Autant en emporte le vent des annonces,

Les membres de ce gouvernement ont des recettes miracles que personne ne savait utiliser avant eux. Elles sont proches de celles qu’ont recherché durant des siècles les alchimistes du Moyen Âge puisqu’elles leur permettent de transformer des dettes en or distribué chaque jour un peu plus vers leurs « clients ». C’est ainsi que les agriculteurs vont bénéficier d’un petit milliard sorti par miracle d’un compte en banque vide… En fait, il ne faut pas s’arrêter à cette nouvelle annonce que le Président a voulu s’approprier. Bien évidemment, dans les chaumières touchées par la sécheresse, on va avaler la supercherie, d’autant qu’elle sera relayée avec zèle par la FNSEA et les Chambres d’Agriculture, tenues par des gens « apolitiques de Droite ». Si l’on a un brin d’esprit citoyen, il suffit de décortiquer les points présentés comme des avancées de solidarité à l’égard d’une filière, indiscutablement touchée par le climat.
D’abord, il faut constater que les premiers versements du fonds de garantie des calamités agricoles n’auront pas lieu avant septembre, sur la base de dossiers qui ne pourront pas être… montés dans les temps, puisque les dégâts exacts ne seront mesurés qu’à la fin de l’été (fin septembre). C’est donc une promesse différée que fait celui qui est venu se promener au cul des vaches maigres. Il faut en effet compter sur des sommes allouées vers la période des fêtes de fin d’année, c’est à dire le plus près possible de l’élection présidentielle. Si ce n’est pas le cas, ce seront des aides « bonus », car elles ne reposeront pas sur des constats réels…
Les exploitants agricoles pourront par ailleurs compter sur le décalage d’un an de leur remboursement de prêts. En définitive, quand on prend le soin de ne pas sombrer dans l’approximation médiatique ambiante, on constate qu’il ne s’agit que… du report d’un an du remboursement des prêts consentis en 2009 aux éleveurs, dans le cadre d’un plan de soutien exceptionnel à l’agriculture. A l’époque, 1,65 milliard d’euros d’aides remboursables avaient été débloquées, et c’est l’Etat qui prendra en charge, pendant cette année de report, les intérêts de ces crédits. Rien de changé sur le fond. Il s’agit simplement d’une aide antérieure, reconduite par non appel à son remboursement. « On va vous trouver des marges de manœuvre, et on va décaler tous les remboursements d’un an ». Devait-on comprendre, après cette phrase, que plus personne ne règle ses mensualités à compter de ce jour, même s’il n’a pas bénéficié de la mesure il y a… deux ans? Sur quels critères un exploitant agricole sera-t-il exonéré par son « copain » de la Caisse locale, de ses mensualités ? Un simple coup de fil et la banque verte s’inclinera ? Que va-t-on faire pour les nouveaux sinistrés ? Nicolas Sarkozy a même laissé entendre que cette mesure serait réévaluée l’année prochaine… qui on le sait est une année un peu particulière !
Le record de la mauvaise foi tient dans une autre annonce : le Chef de l’État français a exempté les agriculteurs de taxes sur le foncier non bâti. « Cette mesure devrait permettre de soulager leur trésorerie », selon le secrétaire général de la FNSEA qui ne doit pas être en situation de cumul des mandats, puisqu’il saurait, alors, qu’il existe déjà des exonérations dans ce domaine et qu’ensuite, cette taxe très modique va dans l’escarcelle des communes !
Encore une fois, comme il l’a fait pour la taxe professionnelle, il utilise les ressources des collectivités territoriales pour satisfaire son électorat potentiel et il réduit par là, de fait, leur « libre gestion » puisqu’on passera encore par une « compensation de l’État ». En fait, le faux milliard annoncé par Fillon sera essentiellement constitué par des artifices comptables divers, qui ne règleront pas grand chose. Mieux, les journaux économiques ne parlent, eux, que de 500 millions d’exonérations ciblées, mais jamais de la somme « fillonesque » ! En permanence, il faut gratter sous le vernis des annonces, pour s’apercevoir que ce vernis est le seul support de ce que l’on croit être une manne céleste, en écoutant les radios et les télévisions.
Lorsque la taxe professionnelle a été supprimée, lors d’un déplacement en Province, le même principe a été mis en œuvre. Il s’agissait de favoriser la compétitivité des grandes entreprises françaises qui ne délocaliseraient plus, et qui surtout pourraient maintenir l’emploi en France. Il n’y a que les « croyants » qui ont pu avaler une telle appréciation. Rien, absolument rien, n’a changé. Dans un rapport interne authentique divulgué par la CGT (il a été malencontreusement expédié sur un site libre du constructeur), Peugeot-Citroën, planifie la fermeture de l’usine d’Aulnay, qui emploie 3600 personnes. L’arrêt de celle de Sevelnord est aussi étudié, ainsi qu’un transfert de sa production vers un pays… low-cost.
Le rapport de quatre pages, baptisé le «plan secret de Philippe Varin» par la CGT, a été rédigé par deux cadres de la direction industrielle le 23 août 2010. Il avait pour objectif « l’amélioration de la compétitivité des sites européens » d’ici à 2020 et devait être présenté au comité de direction générale le 8 septembre, et au comité stratégique du conseil de surveillance le 28 septembre.
La suppression de la taxe professionnelle n’a pas changé les habitués des profits, maintenus au détriment des emplois. PSA identifie en effet plusieurs leviers pour « réduire de façon drastique» les «prix de revient de fabrication » sur les petits véhicules à horizon 2020 et se moque pas mal des mesures gouvernementales antérieures. On va donc démentir, et on en reparlera après l’élection présidentielle, selon le résultat, car dans tous les cas PSA fera ce qu’il a prévu. Si la Droite ultra libérale l’emporte… on y va sans risques. Si la Gauche l’emporte, on ira vers la même destruction pour justement expliquer qu’il n’y avait pas d’autres solutions.
En fait, la vérité est bien différente de ces promenades champêtres ou urbaines hebdomadaires de celui qui aura passé son mandat à « annoncer » des exonérations en tous genres, et par ailleurs à créer des taxes diverses qui n’empêcheront jamais les caisses de se vider… et le gouvernement de souffler le vent des promesses.

