Le piège de la TVA sociale monté par le Medef

Il aurait été étonnant que, d’une manière ou d’une autre, le monde du profit ne se faufilât point dans la campagne présidentielle. L’inculture citoyenne est telle qu’il faut bien, désormais, envisager vraiment que la situation du 21 avril peut se reproduire. Il faut que le patronat mette donc la pression sur Sarkozy, afin qu’il aille encore plus loin dans la destruction du système social français. L’ association française des entreprises privées (Afep) et le Medef ont donc pris position pour ce qui se veut une forme de TVA sociale. Ils vont tenter d’imposer à l’UMP (qui se revoit chaque jour un peu plus rester au pouvoir, tellement les leviers de l’opinion dominante sont contrôlés) leur vision de ce qui a toujours constitué le pilier de la protection sociale. Le temps est venu, pour le patronat de choc, de faire exploser le « carcan » de la solidarité sécurisée, pour le remplacer par celui de la précarité absolue.
Le patronat semble avoir en effet décidé de mettre un terme à l’idée des « assurances sociales « , issue des délibérations unanimes du Conseil national de la Résistance, pour envisager un transfert intégral vers l’État de cette protection de moins en moins universelle. La couverture maladie ne procèderait plus d’une « assurance de type mutualiste », où chacun cotise (au prorata de ses moyens) pour être remboursé des soins dont il a besoin, mais d’une sorte de système unitaire financé par un impôt lié à la consommation (la TVA sociale). C’est le meilleur moyen, selon le monde des finances, d’augmenter les profits, grâce à une compétitivité accrue, liée à la suppression de la contribution du milieu économique à la « couverture sociale ».
Il s’agit surtout de mettre en œuvre une conception de la rémunération « limitée au salaire net », afin de laisser à chaque individu le soin de s’astreindre à un versement « privé » lui permettant de se prémunir contre les aléas de la vie. Une véritable catastrophe dans le temps, avec, à terme, l’installation de toutes les misères. Le chemin est facile : vous ne payez plus de « cotisations » sociales mais vous gagnez en apparence davantage en hypothéquant votre santé ! Le Medef envisage donc que les cotisations sociales et la CSG ne servent pas à acheter un service social solidaire, mais constituent un « prélèvement obligatoire  » dont l’impôt pourrait fort bien se charger, puisqu’il servirait à fournir un service public gratuit.
En fait, lentement, avec des dizaines de mesures successives, au nom de la nécessité de rééquilibrer les comptes, l’UMP a supprimé le principe de base et a créé « l’insécurité sociale », ou même mieux, « l’incapacité sociale » individuelle à assurer son avenir. L’Afep et le Medef souhaitent se délester de leur participation à l’effort commun, en renvoyant, et ce n’est pas un paradoxe, la responsabilité de la gestion du risque vers l’État, dans un monde où les paiements ne donnent aucun droit et où les prestations seraient indépendantes des contributions.
Le salarié, doté de son salaire net, devra se payer sa protection sociale de base, comme il paye sa protection complémentaire. Il prendra certes conscience des efforts à faire pour garantir son indépendance, mais il sera soumis à la volonté patronale de lui attribuer le salaire qui lui permettra d’assurer ses besoins essentiels et ses versements réputés de précaution. On irait donc vers « l’assurance volontaire » dans le principe, mais obligatoire dans les faits.
Il n’est pas certain que la paix sociale soit garantie avec un tel système, qui fabriquera de l’exclusion en grande quantité, mais le Medef s’en moque puisque c’est encore une fois l’État qui assumera les conséquences de cette descente aux enfers. La situation sera encore plus dramatique dans d’autres secteurs de la protection solidaire.
Si « l’assurance-maladie » s’apparente à « l’assurance dommages », « l’assurance vieillesse » qui serait aussi mise en œuvre, selon les patrons de combat, relèverait de « l’investissement » : il s’agira d’investir aujourd’hui pour disposer d’un revenu quelques décennies plus tard. Il n’y aurait plus de cotisation égalitaire mais des versements libres. C’est le rêve absolu de la fameuse « responsabilité individuelle », qui n’est en fait qu’une forme de reconstruction des privilèges.
Quel investissement ? Les fonds de pension basent leurs espoirs sur des entreprises dynamiques. Ce sont d’ailleurs eux qui mettent à mal le système économique, en changeant brutalement leurs placements dès qu’ils ont une crainte sur leur rentabilité. Ce sont eux qui récupèrent des profits sur le dos des travailleurs pour les placer dans des actions et obligations. Or, l’assurance vieillesse, elle, compte sur la productivité de futurs travailleurs, que d’autres éliminent pour, au passage, récupérer des bénéfices destinés à financer l’avenir de ceux qui ne travaillent plus !
La situation s’aggrave de jour en jour, puisque le patronat français américanisé est obsédé par la fortune faite au détriment des valeurs humaines fondamentales. Il va abattre ses cartes dans les prochains mois, avec l’espoir de rafler la mise !
Au nom d’une pseudo efficacité, le Medef va même tenter un « coup d’État social », car la Gauche se sera une fois encore éparpillée dans des querelles byzantines, et donc l’UMP, si elle se retrouve face au seul FN, ne pourra faire autrement que s’incliner avant les législatives. Le débat sur le « coût du travail », sans doute le leitmotiv de la campagne, est pipé car il ne repose jamais sur de vraies comparaisons liées au fonctionnement d’une société française basée sur les fondements même du système républicain. Tenter de persuader l’État qu’il doit prendre la main, via la TVA sociale, c’est introduire un coin dans le tronc de l’arbre de la solidarité pour le faire exploser. Dans le fond, il n’y a bien que les patrons qui le savent…

