Deux gifles mais aussi des coups de pieds au c.. qui se perdent!

Il n’y a pas dans la fonction d’élu local d’une cité active de temps réel de repos. Il existe tellement de différence, par exemple, dans la fonction de maire, que désormais elle ne recouvre absolument plus les mêmes réalités, car elle ne s’exerce plus dans les mêmes conditions. Les exigences des situations et des citoyens sont pourtant exactement les mêmes, que l’on vive dans une ville de centaine de milliers d’habitants, ou dans une commune de quelques milliers. Il faut des services 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, et s’ils ne sont pas au rendez-vous, il appartient au Maire de les compenser. Il n’y a ni services d’astreinte, ni possibilités de financer une police municipale permanente, ni opportunité de laisser les autres agir à votre place, puisque le domicile est connu et le téléphone disponible…Comme l’opinion publique dominante a passé son temps, depuis des années, à dénigrer les élus en général et qu’au plus haut niveau, on a multiplié les insinuations sur leur capacité à gérer une vie collective pourtant en déliquescence, le fossé s’est insidieusement creusé. Le Maire ne bénéficie plus des mêmes marques de respect qu’il avait antérieurement.
Le suffrage universel est boudé par des citoyennes et des citoyens, asphyxiés par la diffusion permanente de l’irréalité politique. Tout ce qui, à un degré ou à un autre, représente la puissance morale publique, est décrié, raillé, piétiné ou insulté. Le climat de suspicion est tel qu’il y a une baisse considérable de la reconnaissance de la qualité d’élu référent. Tout n’est plus que combat. Combat vis à vis d’un État qui tente par tous les moyens de reprendre la main. Les maires se débattent dans un maquis de normes, de ratios, de règlements, de textes qui les vulnérabilisent en permanence, avec d’autant plus de facilité qu’ils n’ont pas les moyens humains et matériels pour être certains qu’ils les appliquent. Combat vis à vis d’administrés, obnubilés par les dérogations en tous genres, et le fait que justement le Maire peut leur accorder ce que la loi leur refuse. Quitte ensuite, le jour où ils sont concernés par une mesure répressive, à ce qu’ils se répandent en dénonçant cette propension à faire des entorses de bon sens à des textes abscons. Ils considèrent majoritairement que les « autres », au sens le plus large, sont responsables de leurs échecs, leurs faiblesses ou leurs détresses, et parmi les « autres », il y a le Maire, mais absolument pas le ministre ou le Président de la République, car ils ont le privilège de ne pas traverser leur vie de chaque jour ! La société transfère sur des boucs émissaires de proximité son incapacité à faire appliquer ou à s’appliquer des règles morales simples. Tant que les faits ne nous touchent pas directement, on s’en détourne lâchement.
Qui intervient quand il constate un acte d’incivilité manifeste ? Qui ne se plaint pas du procès-verbal reçu pour un excès de vitesse, un dépassement horaire de la règle du stationnement, un redressement sur une piscine construite sans permis ? Qui accepte l’échec de son enfant dans une école publique ayant tout fait pour lui donner un savoir minimum ? Qui ne soutient pas son fils ou son petit-fils puni pour manque de respect aux femmes de service de l’école ? Qui ne se détourne pas de son chemin quand une automobile ou un scooter emprunte une rue en sens interdit ? Qui ose admonester des gens qui détériorent du mobilier urbain ou qui cassent leurs bouteilles d’alcool dans un jardin public ? Les renoncements sont permanents et s’accumulent dans une journée au nom du fameux « je ne mêle pas des affaires des autres. Il y a des gens payés pour ça… » Et notamment le Maire. Il suffit de prendre le téléphone ou son clavier pour lui adresser un message vengeur avec en filigrane son incapacité à tout maîtriser, à tout contrôler, à tout savoir, surtout dans le domaine qui nous concerne directement. La gangrène de l’indifférence accusatrice gagne toutes les couches sociales et… permet à Marine Le Pen d’apparaître, dans les couches populaires, comme étant la seule qui fasse opportunément preuve de courage par les mots ! Le matamore de l’Élysée a assassiné toute forme d’autorité morale, en trompant ouvertement et sans vergogne un peuple, avec des fanfaronnades inabouties, des effets d’annonce sans lendemain, des revirements exceptionnels, un abêtissement de la vie politique par la « pipolisation » outrancière (attention son épouse serait enceinte…et on en aura pour neuf mois) ; par des attitudes provocatrices : si le Président de la République se comporte ainsi, comment croire que le Maire lambda d’une commune sans moyens n’en fasse pas autant ? C’est terminé, le doute est dans une majorité d’esprits. Surtout les plus faibles, les plus incultes, les plus fragiles, les plus en souffrance sociale. Les Maires sont en première ligne pour savoir que le mal est profond, car il leur suffit de tendre une oreille plus ou moins complaisante pour constater que l’abstention sera un phénomène durable !
Dans un tel contexte, deux gifles sont devenues un événement… Accompagné de deux adjoints et de policiers municipaux, le député maire de Villeneuve-sur-Lot, également président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, s’est rendu dans le centre de la ville pour discuter avec les riverains et les commerçants d’actes d’incivilité commis par une bande de jeunes. « J’ai été, bien sûr comme un individu, mais surtout comme maire, provoqué de manière très agressive et à trois reprises. J’ai demandé oralement que l’individu se calme. La deuxième fois, comme il venait pour me bousculer, je l’ai repoussé fermement en lui demandant une nouvelle fois de se calmer. Dans cette action-là, il est revenu vers moi de façon très rapide et très menaçante, avec les mains levées. Et j’ai donc dû le calmer en employant des moyens plus énergiques. Avec succès d’ailleurs, puisqu’il a tourné les talons et il est parti. Un acte violent est toujours regrettable. Mais, humainement et symboliquement, je n’avais pas d’autre choix », a déclaré ce collègue que je ne connais que de nom. C’est ainsi, et nous n’avons jamais été aussi prêt de la réalité. D’après Sud Ouest : « L’immense majorité des Villeneuvois ne cachait pas sa satisfaction, mêlée d’une indéniable fierté, face à l’attitude “ferme” adoptée la veille par le premier magistrat, sous la forme d’une paire de claques… » Comme quoi il y a forcément des milliers de coups de pied au cul qui se perdent. Pourvu qu’ils soient retrouvés en 2012 !

