L'heure de la retraite est avancée…

Effarant et effroyable : ce sont les qualificatifs qui viennent immédiatement à l’esprit après les récentes prises de position élyséennes sur l’engagement français en Afghanistan. En fait, il n’y a rien que de plus normal dans une période où le Chef de l’État français se débat comme une mouche collée sur le papier tue-mouches de l’échec, mais c’est d’une extraordinaire démagogie, et plus encore c’est un énième reniement. En politique, rien n’est plus terrible que de ne pas assumer ce que l’on a proclamé, fait et vanté !
La mort de 4 nouveaux soldats professionnels, sur un théâtre d’opérations extérieures, permet à celui qui les a envoyés là-bas de se rétracter et oublier qu’il n’avait aucune raison objective de prendre pareille décision. Bien évidemment, encore une fois, on jouera simplement sur l’amnésie populaire qui, désinformée, ne se souvient même plus que Nicolas Sarkozy, entrant triomphalement dans le girond de l’OTAN a, par pur acte d’allégeance à cette organisation, quadruplé la présence militaire française dans un pays où rien ne justifiait autant d’empressement. Dans quelques heures, pas un seul Ministre, plus un seul député français, plus un seul conseiller, ne se souviendra avoir défendu une intervention strictement faite pour se regarder dans une glace comme étant dans le cercle des « grands de ce monde », dominé par cet abruti de Bush !
Lorsque notre grand guerrier, qui a réduit au silence Kadhafi qu’il avait pourtant bombardé avec moult salamalecs vice-président de son éphémère Union pour la Méditerranée, est arrivé au pouvoir, après un crochet par le Fouquet’s, la France disposait seulement de 1 000 soldats en Afghanistan. Jacques Chirac avait fait la sourde oreille au son du clairon. Il avait répondu en n’engageant humainement, matériellement et financièrement que ce qui correspondait à un contingent symbolique à l’égard des enjeux. Il était soutenu par son… ennemi de dix ans, qui déclarait, la main sur le cœur : « que la présence française en Afghanistan avait eu son importance dans la lutte contre le terrorisme » et qui ajoutait, avec sérénité, que « la présence à long terme des troupes françaises dans cette partie du monde ne me semble pas décisive. » Une déclaration d’avant scrutin présidentiel, qui comme beaucoup d’autres, ne sera jamais honorée! Mieux, elle aussi sera trahie ! Il était illico décidé de porter, en décembre 2007, le nombre de soldats sur le sol afghan à … 1600, sans consulter quiconque et surtout pas, même pour la forme, le Parlement. Il ne pouvait s’arrêter en si malheureux chemin, car il lui fallait payer son écot au retour dans l’OTAN, en avril 2008 !
Il est possible de vérifier que l’Élysée a porté le nombre de soldats professionnels à 3 000 hommes quelques jours plus tard. Ils deviennent 3 750 un an plus tard et par un « prompt renfort », étranger au Cid, 4 000 à la fin de l’année 2009 ! Cette intervention cause des dizaines de morts au fil des mois et surtout obère le budget des Armées. Les Français sont parfois mal équipés et l’intendance a du mal à suivre ! Il est temps de faire, comme sur toutes les décisions idéologiques du quinquennat, machine arrière toute ! En juin 2011 on retire 10 % des effectifs, mais on laisse 3 600 hommes et on en annonce ensuite… 600 de plus pour rappeler que nous descendrons à 3 000.
Les morts au combat se succèdent : 82 à ce jour, dans un conflit ayant causé, dans le camp des « alliés » anti-talibans… 2880 tués dont 1 880 américains et 395 soldats britanniques ! C’est trop ! Beaucoup trop ! La guérilla conduite par des factions aspirant simplement à revenir au pouvoir démontre, une fois encore, que dans les guerres « civiles », il n’est pas évident d’aller jouer les arbitres , armes au poing ! Le Chef de l’État français a revendiqué ses choix (retour dans l’OTAN et soutien sur tous les fronts aux Américains) et c’est logique, mais désormais, il bat en retraite, comme sur tous les sujets, jour après jour, pour des considérations strictement électoralistes. Il fallait se poser, comme sur tant d’autres décisions, la question initiale de l’engagement militaire en Afghanistan, et pas filer le train à des alliés, obnubilés par des règlements de comptes stratégiques auxquels la France était étrangère. En 2001 les risques avaient été réduits au strict minimum… mais depuis, ils sont devenus disproportionnés à l’enjeu du pouvoir à Kaboul. Il appartient aux Afghans de prendre en main leur destin avec le soutien pacifique des pays de la coalition. Aucune force, aussi sophistiquée soit-elle, ne viendra à bout des agissements dissimulés de talibans claniques, diffus et assez habiles pour refuser le combat frontal. Toutes les expériences passées tragiques attestent de l’échec qui attend la coalition. Bien entendu, en paraphrasant une formule célèbre de Georges Clémenceau, on peut penser que « la guerre est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux mains d’un seul homme politique ! »

Cet article a 3 commentaires

  1. Christian Coulais

    Ne surtout pas laisser battre l’économie par des mains d’économistes.
    Ne pas laisser combattre la guerre entre des mains de militaires.
    Ne pas laisser jouer à la politique les mains, les pieds (des pieds et des mains pour y rester), et le cerveau d’hommes et de quelques femmes politiques !
    C’est au peuple de conduire de ses mains son destin, dont le moteur est bien la démocratie participative, laïque, coopérative et citoyenne !

  2. Nadine Bompart

    J’ai eu un instant de doute en lisant le titre: ah, ça y est, il a craqué et donné sa démission!!!!
    Et puis non, pas de repos encore au programme pour le brave guerrier…
    Mr Coulais, je ne saurais mieux dire!!!! Mais je crains que ce ne soit pas pour demain, les Sociaux-Démocrates soit-disant futurs vainqueurs ayant perdu la direction de la VIème République lors de la fabrication de leur programme, nous en reprendrons donc pour 5 ans de néo-despotisme éclairé et de salamalecs devant les banqsters en tout genre…
    Quand à l’Afganistan, toutes les grandes puissances s’y seront cassés les dents tandis que ce pauvre peuple n’en finit pas de souffrir…

  3. JF Dehlinger

    Après la retraite de la Russie et sa défaite sur le terrain , que les USA ont grandement facilité en armant les talibans à l’époque, nous allons assister à leur même fiasco qu’au Vietnam. Après avoir dépensé des sommes astronomiques en Afghanistan ,en particulier ces dernières années en cette période de crise, les ‘alliés » dans l’intervention, vont plier bagage les uns après les autres pour un résultat proche du zéro pointé. Avec le gouvernement corrompu qui reste en place, le solde de cette intervention s’avére plus que négatif en particulier en pertes de vies humaines .
    Qu’avons nous été faire dans cette galère et comment a t il été possible de persister dans l’erreur en amplifiant notre participation? Comme tu le dis bien c’est le tribut payé par Sarkosy pour se faire adouber au sein de l’OTAN.( dans le giron de l’OTAN qui n’est pas une organisation très gironde ! ) Triste constat , il est plus que temps de tourner la page en espérant que le mois de mai nous en donne l’occasion en nous débarrassant de ce chef de guerre au petit pied et à la courte vue. La position de F Hollande me paraît tout à fait responsable et en adéquation avec le sentiment de la majorité des français.

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