, puisqu’ils sont sous protection policière. L’escalade verbale et matérielle a atteint un tel niveau que nul ne sait où elle va nous conduire. En fait, la seule karchérisation réussie, c’est celle de la vérité et de la réalité. Pour le reste… à vous de juger !

Cette publication a un commentaire

  1. PIETRI Annie

    Certes, les déclarations et actions de Nicolas Sarkozy, depuis qu’il détient une once de pouvoir, n’ont été qu’une série de vérités et de contre vérités, de déclarations d’intention aussi vite démenties, de déclarations tonitruantes demeurées lettres mortes, et de promesses aussitôt démenties par les faits. Oui, on pourrait en faire un livre, et les reculades continuent….
    Bien sûr, le mois de juillet que nous venons de vivre constitue l’apothéose de cette décrédibilisation du monde politique par les élus de droite, par le fric, et la compromission ! Et encore, ne connaissons nous que ce que l’on veut bien nous laisser entrevoir…..
    Et lorsque le Président affirme que dans les affaires de justice, comme à Outreau, les juges devraient être rendus responsables de leurs erreurs de jugement et sanctionnés, il est permis de se demander si un Président qui a si mal géré la France et l’a conduite dans la situation où elle se trouve aujourd’ hui, économiquement, socialement, et …psychologiquement, ne pourrait pas avoir à répondre de ses nombreux échecs, qui sont patents, quoi qu’il en dise, et quoiqu’il cherche à en faire porter la responsabilités aux autres !

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