Une mauvaise foi gouvernementale insondable !

En suivant de près, par amitié et estime, le travail qu’effectuent les sénateurs et la sénatrice socialistes de la Gironde, j’ai retrouvé une certaine estime pour le travail effectué au palais du Luxembourg. Les hasards de la vie publique font que je « participe » de manière dérivée aux actions concrètes de cette assemblée, pourtant tellement décriée. Elle pourrait cependant, dans quelques mois représenter le véritable contre pouvoir solide et convaincu qu’il faut à la main mise de l’UMP sur la république. Bizarrement, présenté comme un repaire de vieillards cacochymes, le Sénat organise une forme de résistance dynamique que les « godillots » UMP de l’assemblée nationale, beaucoup plus médiatisés, ne pratiquent pas, par crainte de représailles. Même s’il n’y a véritablement aucun dangereux anarchiste et aucun révolutionnaire en germe sur la moquette rouge de ce qui fut l’extraordinaire demeure de Marie de Mèdecis, il faut bien convenir de la volonté, modérée mais réelle, des sénateurs, de ne pas avaler n’importe quelle couleuvre.
Ainsi, la réforme des collectivités territoriales n’est passée que d’une seule voix dans l’enceinte du Luxembourg…Une marque de défiance qui fut annihilée par la trahison d’un centriste, trié sur le volet lors de la commission mixte paritaire, qui prit soin de… tourner la tête quand il aurait pu mettre le gouvernement UMP en difficulté. En fait, chaque fois qu’ils le peuvent, les sénateurs socialistes cherchent à mettre leurs homologues en porte à faux avec les remontées du terrain. Il n’y a que celles et ceux qui s’arrangent pour voter pour des textes qu’ils condamnent ensuite dans leur département, pour jouer véritablement avec la démocratie. Malheureusement, leur stratagème fonctionne : ils sont UMP à Paris et apolitiques dans leur contrée ! Grâce à cet art consommé du camouflage, ils espèrent échapper à leurs responsabilités.
N’empêche que hier, le Sénat a peut-être adopté à l’unanimité l’un des textes les plus précieux pour préserver la citoyenneté, tellement malmenée par les tromperies permanentes d’un système social perverti ! Il veut enfin faire le ménage dans les sondages. Une proposition de loi, adoptée, entend mettre davantage de transparence dans les sondages à caractère politique ou électoral, dont on sait combien ils ont influencé les résultats de 2002 et de 2007, tant au sein du parti socialiste que dans les urnes ! De véritables manipulations de l’opinion ont conduit à installer des icônes ou des concepts dénués de toute réalité tangible !
Remettre de l’ordre dans les sondages pour « garantir la sincérité du débat politique ». Telle est l’ambition des sénateurs Hugues Portelli (UMP) et Jean-Pierre Sueur (PS), auteurs d’une proposition de loi, adoptée en séance publique au Sénat, malgré l’opposition significative… du gouvernement. « Nous sommes le pays où l’addiction aux sondages dans la vie politique est la plus forte en Europe », relève Hugues Portelli. Il aurait pu ajouter, et dans lequel l’exploitation des sondages à des fins purement politiciennes est la plus avancée.
Pour le socialiste Jean-Pierre Sueur, les instituts de sondage doivent se montrer cohérents. « Puisqu’ils disent qu’ils font de la science, ils doivent en tirer toutes les conséquences. Quand vous faites de la science, vous faites de la publication, en disant quelle est votre méthode », avance le sénateur du Loiret. Ce dernier explique en substance que résultats bruts constatés soient déposés à la commission des sondages qui les rendra consultables à tous sur son site internet. Il est évident que les instituts adaptent à leur guise les constats réels, au prétexte qu’il faut des données corrigées pour avoir une vérité aléatoire, mais souvent conforme aux objectifs de celui qui paye !
Le texte interdit aux personnes interrogées en ligne de recevoir une gratification de quelque nature qu’elle soit pour leur témoignage ou l’expression de leur opinion personnelle. « Traditionnellement, quand les Français acceptent de répondre à un sondage, ils le font de manière gratuite pour contribuer au débat public », justifie Jean-Pierre Sueur. « Depuis 2007, nous sommes entrés dans un cycle d’abstention infernal. La gratification en ligne est une manière de pouvoir stimuler les réponses et d’avoir des échantillons représentatifs », ajoute le sondeur. Que nenni, c’est un moyen d’inciter les sondés à se prononcer pour justifier la réception de ce bonus imprévu ou négocié. La liberté d’opinion ne supporte pas les gratifications, même si elles sont jugées… justes, pour l’effort fait !
Le Sénat propose également que la loi de 1977, qui impose des obligations aux sondeurs et aux médias, ne s’applique plus uniquement aux sondages ayant un lien avec un scrutin, mais à tous les sondages politiques. Sans toutefois définir ce qu’est un sondage politique. « C’est tout sondage qui porte sur ce qui fait partie du champ du politique. Mais je ne vais pas définir la politique dans la loi. Tous les sujets peuvent devenir politiques », répond Jean-Pierre Sueur à ceux qui regrettent l’absence d’une définition précise dans le texte. Comment pourrais-je ne pas reconnaître le plaisir que j’éprouve en constatant que des femmes et des hommes politiques…acceptent de reconnaître que la politique mérite mieux que des sondages, fabricants l’opinion dominante, sur les apparences et de plus en plus rarement sur le débat !
Toujours dans un souci de transparence, la proposition de loi prévoit encore l’obligation, pour l’institut de sondage, de publier les « marges d’erreur » qui relativisent le caractère scientifique de ces résultats, posant le problème de l’œuf et de la poule. Est-ce le sondage qui pond le résultat de l’élection, ou ce dernier qui permet au sondage d’exister ?
En ce qui me concerne, je ne souffre pas cette hypocrisie voulant que chacun sache que le résultat dépend simplement de la subtilité de la question… et du choix des personnes auxquelles on la pose, mais dont tout le monde s’accommode. Regardez : fallait-il payer très cher pour savoir que Michèle Alliot-Marie n’avait plus la confiance des Françaises et des Français, alors qu’elle la garde du président ? Faut-il un sondage pour comprendre que le Président et le gouvernement, qui dépensent des sommes insensées pour assouvir leur soif de notoriété et de volonté de manipuler, via les médias, s’opposent à ce texte de loi ? Si elle était adoptée par les deux chambres du parlement, la proposition de loi entrerait en vigueur dès 2012 et s’appliquerait de facto à la présidentielle. Attendons avec impatience et sans illusion la position de l’assemblée nationale !

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