DSK en uniforme de sapeur-pompier !

Quand on effectue un sondage sur les professions les plus estimées des Françaises et des Français, on voit apparaître en tête de liste les sapeurs-pompiers. Leur cote est aux maximum, et c’est logique puisqu’ils sont réputés intervenir avec efficacité dès que nous traversons, à un titre ou à un autre, une période dangereuse, ou au minimum difficile, de notre vie. Cette appréciation positive dite de « précaution » s’effrite devant la réalité, et malheureusement, souvent, les attaques fusent dès que les soldats du feu sont accusés de ne pas être arrivés assez vite et surtout de ne pas avoir été disponibles au moment où il fallait qu’ils soient présents. Aucune de leurs interventions ne saurait passer inaperçue.
Au contraire, elles s’effectuent à grand renfort de coups de klaxons, et illico les médias viennent aux nouvelles, avides d’un scoop permettant de captiver les gens friands de sensationnel. Même s’ils ne déclarent rien (mais souvent il y a pourtant des fuites organisées), ils sont guettés, puisque détenteurs d’informations relevant des faits divers et permettant de faire la une de l’actualité locale ou nationale.
On apprend aux officiers à classer par urgence, à réagir avec sobriété aux circonstances les plus dramatiques, et à faire parfois, malheureusement, la part dite du feu, avec ce que cette expression comporte comme conséquences difficiles à supporter pour l’entourage. L’eau déversée sur un incendie dévaste au moins autant l’immeuble que les flammes, mais c’est ainsi. L’ouverture d’une porte nécessite parfois qu’on la fracture de manière sommaire pour aller sauver la personne qui est isolée. Il arrive aussi que le commandant donne l’ordre de découper un véhicule afin de dégager des tôles un blessé.
C’est ainsi que le pompier court d’un lieu à un autre, après un appel de détresse, une mobilisation décidée par le médecin du SAMU, éteindre un feu, aller effectuer des visites dites préventives, dans des espaces ouverts au public. Jamais ils ne se prononcent sur les circonstances, et ils n’ont surtout pas le droit de s’exprimer sur le contexte dans lequel ils se trouvent. Le directeur du FMI a exactement le profil d’un sapeur-pompier, et dans le fond, je comprends très bien qu’il veuille actuellement rester dans ce rôle tellement populaire. Les Peuples adorent en effet les « sauveurs » depuis la nuit des temps, et même parfois les guérisseurs susceptibles de faire des miracles. DSK est entré depuis plusieurs mois dans cette catégorie, et il cultive avec talent son rôle de recours, dans cette période où la crise financière a provoqué une épidémie de faillites plus ou moins graves. Il est devenu le Red Adair des finances des Etats, et il va éteindre les incendies comme le « pompier volant » allait le faire sur les puits de pétrole, source de revenus pour sociétés capitalistes et les gouvernants du pays où, justement, les dividendes escomptés brûlaient pour rien.
L’Histoire est parsemée, depuis la nuit des temps, de rencontres entre l’espoir et un homme. Lorsque en plus, le recours est éloigné et qu’il assume une « surveillance » lointaine, sereine, détachée des circonstances des « accidents », il a une aura encore plus grande. Il arrive. Il étudie la situation, et il fait des préconisations, entouré d’une flopée de spécialistes des secours d’urgence. Aucun de ses passages ne saurait passer inaperçu. Au contraire, ils s’effectue à grand renfort de coups de klaxons et illico les médias viennent aux nouvelles avec la volonté feinte de lui faire annoncer ce qu’il fera à la fin de son engagement.
DSK, directeur des sapeurs-pompiers du FMI ne va pas se priver de l’aura que lui donne cette fonction, tant il sait qu’elle lui permet de se parer dans une attitude de personne dévouée, compétente, efficace, capable de dépasser largement la dimension nationale. Il a affiché une sorte de « force tranquille » mitterrandienne, face à l’agité du bocal, pyromane permanent, incapable d’éteindre tous les incendies qu’il allume ou qu’il fait allumer. Depuis son élection Nicolas Sarkozy a joué les boutefeux, mettant le feu via des cocktails Molotov purement idéologiques aux bases de l’édifice républicain, provoquant des sorties de route spectaculaires, inondant le pays de réformes toutes plus inefficaces les unes que les autres mais destinées à détruire les digues sociales institutionnelles.
Face au pyromane, chauffard et incontrôlable occupant de l’Elysée, DSK, au JT de France 2, en peu de mots, a largement accrédité, face à la diarrhée verbale du roi de TF1 totalement inadaptée, son statut de recours crédible. Dans son discours, il a adopté une posture sociale, répétant à maintes reprises être « préoccupé » par le quotidien des gens, ce qui permet de rappeler que le fait d’avoir une responsabilité élevée ne fait pas perdre le sens des réalités.
« Nous avons à peu près dominé la crise économique (NDLR : un pompier aurait dit : nous avons maitrisé l’incendie !), mais pas la crise sociale, surtout en Europe où elle est importante, a expliqué le général Strauss-Kahn de la brigade internationale du FMI. « Le risque de déclassement de l’Europe par rapport à l’Asie est réel, car la croissance y est faible et la dette forte. On y observe aussi une souffrance dans la population qu’il n’y a pas ailleurs ». Et DSK a insisté : «En France, en Europe, les classes moyennes connaissent de plus en plus un risque de précarité. Il faut être capable de relancer la croissance malgré cela. Une autre politique doit pouvoir être engagée». Il est là. Il veille, installé au centre de secours international du FMI. « On n’échappe pas à mener des politiques raisonnables, pour autant on peut le faire de façon juste, a poursuivi le directeur général du FMI. Ce qui compte aujourd’hui, c’est ce qui se passe pour ‘monsieur tout le monde’. C’est la réalité de la vie qui fera que l’Europe s’en sortira ou pas ». Le diagnostic d’un « urgentiste » à la famille d’un moribond partant pour l’hôpital ! DSK reviendra en fin d’année, pour passer dans les foyers distribuer le calendrier 2012. C’est désormais « MA » certitude et il récupèrera ce capital sympathie et reconnaissance que l’on donne aux sauveurs !