Cet article a 5 commentaires

  1. batistin

    TVA SOCIALE

    T.V.A.S.

    Tu Vois l’Argent S’enfuit

    Toujours les Veaux Affamés Sous la mère

    Tes Vacances Annulées sans Souci

    Taxe sur la Viande Achetée Salée

    Très Vieil Arnaqueur Satisfait

    Tout Va À S…

    Tu es Valeureux Ami sans le Sou

    Tes Vertueuses Années de Socialo

    Tes Verts Amours Scintillants

    Tous les Vieux Anars Séniles

    Tous Venus Amoureux Sensibles

    Tirer Vainement l’Alarme au Scrutin

    Trop tard Voilà l’Armée Satisfaite.

    Tous les Vainqueurs Affameurs Sarcastiques

    Tous Vieux Aristos Surfaits

    Terribles V.i.p Attirés par la Scène

    Tentent encore Vainement de nous faire Avaler les Serpents

    Traitant Virtuoses l’Arnaque de Sociale !

    Toutes les Vérités Avouées Simulées

    Toutes les Vantardises Affairistes Susurrées

    Terrible Vent Annonçant la Suite.

    Toutes les Vaines Années à Suer

    Travailleur Volontaire Acharné Syndicaliste

    Tu Vas Aimer Sûrement

    Taxe Volée sur l’Argent Stocké

    Tes Véritables Amis Sympathiques

    Tous Venus sans Amertume au Social.

    Tes Valeurs Affirmées au Service

    Tant Valorisant de l’Aimable Société

    Tu Verras Amplifiée la Sécurité

    Tu Verras s’Agrandir la Sinistre

    Taxe sur la Vie déjà Anachronique des Survivants

    Tous ceux Venus au monde sans dans la bouche la cuillère d’Argent des S….

  2. J.J.

    Et pendant ce temps, pour faire diversion, le misérable petit bonhomme amuse les foules en promulgant un éthylotest obligatoire dans chaque voiture !
    La décision la plus nigaude du quinquennat, et pourtant il y a le choix dans le bêtisier !

  3. Nadine Bompart

    T.V.A » sociale », ou l’art de jouer sur les mots pour leur faire dire l’exact contraire!
    Elle est tout sauf « sociale » cette taxe!!!
    En tout cas, les braves gens de mon village sont pour!!! C’est ça aussi la politique, caresser le « Peuple » dans le sens du poil, fut-il démago et facho…
    Ils sont pour parce qu’ils en « ont marre de payer pour ces feignasses de chômeurs et d’assistés! Tu bosses, tu bouffe, tu bosse pas, tu te démerde! T’as qu’à crever, on en veut plus, des parasites!!! » Et je vous parle pas des « crouilles et négros » qui viennent bouffer le pain des Français comme disait l’autre… Y en a pas ici!!! lol
    Désolée d’être un peu à cran en ce moment avec ça, mais je me prends claque sur claque avec le « genre humain » ces temps-ci, et ça commence à m’échauffer grave!!!!!
    Oui l’U.M.P peut fort bien gagner en Mai, mais…. la faute à qui ?

