Un sommet baudruche pour faire avaler la potion amère

Toute négociation lancée sous la contrainte des événements extérieurs conduit inexorablement à un échec. Pour avoir bafoué durant 5 ans le dialogue social, Nicolas Sarkozy, se retrouve désormais dans une situation intenable. Obligé, pour des raisons strictement électoralistes, d’annoncer des mesures en faveur ce ces salariés qu’il a constamment négligé ou même méprisé, au détriment des actionnaires, il va encore une fois tenter de jouer au prestidigitateur !
En fait, il n’a rien à proposer, si ce n’est faire semblant de mener une concertation autour de la crise, quand depuis deux ans il dilapide des milliards dans des aides au monde du CAC 40 ou à celui des banques. Il a bâti toute sa gouvernance erratique sur le mythe que des cadeaux faits à l’économie virtuelle renforcerait sa crédibilité sur le monde réel. On a eu droit au « travailler plus pour gagner plus » avec les exonérations des heures supplémentaires qui ont obéré les créations d’emplois au plus mauvais moment. Exonérations après exonérations, il a ruiné la solidarité active et a creusé les déficits, contraignant à gonfler la dette globale. Son gouvernement a instillé l’idée que toute réglementation, toute protection, constituaient des obstacles pour la productivité.
En fait, le gouvernement UMP, par pure idéologie, a simplement accentué les effets désastreux de la crise du monde des profits financiers, pour transformer le secteur du travail en variable d’ajustement ! Pire qu’une chute incontestable du pouvoir d’achat, on assisté à une précarisation outrancière de la majeure partie des employés, cadres, salariés que l’on a persuadés qu’il y avait équité de traitement, en amputant massivement les services publics de milliers d’emplois de fonctionnaires, bêtes noires d’un régime n’œuvrant que pour conserver un pouvoir quasi absolu ! Le résultat, c’est que ces mesures inutiles ont plombé la croissance (moins d’argent pour le plus grand nombre et surtout moins d’emplois sûrs) et surtout créé l’insécurité sociale absolue !
Dans un contexte où les marges n’existent plus, on a donc commencé par trafiquer les objectifs de la rencontre en noyant les éventuelles mesures liées à l’emploi (les plus ardues à trouver !) dans un maelström médiatique dans lequel personne ne trouvera son compte, mais qui ne mécontentera personne pour l’instant. Le sommet, initialement baptisé « social », puis « sommet pour l’emploi », est désormais appelé « sommet de crise », sans que l’on sache trop ce que le chef de l’État entend par là, mais les communicants auteurs de cette mutation sauront en tirer parti.
La seule question qu’il faut se poser reste la suivante : pourquoi avoir attendu d’être dans les sables mouvants de la crise pour pratiquer un dialogue social, méprisé depuis de longues années ? Atteint d’une frénésie d’actions dans tous les domaines, tétanisé par les sondages, étrillé par les analyses des agences de notation (même si les notes ne sont pas abaissées) le gouvernement discrédité (où est passé le Ministre du travail ?) tente une ultime manœuvre en appelant, comme le veut la tradition quand on veut endormir l’opinion, à « l’union sacrée ». Les « affreux » syndicalistes sur lesquels on n’a cessé de taper devraient devenir des alliés, pour serrer la ceinture des salariés de plusieurs crans supplémentaires. S’ils le refusent, demain soir le grand orchestre de l’UMP va entonner l’air de la « trahison » sociale et tenter de faire ressurgir l’animosité des « pauvres gens » à l’égard de ces syndicalistes, inutiles et bornés !
La stratégie a été mise en place.
La CFDT via Chérèque refusera catégoriquement la TVA sociale. Aucune annonce véritable n’est donc possible, car ce serait une véritable déclaration de guerre. Le créneau n’est pas opportun. Il va falloir délayer pour espérer recueillir des bribes de consensus… à moins que l’objectif soit de se fâcher avec le patronat pour restaurer avec du stuc « social » son image populiste de défenseur des salariés les plus démunis. Il a plongé une grande part du pays dans la pauvreté, mais il lui reste le privilège de faire la charité de quelques broutilles, quand il a accordé des largesses incommensurables à ses soutiens. Aucune mesure ne pourra arrêter la spirale de la récession lancée par des décisions basées sur le principe obsolète de dérégulation absolue de tout ce qui a constitué le système social français. Laisser accroire que la réduction du coût du travail constitue la panacée pour relancer une machine économique démantibulée, déstructurée, affaiblie est inutile tant que la consommation ne reprendra pas. Parmi les propositions fondatrices de la nouvelle politique pour relancer l’embauche, on trouvera certainement… l’embauche massive de CDD pour le Pôle emploi ! C’est le serpent qui se mord la queue, puisque quand ils auront résorbé les listes des chômeurs (avec des artifices de radiation codifiés) ils perdront leur travail ! Pendant ce temps, les plans sociaux se multiplient et personne ne sait où vont se recaser ces licenciés, mais l’essentiel c’est qu’ils soient le plus vite possible absents des statistiques !
Alors, encore une fois, le sommet va accoucher d’une souris, car personne ne tentera de s’attaquer aux racines du mal. La taxe Tobin ? Aux oubliettes ! la modulation de la CSG, comme je le propose avec des taux différents pour les revenus salariés et les autres revenus ? Refusée ! L’amélioration de la formation et de l’éducation ? Refusée ! Le paiement réel du travail qualifié et productif ? Une illusion ! L’essentiel pour Élysée, c’est qu’on parle beaucoup du vent sans trop se soucier de l’envol des promesses.

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Pourquoi sommet de Crise ?
    Parceque probablement dans un de ses rares moments de lucidité, le promoteur de ce sommet à pris conscience que c’est lui la crise.

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