Cet article a 2 commentaires

  1. Sylvain BAHLIA

    En Grèce se déroulent des manifestations aux cris de « Dehors le FMI et l’Union européenne ! ».
    « La vie en Irlande est devenue invivable… Nous assistons au démantèlement de tout le système de protection sociale et de retraites, au démantèlement des secteurs de la santé et de l’enseignement. 45 000 Irlandais ont dû immigrer, alors que l’on protège les spéculateurs qui sont cause de la crise (…). La politique du gouvernement (est) une trahison et l’abandon de nos derniers segments de souveraineté économique. » Déclaration d’ Eamon Devoy, secrétaire général du syndicat des électriciens (TEEU), l’un des plus importants d’Irlande, suite à l’acceptation, par le gouvernement irlandais, du plan d’aide FMI-Union européenne, c’est-à-dire l’injection de 90 milliards d’euros dans son circuit bancaire, la contrepartie étant la mise en œuvre de mesures d’une brutalité inouïe contre le peuple travailleur d’Irlande.
    En Tunisie, en Egypte, les peuples se dressent contre la misère et les plans meurtriers du FMI.
    Combien de pays, dans les 30 dernières années, en Afrique, en Amérique latine, en Asie ont-ils été conduits à la ruine, livrés au pillage des spéculateurs et des grandes banques et ont vu leurs services publics démantelés par les plans du FMI ?
    Ce qui menace aujourd’hui le peuple irlandais, le peuple grec, menace les peuples et les travailleurs de toute l’Europe. Les institutions de l’Union européenne et le Fonds monétaire international— aux destinées duquel préside le prétendu socialiste Dominique Strauss-Kahn — sont les moyens de cette entreprise de « terre brûlée » engendrée par le système capitaliste.
    Et c’est ce monsieur qu’il faudrait s’avaler comme « le sauveur » ?

  2. GARNIER

    Je partage assez le commentaire qui précède même si je pense que le défi que c’était lancé DSK, (modifier les orientations du FMI pour le rendre plus social) a été malheureusement balayé par la crise. La norme d’un système bancaire maffieux est toujours là. Les bénéfices repartent et les profits s’accumulent surtout dans les banques.
    A ce sujet je vous invite à la lecture d’un article que j’ai publié sur mon blog de Médiapart en novembre dernier.

    http://blogs.mediapart.fr/blog/denis-garnier/251110/lectures-deconomie

    Je vous conseille aussi la lecture du dernier livre d’Arnaud Montebourg, « Des idées et des Rêves », livre qui vous permettra de retrouver de l’espoir à gauche, pour le court, moyen et long terme.
    Un réel plaisir.

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