La Grèce s'installe en épicentre d'un séisme à venir

Chaque citoyenne et chaque citoyen français un tant soit peu concerné par son avenir devrait suivre attentivement ce qui se passe en Grèce. Ce n’est selon moi, à un degré moindre, rien d’autre que ce qui attend la France dans un an à dix-huit mois. Et ce n’est pas une vue « pessimiste » de l’esprit, puisque le gouvernement grec, réputé « apolitique », ne fait que poursuivre les erreurs commises par tous ceux qui l’ont précédé, en croyant que la solution de la crise ne passe que par des mesures techniques. La réponse à la situation dans laquelle se trouve la zone euro ne peut être que politique. On pourra réunir, durant des heures, les Ministres des finances, ils ne changeront rien à cette réalité qui veut que toute période critique de la vie sociale ne peut se résoudre que par la prise en charge par les citoyens eux-mêmes de leur avenir. En France, il semble qu’il y ait un frémissement dans ce domaine, et que la mobilisation monte légèrement d’un cran. A Athènes, la tension devient palpable et la révolution gronde, provoquant des inquiétudes liées au passé… récent de ce pays ! On en est réduit à démentir des rumeurs d’un coup d’État, colportées par certains diplomates occidentaux en poste à Athènes…et portés par les policiers !
Les Grecs sont pourtant fortement remontés. Plus rien ne les arrêtera. Armés de banderoles, de haut-parleurs et de drapeaux, des milliers d’entre eux se sont rassemblés face au Parlement. Fini le temps des quolibets moqueurs, des étudiants aux retraités :« kleftes, kleftes! » (voleurs, voleurs!) hurlaient la foule excédée. Elle menace maintenant directement les députés, appelés à se prononcer sur l’adoption des nouvelles mesures d’austérité exigées par les créanciers du pays…
Sous la pression de la rue et des partis, les ministres du gouvernement du banquier Papademos ont donné leur démission les uns après les autres.. Après le départ de Giannis Koutsoukos, le vice-ministre du Travail, qui considère que le plan de rigueur est «insoutenable pour les travailleurs», les partis politiques sont en ébullition. Le leader du LAOS, parti d’extrême droite (16 députés sur 300), a retiré son soutien à la coalition nationale. Ses quatre ministres, dont le ministre de la Défense, ont immédiatement démissionné du gouvernement. Le gouvernement, réduit après cette vague de démissions, a tenu bon. Il a adopté les mesures supplémentaires demandées par les ministres de la zone euro. Les chefs des partis du gouvernement de coalition ont appelé samedi leurs troupes à adopter les réformes, et pourtant le vote au Parlement est très loin d’être acquis. Le déblocage des 130 milliards d’euros par l’Union européenne et le Fonds monétaire international en dépend.
Dans cette atmosphère très tendue, les représentants de l’Union européenne marchande et financière, voulue par le Traité de Lisbonne que tout le monde feint d’oublier, et du FMI, sont devenus la cible privilégiée des manifestants.
Les capitales européennes sont très inquiètes, et on commence à créer des cellules de crise dans les plus concernés d’entre eux, pour suivre jour par jour les conséquences des ultimatums lancés notamment par la nouvelle grande amie du Chef de l’État français, Angela Merkel. Elle a mis le feu à la Grèce, après une incursion pour le moins déplacée dans la politique française, afin de sauver le soldat Sarko au plus mal ! En fait, une bonne part de l’avenir de la France repose sur les réactions du peuple grec. Chez nous, l’arme c’est le bulletin de vote : là-bas, ils ne l’ont plus ! Mais en revanche il n’y a aucune remise en cause du système européen découlant de ce Traité constitutionnel que les Françaises et les Français ne voulaient pas et que le monde du profit a imposé, avec le soutien de l’UMP et des doux rêveurs centristes, ou de certains socialistes !
Il existe des mesures rapides, profondes, structurelles à prendre, mais ligotées par une gouvernance ultra libérale, les nations européennes les refusent pas pure idéologie ou par souci de rester dans la norme de la loi du marché. Elles permettraient de donner une légitimité politique de la zone euro. Un président pilotant à la fois la Commission et le Conseil serait élu au suffrage universel direct ce qui éviterait de voir des représentants de…banquiers se retrouver aux postes clés de la politique. Le contrôle budgétaire serait de nature à la fois technique (par la Commission) et politique (par l’assemblée parlementaire réunissant des représentants des parlements européens et nationaux, prévue par le Pacte budgétaire). Enfin, la légitimité démocratique du Parlement européen serait accrue, en adoptant une représentation plus proportionnelle à la population et en lui confiant un pouvoir d’initiative législative. Enfin la BCE, rassurée par la mise en place de cette union budgétaire plus efficace, plus crédible et plus légitime, reconnaîtrait enfin son rôle de prêteur. Elle serait non pas dépendante du politique mais seulement un partenaire réel de la gouvernance politique. Ces annonces ne sauveraient pas la Grèce, mais ouvriraient des perspectives pouvant éviter que des idées noires ou brunes germent dans les consciences de certains peuples. C’est urgent : il faut redonner son sens à la seule arme citoyenne qu’est le suffrage universel. La gestion pas délégation a vécu. Il faut expliquer, autonomiser, responsabiliser et surtout redonner au local la primauté sur le centralisme économique qui étouffe les peuples !

