La France toujours plus célèbre dans le monde

Tous les spécialistes en communication vous le diront : la notoriété se construit par effet induit de celle que vous avez acquise hors du territoire où vous exercez vos talents éventuels. C’est la raison qui conduit souvent les Chefs d’Etat à effectuer des voyages officiels avec fastes loin de leurs bases. Le nôtre a eu ainsi l’insigne honneur de se faire photographier avec Kadhafi, Poutine, Berlusconi, Hu Jintao, Gagbo, Bush… et tant d’autres collègues honorables, que sa notoriété est grandissante dans son propre pays. Il faudra bien revenir sur ce parcours exemplaire, qui vient de connaître un point d’orgue somptueux avec les réalités tunisiennes.
« Le Monde » s’est offert un florilège des extraits de la presse étrangère sur ce que Yves Guaino a osé qualifier de lynchage de cette malheureuse Michèle Alliot Marie, ayant eu tort de faire confiance aux stratèges en démocratie de l’Elysée. La presse internationale ne trouve donc aucune excuse à la position adoptée par la France, notamment parce que les Etats-Unis, toujours « amicaux » avec la Tunisie, ont su adopter une attitude plus critique.
Ainsi, le « New York Times » indique que « par contraste, aidé par la divulgation de câbles diplomatiques par WikiLeaks, les Tunisiens considèrent que les Etats-Unis ont fait des déclarations plus critiques sur la corruption et l’avidité en Tunisie. Washington a également critiqué la répression contre les manifestants, et le président Barack Obama a marqué des points auprès des manifestants vendredi, en saluant leur ‘courage et dignité’ et en appelant à des élections équitables ». Une différence de ton qui s’est encore fait remarquer, après la fuite du président Ben Ali vendredi.
« La France, embarrassée par une complaisance sans faille face à la révolution pacifique qui est en train de se produire en Tunisie, s’est montrée, depuis le début, d’une extrême réserve, l’Elysée se contentant, vendredi soir, d’en ‘prendre acte’, une réaction tranchant avec celle du président américain, Barack Obama », notait ainsi le quotidien algérien El Watan. Pas un seul journal important qui ne s’offre pas un commentaire terrible sur la politique du gouvernement français. Un véritable lynchage médiatique international. Le Président, adulé par la planète du G 20, (si l’on en croit la propagande actuelle) devient la serpillère de tous les médias qui font et défont les réputations. Au plus bas dans les sondages en France (il aura déjà été le Président le plus impopulaire de la Vème République), il va désormais devenir Mister Monde de la fragilité !
La ligne de défense de la ministre des affaires étrangères est d’une hypocrisie n’ayant absolument rien de diplomatique. Elle repose sur la politique de non-ingérence de la France dans les affaires de politique intérieure d’Etats souverains. Une mensonge absolu, qui vaudra dans l’avenir un manque de crédibilité durable. Le Guardian rappelle que son prédécesseur, Bernard Kouchner, a été l’architecte de la politique « d’ingérence humanitaire » qui est bien différente de la vision de MAM sur « l’ingérence politique » . « Le Temps » va plus loin et se demande : »Entre le silence en Tunisie et l’appel à Laurent Gagbo à quitter le pouvoir en Côte d’Ivoire, la politique étrangère française est-elle basée sur ‘deux poids deux mesures’ ? » Pas possible ? Ils n’ont pas compris qu’en France il y a les potes qui ont subventionné les campagnes électorales présidentielles, et les ennemis qui subventionnent celles des autres, et les protégés qui arrosent des deux côtés.
Une question que se posait déjà le Times le 12 janvier. « Etant donné leur habitude à répondre rapidement aux injustices des régimes oppresseurs, la discrétion des représentants français en réaction à l’escalade de la violence en Tunisie frappe certains observateurs comme étant en effet curieuse », note l’hebdomadaire américain. « Cela contraste avec les dénonciations répétées et acerbes de Paris d’autres régimes ayant des comportements importuns ailleurs dans le monde », citant notamment les réactions françaises sur l’Iran, la Birmanie ou la Corée du Nord… Mais la Tunisie n’était pas du tout dans le manuel du quai d’Orsay. Les éditorialistes et analystes vont s’offrir une cure anti-française qui va renforcer l’autorité morale de notre Président sur la scène internationale, où il n’y a plus que lui et ses fans pour croire qu’il joue un vrai rôle. Les Anglais se font plaisir… note ainsi que « de par son histoire coloniale, Paris a eu tendance à adopter un point de vue de propriétaire vis-à-vis de la politique au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, mais en même temps sous Sarkozy, elle a commencé à se retirer d’un long enchevêtrement dans la région ».
Les observateurs internationaux pointent ainsi les intérêts stratégiques de la France en Tunisie. « La mainmise du pouvoir pendant vingt-trois ans du président tunisien a fait de lui un partenaire stable dans une région cruciale pour les intérêts français », explique Time, qui indique par ailleurs que « la politique draconienne de Ben Ali l’a aidé à empêcher les extrémistes islamistes à opérer en Tunisie comme ils l’ont fait avec plus de succès en Algérie, au Maroc et dans la région du Sahel ». Ainsi, le Guardian ajoute que « les analystes disent que Sarkozy préfère une ‘dictature bénigne’ en Afrique du Nord à l’alternative potentielle de régimes islamiques hostiles et déstabilisateurs, l’Algérie représentant un scénario cauchemar pour Paris ».
C’est pour cette raison qu’il a, durant sa présidence de l’UE lancé, par pur souci de notoriété, l’idée de créer son union de la méditerranée qui rassemblait une multitude de dictateurs potentiels ou en exercice. Le sommet fondateur de l’Union pour la Méditerranée s’était déroulé le 13 juillet 2008 à Paris, à l’invitation de qui vous savez. Les pays riverains de la Méditerranée et de l’UE étaient représentés à ce sommet au plus haut niveau de l’État. La Libye assiste au sommet au titre d’observateur et est représentée par son ministre des affaires étrangères, mais la Tunisie fut accueillie à bras ouverts. Heureusement, quand on constate quelle a été l’efficacité de cette création qui ne restera finalement dans l’histoire qu’en raison des dépenses pharaoniques effectuées pour recevoir des des potes en tous genres.
La « Cour des comptes » a en effet un plus tard à épinglé, sans conséquences d’aucune sorte, ce sommet, dans un rapport, en faisant remarquer le prix jugé exorbitant de cette journée (16,6 millions d’euros), qui incluait notamment un dîner des chefs d’Etat pillant souvent leur propre pays, pour un coût de 5 050 euros par personne. L’histoire ne dit pas si Ben Ali et Madame avaient trouvé le menu à leur convenance !

Cette publication a un commentaire

  1. Dominqiue

    Belle leçon de lutte politique que nous donne la population tunisienne et quel aveuglement inquiétant de nos élites devant un mouvement venant du peuple et de la jeunesse tunisienne.
    A méditer pour la mobilisation citoyenne en France : la jeunesse est visiblement incontournable pour réussir un mouvement social de grande ampleur et nous constatons que les forme d’organisation sociale du XX ème siècle (associations, partis politiques) accueillent peu de jeunes. Bonne chance pour l’élection.

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