Quand des élus font de la résistance efficace !

En fait, quand Nicolas Sarkozy a face à lui des publics UMP sélectionnés ou des figurants recrutés, il paraît sûr de lui et efficace. Il n’a jamais eu depuis 5 ans, dans son rôle de Chef de l’État français, d’opposants efficaces pour contre dire ses affirmations ou ses effets d’annonce. Les journalistes qui l’interviewent lui servent la soupe sous parfois des aspects contestataires convenus. Hier pour la première fois depuis le début des errements présidentiels, il a eu face à lui et face à son aréopage ministériel, des élus locaux décidés et maîtrisant parfaitement leur sujet. Différent d’un conseil de godillots ou d’une conférence de presse la discussion a immédiatement été inhabituelle. « Nous n’avons pas eu face à nous un président, mais un candidat « expliquait l’un des participants à cette rencontre sur les collectivités territoriales. Les représentants de l’Association des maires, des départements ou des régions ont parlé réalités et n’ont pas laché un pouce de terrain à celui qui voudrait les placer en situation d’accusés expiant une faute commise par le seul gouvernement UMP.
Comme prévu, la conférence des finances locales n’a guère permis d’améliorer le dialogue entre le gouvernement et les représentants des élus locaux. Il n’y a eu accord ni sur le constat ni sur la méthode permettant d’associer les collectivités à la maîtrise du déficit. Quelques signaux positifs ont toutefois été perçus, notamment sur les normes et sur la future Agence de financement des collectivités. Et la mise à disposition d’une nouvelle enveloppe de prêts « de 2 à 5 milliards d’euros » a été confirmée. Pour le reste, il faudra revoir une copie absurde !
S’il est au moins un point sur lequel tous les élus présents étaient d’accord, c’est que ce rendez-vous arrivait « un peu tard »… A moins de trois mois des échéances électorales, la conférence sur les finances locales, organisée à l’Élysée pour évoquer la participation des collectivités à la réduction du déficit, n’était guère en mesure, en effet, de dérouler un programme de travail très complet. D’autant moins qu’il aurait pour cela fallu que le chef de l’Etat et les membres du gouvernement d’une part, les représentants des élus locaux et les parlementaires d’autre part, arrivent à s’entendre sur l’enjeu de cette rencontre et sur le « diagnostic ». Or, de l’aveu même du Premier ministre, la réunion « n’a pas permis d’aboutir à un constat partagé ». D’où, selon les présidents de l’Association des régions de France (ARF) et de l’Assemblée des départements de France (ADF), qui avaient réuni la presse à l’issue de la conférence, « une matinée totalement surréaliste ». Le président candidat a découvert le sérieux global de la gestion locale !
Alain Rousset et Claudy Lebreton se sont ainsi étonnés du tableau qui aurait été dressé par le ministre de l’Intérieur de l’évolution des effectifs de la fonction publique territoriale « sans tenir compte des transferts » ayant eu lieu de l’État vers les collectivités. C’est terrible de malhonnêteté, mais c’est habituel. Tous les élus sérieux et fiables savent fort bien par exemple que les augmentations d’effectifs correspondent au désengagement de l’État dans les Collèges ou les lycées, sur les routes (ex-DDE) ou dans le domaine de la solidarité nationale (APA, MDPH…) « Tout se passe comme si l’État central croyait que les collectivités sont dirigées par des élus qui ne savent pas dire non, qui ne savent pas faire la différence entre dépenses inutiles, utiles et très utiles, alors même que nous sommes déjà engagés dans des efforts de gestion », s’est également indigné le président de l’ADF. « Ils ont passé leur temps à dire que nous ne sommes pas bons… », s’est de même offusqué son homologue de l’ARF alors que les Ministres et leur mentor n’ont cessé d’accroître la dette alors qu’ils se débarrassaient de compétences, de personnels et qu’ils étaient censés diminuer le besoin de crédits !
