Lancement de la réflexion "Le vélo en 2030"

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ouvre ce 19ème congrès du Club des villes et territoires cyclables à Dijon et en Bourgogne, dans une agglomération et une région toutes deux adhérentes de notre association.
Comme vous l’avez tous constaté en rejoignant Dijon, la Cité des Ducs de Bourgogne est en mouvement ! Avec l’arrivée prochaine du tramway, dans un peu plus d’un an, qui d’ores et déjà redessine la ville tout en chamboulant ses habitudes : chantier oblige !
Je trouve que ce contexte du chantier du tramway est un symbole fort des dynamiques qui sont à l’œuvre dans nos villes, grandes ou petites.
Il symbolise la fin du tout-automobile.
Mais il illustre aussi la capacité des collectivités locales à faire des choix et l’acceptabilité des solutions de mobilités par les citadins. Même au prix du désagrément de la période des travaux.
C’est une invitation à se projeter vers demain qui convient très bien à l’affirmation du rendez-vous de ce 19ème congrès : « l’avenir a besoin du vélo ! »
Car c’est bien demain qui se dessine aujourd’hui dans les rues de Dijon, et qui s’écrit dans les nouvelles pratiques de mobilité que chacun doit mettre en œuvre, aujourd’hui et pour longtemps.
Par définition la phase du chantier, c’est aussi le moment de faire contre mauvaise fortune bon cœur. De « bouger autrement » pour reprendre le slogan des Semaines nationales de la mobilité, et pourquoi pas, d’essayer le vélo, pour celles et ceux dont le réseau de bus est très perturbé par ces travaux du tram.

Et pour faire bonne mesure, nous avons d’ailleurs choisi d’en faire le sujet d’un des ateliers de cet après-midi.
Oui, les chantiers des grandes infrastructures sont une chance pour le vélo et la marche !
La gêne des travaux et la rupture des itinéraires habituels constituent, certes, de vraies difficultés pour les usagers des transports collectifs et de la rue. Mais les alternatives et les solutions innovantes peuvent prouver là toute leur efficacité. Leur légitimité. Ne nous en privons pas !

La gêne et la contrainte sont résolument des invitations au changement et à l’expérimentation. Mais ce contexte des travaux du tram est aussi très symbolique, à mes yeux, en ce qu’il illustre l’enjeu de la mobilité dans nos villes et dans nos vies. Nous en avons fait le thème phare de notre précédent congrès, à La Rochelle, en démontrant que le vélo est plus qu’un mode de déplacement parce qu’il est aussi – et surtout – un puissant outil de transformation sociale.

En montrant qu’une politique vélo consiste à penser l’accessibilité globale aux services, aux équipements et aux fonctionnalités de la ville, et non aux seuls aménagements de voirie, même s’ils ont toute leur importance.
Que le vélo dispose d’une forte capacité à initier de nouveaux apprentissages de la cohabitation et de la mixité qui sont à mon sens des fondamentaux du vivre ensemble…
C’est une certitude!

Voilà donc bien un cadre approprié pour des travaux qui s’attachent cette année à la vision du vélo à l’horizon 2030.

Ce congrès national est une invitation à concevoir les scénarios d’évolution du vélo les plus probables, et surtout les plus désirables. Dans le chamboulement des repères qui caractérise notre époque, il nous faut tenter de comprendre ces changements et ce nouvel espace temps qui s’est peu à peu construit. Autant de changements que Gérard Mermet – qui nous fait l’honneur et le plaisir d’être à nouveau des nôtres, dix ans après sa participation au congrès du Club à Strasbourg en 2001 – nous aidera à comprendre.

Nous vous proposons ainsi de mobiliser l’intelligence collective des participants de ce congrès, intervenants et congressistes, pour concevoir ces scénarios et les mesures et actions qu’il faut engager sans délai.

L’intelligence collective, la force du groupe, sont, sans conteste, les meilleurs moyens de produire un avenir soutenable et désirable et non de subir les évolutions. Et bien, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chères et chers collègues, nous pensons que le vélo est un outil fédérateur de cette intelligence collective. Parce qu’il permet notamment de mobiliser des dynamiques sur les territoires locaux, fédérant des acteurs très divers, publics et privés. Non seulement dans les villes? mais également dans les espaces périurbains et ruraux? où l’accès à la mobilité va constituer un enjeu de plus en plus fort.

Il faut avoir confiance dans la capacité de nos concitoyens à accueillir le changement, qu’il s’agisse de mobilité comme de modes de vie, et les deux marchent souvent ensemble. Une dose de contrainte est certes parfois nécessaire. Mais la crise des finances publiques contribue déjà à accélérer les prises de conscience et à faire tomber des idées reçues.

Et s’il est désormais plutôt partagé que le tout-voiture est une aberration, il apparaît aussi que le tout-transports collectifs est une impasse, notamment sur les territoires du périurbain.

Nous allons donc démontrer ensemble que « l’avenir a besoin du vélo ! », pendant ces deux jours.

Le ministre des Transports, convié à la clôture de nos travaux demain, ne viendra finalement pas entendre les conclusions de ces deux journées et les propositions des représentants d’un réseau de plus de 1000 collectivités.

