La pénurie durable d'eau de vie

Il est frappant de constater combien la majorité des gens est totalement insensible au problème des ressources en eau en général et en eau potable en particulier, car chaque matin, en tournant le robinet il est aisé de constater qu’elle coule toujours. Cette attitude qui part du concept de ressource inépuisable ne semble pas diminuer à aussi vive allure que les nappes souterraines. Et pourtant, même si dans le Sahel la situation s’aggrave, il y a tout lieu de décréter l’état d’urgence dans notre propre pays. Pas crédible, direz-vous, puisque il n’est pas question d’affoler le peuple qui estime déjà payer trop cher 1 000 litres d’eau multi-usages ( en moyenne 0,0045 euro le litre et demi) alors qu’il ne tique pas en payant une bouteille en matière plastique 45 fois plus cher ! On va lui faire croire que ces élus, qu’il faut supprimer en masse, ne sont que des profiteurs qui ne cessent de pressurer le bon peuple, alors que Nestlé, lui, est d’une honnêteté absolue en vendant des eaux minérales de grand luxe !
La France est de plus en plus touchée par la sécheresse. 26 départements sont désormais visés par des mesures restreignant certains usages de l’eau. Le dernier bilan du ministère, le 6 mai, faisait état de 17 départements touchés. La région la plus atteinte depuis le début de cette année reste le Poitou-Charentes. Ses quatre départements ont mis en œuvre des mesures radicales pour économiser de l’eau : baisse d’au moins 50% des prélèvements, interdictions d’arrosage des espaces verts ou de remplissage des piscines… ce qui reste bien évidemment à vérifier, avec de moins en moins de personnel « officiel » pour le faire, puisque les services publics sont décimés par la fameuse RGPP ! Et l’UMP, si prompte à assassiner du socialiste pratiquant le « matraquage » fiscal, va résoudre le problème par la création d’une nouvelle taxe, la 35 ème de l’ère Sarkozy !
Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas, en effet, écarté l’idée d’un impôt pour faire face à la situation. « C’est trop tôt pour le dire », a déclaré sur France Info la ministre de l’Écologie, tout en reconnaissant que « la sécheresse est avérée ». La ministre se veut néanmoins rassurante : « On peut sauver partiellement la saison. Les prévisions ne sont pas bonnes, mais on ne peut pas dire aujourd’hui avec assurance quel sera le degré de gravité pour le secteur. Ce qui est certain, c’est que j’essaie de tout organiser pour qu’on ne se retrouve pas dans des situations de tension. Il faut gérer la pénurie ». C’est, en fait, nier l’évidence : des mesures circonstancielles ne suffiront pas, puisque la crise est durable, et on ne reviendra jamais en arrière. Il faudrait bien évidemment un plan national d’économie d’eau avec des règles concrètes : limitation des pompages pour l’irrigation, constitution de grandes réserves pour l’avenir, avec des barrages bien positionnés, déduction fiscale accordée pour les mesures prises en matière d’économies (cuves de récupération, limiteurs de pression,..)
De son coté, le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’il allait demander à Bruxelles le versement anticipé d’une aide financière, pour aider les éleveurs. Comme à l’habitude, on distribue des euros, sans jamais tenter de régler les problèmes à la base. C’est de l’inconscience pure, et surtout, encore une fois, de l’utilisation abusive des effets d’annonce corporatistes, car la France n’est pas le seul pays confronté à cette sécheresse inhabituelle, puisque toute l’Europe du nord est touchée. La situation pourrait durer encore « quelques semaines, ou même quelques mois » en raison d’un « front de hautes pressions atmosphériques très persistant », avait annoncé début mai l’Organisation Mondiale de la Météorologie (OMM). En attendant des jours pluvieux, le gouvernement a mis en place un site pour suivre l’évolution de la situation, ce qui va rassurer tout le monde.
On n’a pas inventé les radars pour sanctionner celles et ceux qui menacent par leur inconscience une ressource épuisable et bientôt épuisée. Une longue période de sécheresse persiste sur de vastes régions d’Europe depuis janvier 2011. Ainsi, selon les données du Centre mondial de climatologie des précipitations, les mois de février à avril 2011 ont notamment enregistré un déficit pluviométrique considérable. Les totaux trimestriels de précipitations sur ces trois mois ne représentent que 80 % à seulement 40 % de la moyenne à long terme, calculée sur la période 1951-2000, et ceci sur de vastes zones. Dans certaines régions d’Europe centrale, les cumuls de précipitations ont même été inférieurs à 40% des normales . De plus, l’hiver 2010/11 précédent a été très sec, en Europe occidentale du moins, entraînant une faible humidité des sols en mars et avril. Le Royaume-Uni a connu des conditions extrêmement sèches en mars et avril, notamment dans les régions du sud-est, avec le mois de mars le plus sec depuis 1953. Dans les autres régions d’Europe occidentale et centrale, la sécheresse a duré de février à avril. En suisse, l’année 2011 est jusqu’à maintenant l’une des 10 années les plus sèches depuis 1864.
Avril 2011 a été le 10e mois d’avril le plus sec en Allemagne depuis 1881, dans la continuité de mois d’avril similaires enregistrés dans des années très proches : 2007, 2009 et 2010. Les niveaux des rivières sont très bas, notamment sur le Rhin où la navigation est affectée en Allemagne, selon l’Agence fédérale d’hydrologie allemande. Mais l’Europe, si prompte à réagir quand la concurrence lui parait faussée, si exigeante sur les normes, si destructrice pour les services publics à la Française, se garde bien de faire autre chose que de l’ajustement financier passager. Elle pourrait lancer un vaste programme, destiné à sécuriser la ressource, puis à l’économiser. Mais… que diraient les grandes multinationales dont les bénéfices se réalisent essentiellement sur des volumes consommés et ensuite épurés ? il n’y a qu’une personne qui réellement se débat pour dénoncer cet avenir de désolation : Danielle Mitterrand et France Libertés. Sans eau potable, pas de vie, ni de droit de l’homme possible. Or, le constat est alarmant : 1,5 milliard de personnes dans le monde ne disposent pas d’accès à l’eau potable, et 2,6 milliards ne sont pas raccordées à un réseau d’assainissement. Plus de 30 000 personnes meurent chaque jour en raison de problèmes de santé liés à l’eau. Faire de l’accès à l’eau pour tous un droit fondamental et inaliénable de l’homme est devenu la priorité de la Fondation. Cela suppose un travail de plaidoyer. Ainsi, la Fondation prend régulièrement la parole dans des instances publiques et politiques pour soutenir des propositions concrètes, qui permettraient réellement de faire évoluer la situation : inscrire le droit d’accès à l’eau potable dans toutes les constitutions et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Au fait, notre Chef de l’État boit-il l’eau du robinet élyséen ?

(1) Robinet 0.003, Cristaline 0.170 €, Eau de source Monoprix 0.190 €, Evian 0.660 €, Vittel 0.660 € ,Vichy St-Yorre 0.900 €, Badoit 0.970 €, Perrier 1.050 €.

Cette publication a un commentaire

  1. maulin

    Faut Il taxer pour faire prendre conscience de la raréfaction de l’eau à l’homme? Moi je ne pense pas,je suis plutôt pour réduire au maximum la pression au robinet. (Techniquement ça doit être possible), car, taxer ne résout bien souvent en rien le problème. Epuis, ceux ayant les moyens pécuniaires  » bien souvent les plus gros consommateurs « , seront les moins pénalisés « comme d’habitude ».
    Il me semble bon, que la sensibilisation de l’économie d’eau, doit être inscrite dans l’éducation scolaire,au niveau mondial

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