Le président UMP de l’Association des maires de France (AMF), qui aurait certes lui aussi préféré que cette réunion ait lieu plus tôt par rapport au calendrier électoral, estime néanmoins qu’il était « important d’échanger » et espère que le rendez-vous permettra au moins d' »enclencher un dispositif de dialogue, qui devra être pérennisé », si possible dans le cadre de la Conférence nationale des exécutifs dont les élus locaux ont longtemps attendu la réactivation. « Dans une démocratie moderne, il serait normal que nous soyons pleinement associés aux décisions permettant de converger de façon conjointe vers des objectifs de maîtrise de la dépense publique », a expliqué Jacques Pélissard à Localtis.
Sauf qu’à défaut de pacte de confiance, le chef de l’État et le gouvernement ont choisi d’évoquer un « pacte de stabilité » qui « ferait l’objet d’un débat au Parlement, et qui permettrait de fixer la trajectoire en termes d’objectifs d’emplois (sic), en termes d’objectifs de dépenses de l’ensemble des collectivités locales », tel que l’a formulé François Fillon. En sachant qu’une telle disposition, inspirée de ce qui se fait pour la sécurité sociale ne serait pas immédiate mais intégrée au projet de loi de finances pour 2013.
Selon Claudy Lebreton, Nicolas Sarkozy aurait en outre reconnu que cette « norme de progression des dépenses » ne pourrait se baser sur la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, jugée inapplicable à la territoriale.
Une idée complémentaire, déjà émise par le président de la République et reprise par la ministre du Budget, Valérie Pécresse, fait visiblement l’unanimité contre elle du côté des élus : la modulation des ressources des collectivités en fonction de « critères de bonne gestion ». « Ce serait contraire à la Constitution et ce serait d’un arbitraire total. Comment seraient désignés les bons élèves ? Quelles seraient les dépenses ‘très très utiles’ ? », s’interroge Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France. Jacques Pélissard ne dit guère autre chose : « Nous sommes réticents sur toute mesure de modulation. C’est à la fois une question de principe et une question de mise en œuvre. Sur quels critères se baserait-on ? Les critères proposés par Valérie Pécresse ne sont pas faisables. »
Enfin, la conférence aura permis d’obtenir quelques précisions sur la question des difficultés de financement des collectivités. Alain Rousset n’a d’ailleurs pas manqué de relever un double « paradoxe » : « On nous donne des leçons de bonne gestion alors que l’État passe son temps à nous demander de l’argent… » et « on nous dit que nous dépensons trop, tout en admettant que nous avons besoin de nouvelles sources de financement »… car les banques jouent à qui perd gagne et tentent par tous les moyens d’imposer leur loi sur le monde des placements (trésorerie ou livret A). Les élus ont tenu bon à l’Élysée et la résistance sereine a eu raison de l’habilité tacticienne.
En fait, ce sont les élus locaux qui ont donné une leçon de gestion à celui qui a passé une bonne part de son temps à balancer des contrevérités, à les dénigrer et qui ne vit plus que sur l’artifice d’une candidature ressemblant de plus en plus à l’apparition de Lourdes pouvant conduire au miracle !

Cet article a 2 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Ils vous prennent vraiment pour des c…!
    Rien n’irrite plus Nabot Ier que des élus du peuple faisant leur boulot, au plus près du peuple qui les a élus. Comment cela, vous n’êtes pas là pour faire du fric ????? Alors démerdez-vous! Il vous demande tout et son contraire, et s’étonne que ça ne marche pas… Il vous enlève les moyens de faire, et s’étonne que vous ne fassiez pas…
    Selon quel droit constitutionnel le Parlement voterait vos finances ????? C’est hallucinant, inouî de mépris et de condescendance!!! En clair, il vous met sous tutelle, pôvres petits incapables que vous êtes!!!
    À quand la curatelle ?

  2. durbain

    Article clair, montrant les erreurs de jugement du président et les solutions qu’il veut apporter

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