Cet article a 4 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour,

    Et OUI, souvenons-nous de la célèbre phrase du Corrézien et Président de la République Jacques CHIRAC :

    Bye,
    Gilbert de Pertuis en Luberon

  2. Gilbert SOULET

    Et bien est-ce aussi difficile à retranscrire que les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ?

    Bye, Bye de Gilbert de Pertuis en Luberon

  3. J.J.

    J’apprécie beaucoup : «  »des gens apolitiques de droite…. » »

    C’est à croire que les « gens » nantis ou croyant l’être, réac et traditionalistes,(quand ça les arrange), bien pensant, etc, etc,…ont des difficultés à se situer dans l’espace et ignorent le sens étymologique du mot politique (Polis : la citée).
    « Faire » de la politique, c’est tout simplement s’occuper du monde qui nous entoure et oeuvrer pour le sort et l’avenir de ses semblables….

    Y a-t-il plus noble aspiration ?

    Les centristes, également, que je me plais à nommer « la droite honteuse » ont quelque peine à assumer leur latéralité : On n’ose pas dire que l’on est de droite, car il y a un peu de honte à l’avouer, quand on a quelque vergogne.
    Mais on ne peut quand même pas faire cause commune avec ces gueux de partageux ! Fi !

    Autrement dit le centre en politique ne se situe pas au milieu mais à la gauche de la droite (très peu à gauche et penchant à droite).

    Quant à imaginer un prétendu centriste faire cause commune avec quelqu’un développant des idées subversives, du type partage des richesse et égalité devant l’impôt ou le revenu, c’est comme la fameuse fourmi de 18 mètres de long…

  4. facon jf

    Promises par le gouvernement depuis 2005, les class-actions ont été enterrées en beauté (et en toute discrétion) par Frédéric Lefebvre… au motif qu’empêcher les entreprises de resquiller 15 milliards d’euros tous les ans aurait « des conséquences dramatiques pour l’économie ». Trop classe.Les class-actions, ce sont des actions de groupe initiées par des associations ou des particuliers au nom de plusieurs personnes ayant subi le même préjudice. Bref, un truc qui permet aux consommateurs de défendre leurs droits. 76 % des Européens seraient d’ailleurs prêts à saisir les tribunaux s’ils pouvaient se grouper avec d’autres consommateurs, selon une étude de la Commission Européenne.

    Exemple : en 2005, Orange, SFR et Bouygues Telecom ont été lourdement condamnés pour « entente illicite ». Le Conseil de la Concurrence leur a infligé une amende « record » de 534 millions d’euros. Amende qui n’a pas vocation à indemniser les victimes et si l’UFC-Que Choisir estime à plusieurs milliards d’euros le montant de la fraude, il est quasiment impossible pour les abonnés de demander réparation. Pour ce faire, chaque victime devrait en effet porter plainte et assumer les frais d’une action en justice pour récupérer, après des mois voire des années de procédure, quelques dizaines d’euros. Résultat : malgré l’amende, les grugeurs ont tout de même réussi à engranger plusieurs centaines de millions. Pourquoi se gêner ?L’enterrement vient d’être confirmé en grande pompe (funèbre) par Frédéric Lefebvre, à l’occasion de la présentation de son super-génial projet de loi censé renforcer la protection des consommateurs : L’action de groupe « n’est pas satisfaisante, contrairement à ce que je pensais moi-même avant la crise » a affirmé le secrétaire d’Etat à la Consommation, selon lequelle elle pourrait même avoir « des conséquences dramatiques pour l’économie ». Et ouais, puisqu’elle aurait coûté « un point et demi de PIB » aux entreprises américaines, l’année dernière… En d’autres termes : les droits des consommateurs, on s’en fout, et que la gruge continue.

    Curieuse réaction, pour un gouvernement qui s’est fait une religion de taper sur les fraudeurs et tricheurs en tous genres.
    http://www.lesmotsontunsens.com/class-actions-15-milliards-euros-gouvernement-protege-les-fraudeurs-10572

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