Absolument tout et son contraire…

La France n’en peut plus. Elle se prend la tête entre les mains et elle cherche à comprendre ce qui peut lui arriver. Déboussolée et parfois écœurée, elle tente de voir une lueur d’espoir dans un ciel de plus en plus obscur, mais surtout se rétrécissant chaque jour davantage. Pas une seule des promesses électorales de son chef de l’Etat n’a été concrétisée. Les mensonges succèdent aux mensonges. Maintenant, ce sont les dissimulations qui prennent le pas sur toutes les autres formes de gouvernance. Et pire, on nie toutes les évidences avec un mépris absolu des positions des autres. Un climat délétère s’installe, avec chaque jour une aggravation dramatique du dégoût profond qu’éprouve la population pour la politique.
Jamais la situation n’a été aussi grave, sauf à la fin des années cinquante quand la IVème République agonisait, détruite par le discrédit venant du manque de crédibilité de gouvernants se succédant dans le plus grand désordre.
Le décalage actuel entre la réalité quotidienne des classes moyennes et le comportement outrancièrement méprisant de la caste du profit va conduire à une fracture sociale ressemblant au canyon du Colorado ! la seule réussite du sarkozisme aura été de tuer pour une décennie le moindre germe de citoyenneté, espérant régner par l’indifférence et l’abstention. Alors que les Cantonales approchent, personne ne sait véritablement que ces élections seront d’une importance particulière, par absence totale de culture civique. Tout sera fait pour expliquer au bon peuple que c’est un vote sans importance, et que le choix « local » s’impose. Pas question de voter contre les réformes en cours, contre l’étouffement des collectivités locales, contre le transfert de la fiscalité vers les ménages, contre des candidats voulant accéder à une structure qu’ils condamnent et veulent en fait voir disparaître… Le choix sera « apolitique ». Tout le monde va y aller de son sondage, pour expliquer que le candidat(e) compte davantage que les idées et le programme qu’il défend. Alors que les conseils généraux sont renouvelables par moitié tous les trois ans, 47 % seulement des personnes interrogées pensent aujourd’hui aller voter. Le pourcentage, qui est de 60 % chez les plus de 60 ans, chute à…29 % chez les jeunes de moins de 25 ans, et à 30 % chez les ouvriers qui, bien évidemment, ne savent pas qu’avant la naissance et jusqu’à la veille de leur mort, ils ont beaucoup plus besoin du Conseil général que de toute autre collectivité ou de l’Etat !
Une large majorité de Français (63%) ne souhaiterait pas, en effet, que Nicolas Sarkozy se représente en 2012, contre 34% qui le souhaitent et 3% sans opinion, selon un sondage Ipsos pour l’hebdomadaire Le Point. Lors d’un précédent sondage réalisé par le même institut en août 2010, ils étaient 62% à ne pas vouloir que le président de la République brigue un second mandat, contre 35% qui y étaient favorables (3% de sans opinion). En mars 2010 ce chiffre était de 58% de personnes défavorables à sa candidature contre 33% qui l’appelaient de leurs vœux (9% de sans opinion). Ils ne veulent plus de lui, mais ils iront mettre dans l’urne, sans sourciller, un bulletin en faveur de l’un des ses supporters inconditionnels, qui se dit…apolitique ! Comprenne qui pourra.
La France de Nicolas Sarkozy se fait traiter par l’auteur mexicain Carlos Fuentes de « dictateur d’une république bananière en quête de popularité ». Est-ce vraiment faux ? Que dire du feuilleton MAM ? Relève-t-il de la « République irréprochable » qui avait été promise ? Ne constitue-t-il pas un bonus considérable pour les adeptes du poujadisme anti-élus qui resteront chez eux pour les cantonales ? Doit-on lucidement considérer que de tels faits n’ont pas conduit des peuples à se révolter plutôt que de rester devant la télé ? Une majorité de Français (58%) « souhaitent » une révolte aujourd’hui en France, mais 50% des sondés n’y croient pas, selon un sondage en ligne pour l’Humanité Dimanche.
A la question « souhaitez-vous que les Français aujourd’hui se révoltent ? », 58% des sondés répondent oui (25% « tout à fait » et 33% « plutôt »), dont 80% de sympathisants de gauche, 95% des sympathisants d’extrême gauche et 67% du Front national. Mais à la question « selon vous, les Français sont-ils aujourd’hui capables de se révolter », 50% répondent non (82% de sympathisants de droite contre 19% de sympathisants de gauche), 49% oui (57% de sympathisants de gauche contre 39% de sympathisants de droite), 1% ne se prononçant pas. En fait, c’est la résignation qui l’emporte, surtout quand on analyse les fondements possibles d’un spasme social. Les principaux motifs de mécontentement sont la situation de l’emploi (85%), le coût de la santé (78%), le pouvoir d’achat (77%), les différences sociales en France (76%), les perspectives d’avenir des enfants (75%), les dernières affaires comme… Woerth-Bettencourt et Michèle Alliot-Marie (66%), et les libertés publiques (59%). Superbe palmarès qui ne justifie pas, cependant, que l’on aille voter pour les cantonales contre l’UMP ! Il vaut mieux laisser des élus soutenir les mesures gouvernementales. Vu leur efficacité…

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    «  »Jamais la situation n’a été aussi grave, sauf à la fin des années cinquante quand la IVème République agonisait, détruite par le discrédit venant du manque de crédibilité de gouvernants se succédant dans le plus grand désordre… » » »

    Désordre qui n’était peut-être pas seulement le fait du hasard et del’impéritie de certains dirigeants. D’aucuns ont su tirer partie.
    Mais il y a des désordres qui s’organisent, par exemple quant on a l’intention de changer de république et de s’attribuer du pouvoir ; et il ne faut pas hésiter à sauter sur l’occasion.

    Quand on ne l’a pas provoquée…

    Actuellement, les auteurs du désordre ne sont pas à démasquer, on les connaît.
    Ils sont les responsables de leur discrédit, mais ils entraînent avec eux toute la nation, avec toutes les conséquences négatives.

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