Cet article a 4 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour Jean-Marie,

    Si tu ne vois pas d’inconvénient, je vais publier in-extenso cette belle leçon civique!

    Mon amitié,
    Gilbert de Pertuis en Luberon

  2. J.J.

    «  »Mais, humainement et symboliquement, je n’avais pas d’autre choix » » »,

    Situation de légitime défense, face à une agression physique pour l’homme, morale pour ce que représente la fonction d’Elu du Peuple (du moins de celui qui, responsable, a jugé utile de se déplacer).

  3. danye

    On ne ne peut que constater que seul ..on appelle le maire , l’élu responsable en cas de besoin …le gendarmerie VIENT BEAUCOUP PLUS TARD et le SAMU parfois trop long à se déplacer ….

    SI un élu perd patience devant autant d’arrogance , d’incivisme et de grossièretés…d’une bande de petits morveux paresseux !! certains parents ne savent même plus ce que veut dire le mot de <responsables .A qui la faute ????
    Ensuite ces mêmes parents appellent le tribunal avec l'aide juridictionnelle" pour défendre la prunelle de leurs yeux .

    Souhaitons ardemment que 2012 remette de l'ordre dans ce désordre qui perdure et s’envenime chaque jour un peu plus .QUELQUES BAFFES! QUELQUES COUP DE PIEDS AU C..Avant les réprimandes feraient réfléchir cette future génération de dormeurs .

  4. Christian Coulais

    Pas tout à fait d’accord ! On réprimande d’abord, il faut de la graduation dans l’invective. Comme, à priori, cet élu l’a utilisé. S’il s’est senti menacé, c’est un recours possible.
    Les Gens d’armes ne viennent qu’après coups et blessures !
    Peut-être aussi que les jeunes ont un sentiment d’impunité. Depuis la maternelle, le primaire, le collège puis le lycée, les méthodes d’éducation civique ont évolué pour ne pas dire plus. Et l’autorité est défaillante à la maison.
    « Que voulez-vous qu’il m’arrive, mineur ou même jeune majeur, je fais ce que je veux, et ce ne sont pas mes « bip » de parents qui vont m’bipbip et encore moins ces salbipbipbip de profs ! »
    Dans une des précédentes chroniques, il était question d’enfant Roi. Qu’en pense Françoise Dolto ?

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