Cet article a 5 commentaires

  1. Bouillet

    EH oui ! il y a un fremissement, lequel ?l’augmentation recurrente et continue de l’affluence aux meetings de JL Melenchon !
    Pourquoi ? Le FG propose de sortir du ,traité de Lisbonne, en désobeissant, en utilisant le compromis du Luxembourg, voire la convention de Vienne, car attendre de pouvoir negocier un nouveau traité, de proposer une autre politique, c’est faire du surplace ! Montrons l’exemple et bien des peuples pourraient nous imiter, à commencer par les grecs, qui auront bientôt à utiliser le bulletin de vote .

  2. Nadine Bompart

    Ouh là, Jean-Marie, vous quittez la Social-Démocratie pour rejoindre là le VRAI Socialisme, celui de Mélenchon!!!! Feriez-vous votre coming-out ???? lol
    Bien sûr qu’il faut changer tout ça, de fond en comble!!! Personne ne peut décemment survivre dans les conditions que l’on impose à la Grèce, surtout pour d’aussi mauvaises raisons!!!!!
    Aujourd’hui sera un jour capital, le peuple Grec semble décidé à « prendre » le Parlement, et ça va faire mal!!! On est avec vous les amis!!!! Résistons!!!

  3. Christian Coulais

    « Chez nous, l’arme c’est le bulletin de vote : là-bas, ils ne l’ont plus ! Mais en revanche il n’y a aucune remise en cause du système européen découlant de ce Traité constitutionnel que les Françaises et les Français ne voulaient pas… »
    Pas très efficace cette arme ! La majorité voulait descendre ce fumeux traité après avoir dégainé NON ! Et paf, le gouvernement et le Chef de l’État Français se torchent encore avec nos bulletins !
    Barre à gauche toute ! Et histoire d’y croire un peu plus encore, je vous conseille de ré-écouter « Là-bas si j’y suis », émissions diffusées sur France-Inter, mercredi 8, jeudi 9, vendredi 10/02, à 15h00 ; à (ré)écouter absolument, le Printemps français avec la participation de Jean-Marie Harribey de Cénac, Suzanne Georges, Geneviève Azam, Paul Ariès… !
    Nicolas et François, le 6 mai 2012, suite à l’élection pleine de surprise laissent la place à un alter-gouvernement !
    Trois épisodes pleins de jus ! http://www.la-bas.org/mot.php3?id_mot=255

  4. facon jean françois

    bonjour,
    Les manifestations d’Athènes de ce week-end ne doivent pas occulter celles qui viennent de se dérouler au Portugal et en Espagne, où la tension sociale continue de monter.
    Venant par cars entiers de tout le pays, des dizaines de milliers de manifestants – 300.000, selon la CGTP, la plus grande centrale syndicale – sont venus protester dans les rues de Lisbonne, afin de « pouvoir respirer, vivre et travailler », selon Armenio Alves Carlos, son secrétaire général.
    Faisant suite à plusieurs manifestations regroupant des dizaines de milliers de personnes, une nouvelle expression de rejet et de colère sociale à eu lieu à Valence, en Espagne, au cœur d’une région sinistrée longtemps présentée comme la future « Californie de l’Europe » (du temps où elle se portait bien).
    Les violences, qui ont fait 45 morts samedi en Syrie selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ont même débordé au Liban voisin où des des heurts entre Libanais favorables et hostiles au régime du président syrien Bachar al-Assad ont fait trois morts et 23 blessés à Tripoli, la grande ville du nord du pays.
    Fidèles à « la stratégie du choc » les héritiers de thatcher – Friedman vont attiser le conflit pour museler les peuples en révolte… « le sang c’est de l’argent!!! ».
    Bon repos dominical

  5. J.J.

    «  » » »Un président pilotant à la fois la Commission et le Conseil serait élu au suffrage universel direct ce qui éviterait de voir des représentants de…banquiers se retrouver aux postes clés de la politique. «  » » » »

    A condition de ne pas élire un fondé de pouvoir d’une banque privée, comme firent les français en élisant le sieur Pompidou qui nous a vendu à la haute finance…

Laisser un commentaire