L'essence de la politique gouvernementale

Etrange société que la nôtre, puisque pour devenir crédibles, les citoyennes et citoyens en désaccord avec les réformes politiciennes du gouvernement qu’il a majoritairement choisi sont obligés de sanctionner les consommatrices et les consommateurs. Il faut les empêcher de rouler en les obligeant à courir désespérément après des stations services ouvertes et ravitaillées pour qu’ils s’inquiètent véritablement de l’impact d’une mesure qui pourtant les concerne toutes et tous. Manque d’enseignants dans les classes faute de remplaçants ? Pas inquiétant ! Destruction de l’édifice républicain du maillage républicain du territoire ? Rien de grave. La fermetures des services publics ? Pas question de s’alarmer. Mais la fermeture d’un poste de carburant peut conduire à une révolte ou à une exaspération collective. D’ailleurs, le premier des ministres, sur le départ, ne s’y est pas trompé. Il a immédiatement témoigné d’une détermination à répondre aux angoisses des automobilistes. Il a vite créé un groupe interministériel spécial « essence » qui regroupe les ministères de l’Intérieur, de l’Economie, de l’Energie et de l’Ecologie. Alors qu’il ne viendrait pas à l’idée un seul instant d’en faire un sur les difficultés des hôpitaux ou des jeunes.
Plus de 2500 stations étaient en rupture de stock de carburant dans toute la France hier soir. La grande distribution, comme les indépendants étaient touchés… et aussitôt les distributeurs ont fait payer aux consommateurs leurs erreurs de citoyens.
La rareté a amené une hausse du prix du gazole, le carburant le plus vendu en France (75% de la consommation). Sur les deux dernières semaines, il a progressé de 2,61% et s’établissait, vendredi 15 octobre, à son plus haut niveau depuis trois mois et demi, selon la Direction générale de l’Énergie et du Climat. Bercy a demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de réaliser des contrôles pour prévenir des hausses de prix des carburants non justifiées. Laurent Fabius a immédiatement réagi, mais sans être entendu, puisque comme à l’habitude il a eu une réponse méprisante de Lagarde qui sait ce qu’elle a à faire.
Pourvu que nous ne manquions pas d’essence, et que nous n’en soyons pas réduits à prendre les transports en commun, les vélos ou à marcher à pied. Imaginez un instant que les mamans habitant à quelques centaines de mètres des établissements scolaires ne puissent plus prendre leur 4×4 pour conduire leurs enfants, pour rejoindre les classes des enseignants non-grévistes. Un scandale ! On a donc immédiatement tenu réunion à l’Elysée autour de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, en présence de plusieurs ministres. « Nous avons essentiellement parlé des questions d’approvisionnement en carburant », a affirmé l’un des ministres participant à cette réunion. Alors qu’on lui demandait si la situation inquiétait le gouvernement, celui-ci a répondu: « On est attentif »… Pour les manifestations et la réforme des retraites, il n’y a pas besoin de prendre la mesure du mécontentement actuel sur les réformes en cours, et on n’en a pas parlé ! Ce n’est pas le sujet. Le moment est à l’essence même de la réforme : ne pas perturber le consommateur !
L’alerte va retentir si les camionneurs bloquent les plates-formes de ravitaillement des gondoles des hyper marchés. Imaginons un instant que ces pauvres automobilistes retraités, appartenant à ceux qui vivent avec le minimum vieillesse, ne puissent plus aller acquérir leur jambon d’York, leurs yaourts aromatisés et leur pain de mie… Une catastrophe politique. Il est en effet impossible que le consommateur soit perturbé dans ses habitudes de conducteurs de caddies dans les allées bordées de rayons vides. On ira donc jusqu’à lancer les forces de l’ordre à l’assaut des barrages organisés, flashballs en avant, et fusils lance grenades lacrymogènes en batterie. Il en va de la crédibilité de François Fillon, l’homme droit dans ses bottes qui tient tête à la populace contestataire. En France, le pouvoir d’achat peut se rétrécir, les pensions peuvent être renvoyées à la Saint glinglin, pour les jeunes, l’essentiel c’est que l’on ne manque pas de carburant pour les bagnoles et les corps. Rouler et manger restent les mamelles de la citoyenneté française. Ainsi, après chaque révolte qui a mis à mal ces principes, il y eu un raz de marée en faveur des tenants de l’ordre établi, susceptible de ramener une vie normale. En 1830, en 1848, en 1871, en 1938, en 1947, en 1968… les chambres bleu horizon ont toujours succédé aux périodes durant lesquelles le Peuple a vu rouge !
On peut donc toucher aux libertés, à l’égalité, et détruire la fraternité, que personne ne bronchera véritablement, mais il est véritablement impossible de vivre sans son plein et sans son passage chez ED ! Et ce ne sont pas des citoyens grévistes mécontents qui vont, par leur grève, modifier ce constat. Vous ferez bien quelques pompes ce soir, ou vous prendrez bien d’assaut un rayon demain. François Fillon l’a dit : « Je ne laisserai pas l’économie française être étouffére par un blocage de l’approvisionnement en carburant » et il aurait pu ajouter « et les camionneurs vous priver de votre pain quotidien ! » Ce gars là mérite sa place dans les sondages, car lui, il sait de quoi il parle !

Cette publication a un commentaire

  1. Jules César

    « panem, ludos, oleum »
    Ave Nicolus, gloire à tes légions.
    Certains disent pourtant que t’es foutu, les électeurs sont dans la rue !

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