Nous le regrettons, bien sûr, au moment où le Gouvernement nous assure de sa grande ambition en faveur du vélo et de sa volonté d’engager une politique nationale dans notre pays. Monsieur Mariani aurait pu entendre les propositions des villes et territoires cyclables, enrichissant et illustrant celles que nous lui avons remises fin août, et constater le dynamisme de notre réseau, en rencontrant les acteurs du terrain.

Mais Monsieur Philippe Goujon, député de Paris et maire du XVème arrondissement, à qui le ministre des Transports a confié la présidence du groupe interministériel chargé d’élaborer des propositions pour ce Plan national vélo, sera présent.

Nous débattrons avec lui des mesures d’incitations économiques pour faire du vélo l’outil d’une économie post-pétrolière exemplaire dans notre pays et pour créer de puissants leviers auprès des usagers et des employeurs.

Un domaine d’actions délicat, au moment où nos dirigeants traquent les économies partout… Pourtant, j’ai envie de dire que le vélo « a tout bon » !

Cet article a 2 commentaires

  1. batistin

    Bon, ayant eu à faire, forcé par les aléas de la vie, l’expérience du vélo obligatoire pendant une année, je me donne ici le droit démettre une réserve pratique:
    le vélo c’est mieux quand il ne pleut pas !
    Il est vrai aussi que je n’ai que rarement dans ma vie, mis à part dans mon enfance, ressenti une telle forme physique la journée et si bien dormi la nuit.
    Les vingt cinq kilomètres parcouru chaque jour y étant pour quelque chose. Sans compter les courses hebdomadaires au super-marché, soit quinze kms de plus, le retour chargé comme l’âne, bidons de laits, boites de conserves, fruits et légumes dans un gras sac à dos. Plus un porte bagage arrière avec une caisse et deux sacoches et, fierté vélocipédique, un porte bagage avant armé aussi d’une grande caisse. Je n’ai jamais, pendant une année, oser calculer le poids le bête chargée.
    Mais je sais pourtant que le terrain était plat et qu’une fois lancé, les « stop » qui hache la piste cyclable transpercée de rues ou routes ne furent pas toujours franchement respectés. Que crois que l’on appelle cela un stop glissé, mais l’équilibre à ses raisons. Et mes mollets aussi.
    Je garde pourtant ce souvenir merveilleux, un jour d’hiver par grand froid et vent contraire, du sourire émerveillé de deux enfants à l’arrière d’une voiture : ils avaient vu le Père Noël ! Sur un vélo !
    Un bonnet, une écharpe, un grand manteau, des gants épais, chargé de paquets colorés, peinant sous une fine pluie presque de la neige..
    Il faut que j’avoue ici aussi que mon vélo, que j’avais cherché pas cher et robuste était un vieux machin, repeint en rouge, garde boue jaunes par l’ancien propriétaire… De quoi rendre le bon peuple assis au chaud et pétaradant fort souriant.
    Peu m’importe au fond ses sourires amusés ou moqueurs, pour ne pas dire même dédaigneux, ou indignés peut-être !
    J’avais chaque jour une perception de la vie et du bonheur difficile, mais en retour une satisfaction d’être au monde que je ne m’explique plus vraiment aujourd’hui.
    Ou comment le confort obligatoire est une prescription « médica-menteuse ».

  2. batistin

    Bon, ayant eu à faire, forcé par les aléas de la vie, l’expérience du vélo obligatoire pendant une année, je me donne ici le droit d’émettre une réserve pratique:
    le vélo c’est mieux quand il ne pleut pas !
    Il est vrai aussi que je n’ai que rarement dans ma vie, mis à part dans mon enfance, ressenti une telle forme physique la journée et si bien dormi la nuit.
    Les vingt cinq kilomètres parcourus chaque jour y étant pour quelque chose.
    Sans compter les courses hebdomadaires au super-marché, soit quinze kms de plus, le retour chargé comme l’âne, bidons de laits, boites de conserves, fruits et légumes dans un gras sac à dos. Plus un porte bagage arrière avec une caisse et deux sacoches et, fierté vélocipédique, un porte bagage avant armé aussi d’une grande caisse.
    Je n’ai jamais, pendant une année, oser calculer le poids de la bête chargée.
    Mais je sais pourtant que le terrain était heureusement plat et qu’une fois lancé, les « stop » qui hachent la piste cyclable transpercée de rues ou routes ne furent pas toujours franchement respectés. Je crois que l’on appelle cela un stop glissé, mais l’équilibre à ses raisons. Et mes mollets aussi.
    Je garde pourtant ce souvenir merveilleux, un jour d’hiver par grand froid et vent contraire, du sourire émerveillé de deux enfants à l’arrière d’une voiture : ils avaient vu le Père Noël , sur un vélo !
    Un bonnet, une écharpe, un grand manteau, des gants épais, chargé de paquets colorés, peinant sous une fine pluie presque de la neige..
    Il faut que j’avoue aussi que mon vélo, que j’avais cherché pas cher et robuste était un vieux machin, repeint en rouge, garde boue jaunes par l’ancien propriétaire… De quoi rendre le bon peuple assis au chaud et pétaradant fort souriant.
    Peu m’importait au fond ces visages amusés ou moqueurs, pour ne pas dire même dédaigneux, ou indignés peut-être !
    J’avais chaque jour une perception de la vie simple et du bonheur difficile, mais en retour une satisfaction d’être au monde que je ne m’explique plus vraiment aujourd’hui.
    Ou comment le confort obligatoire est une prescription « médica-menteuse ».

Laisser un commentaire