  4. facon jean françois

    De Jean-Luc Porquet
    dans Le Canard Enchaîné, 6 février 2008, page 5.
    “A bas les jours heureux !”
    C’est le genre de choses qu’on laisse passer, à force. Il y en a tellement. Ils sont tellement « décomplexés »… La première fois, c’était en octobre dernier. Denis Kessler, ex-mao passé au capitalisme financier, ancienne éminence grise du baron Seillière lorsque celui-ci pilotait le Medef, lâchait cette mâle déclaration de guerre : « II faut défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Qu’est-ce qu’elle venait faire là, la Résistance ?
    Kessler s’en réjouissait : au fond, les différentes réformes engagées par Sarkozy, disait-il, « peuvent donner une impression de patchwork », mais « on constate qu’il y aune profonde unité à ce programme ambitieux » : défaire ce qu’ont fait les résistants, justement. Cette provoc’ avait fait quelques vagues, sans plus.

    Et puis la semaine dernière, Charles Beigbeder a remis ça. Dans une tribune au « JDD » (27/1), le pédégé de Poweo a affirmé, l’air de rien, que selon lui le rapport Attali permettrait enfin d’en finir avec cette France « qui continue à vivre sur un modèle fondé en 1946, à partir du programme du Conseil national de la Résistance ». Tiens, tiens. Lui et Kessler, même combat. Charles Beigbeder, le prototype du jeune loup moderne. L’homme qui veut tailler des croupières à EDF en vendant de l’électricité privée aux Français.
    Il avait un beau titre, le programme des résistants : « Les jours heureux ». On comprend qu’il faille en finir d’urgence. Il était le résultat d’un compromis né entre tous les mouvements de résistance luttant contre l’occupant et les principaux partis politiques, dont le PC. On comprend que cela paraisse aujourd’hui insupportable. Il affichait de hautes ambitions. Entre autres, « la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».
    Insupportable, non ? On y trouvait d’autres projets complètement fous. Les résistants rêvaient que les enfants français puissent « bénéficier de l’instruction et accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents ». Affreusement égalitariste !
    Ils voulaient aussi que soit assurée « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent ». On comprend que ça énerve. Et aussi « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ». Complètement ringard, non ?
    On remercie MM. Kessler et Beigbeder de nous avoir annoncé franchement la fin des beaux jours, prévue pour l’après-municipales.
    Jean-Luc Porquet
    Tout était déjà dit, il y a plus de trois ans, et ON remet le couvert.
    C’est bizarre quand je relis cela, j’entends dans ma tête :
     » Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines
    Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne … »
    C’est étrange non ?

  5. Michel d'Auvergne

    La privatisation des différentes caisses sociales est une évidence depuis longtemps, accélérée avec Naboléon, et la crise est une aubaine pour ces clowns car elle leur fournit un alibi pour reculer, un exemple parmi des tas d’autres, l’age de départ à la retraite afin que ça soit rentable pour le privé. Quand on a ça en tête on a tout compris, déremboursement de médicaments et pourquoi pas une semaine de carence pour les arrêts maladie !
    J’avais, à l’époque trouvé « grosse » l’arnaque qui a consisté a séparer, sur le bulletin de salaire, les charges: part du salarié et part patronale !! Peu s’en sont offusqués et moi qui croyais benoîtement que c’était le travail, en premier lieu, qui apportait de l’argent à l’entreprise…
    Mais comme tu dis, Jean-Marie, il n’y a que les Patrons qui le savent et pour convaincre les gens de nos villages… Je comprend le le découragement de Nadine !
    Mais grâce à Naboléon encore beaucoup d’assistant de chômeurs vont passer assistés, et là évidement…

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