Il leur faudra un moral d'acier pour survivre

Pendant que le candidat UMP cherche désespérément à exploiter tous les ressorts du populisme mortifère pour la République en tentant de dresser contre celles et ceux qui pensent autrement que lui, les bas-fonds des idées toutes faites, la crise sociale s’installe dans le pays. Chaque jour elle gagne du terrain avec des éclats médiatiques suscités par des actions plus ou moins violentes. Grâce à l’un de ses amis qui ne comptent plus depuis longtemps grâce aux profits colossaux de l’industrie du luxe, le Président sortant a réussi à endormir les femmes en lutte de Lejaby. Elles mesureront la valeur de ce soutien lorsque l’été sera venu et que les « visiteurs » auront d’autres occupations. Il sera temps d’accuser le futur gouvernement, comme c’est déjà le cas dans la campagne présidentielle.
Les galéjades agressives de Marseille n’auront pas plus de valeur que celles de 2007. Incapable de faire une proposition constructive, positive, concrète, il se contente de l’invective ou du dédoublement de personnalité. La « politique » est occultée à tous prix pour transformer la campagne en querelles de personnes, et il suit à la lettre des thèmes de communication destinés à le positionner sur le seul créneau qui lui parait jouable : l’exacerbation de la haine des autres ! Et pendant ce temps, la crise envahit le quotidien des électrices et des électeurs ou, comme ne le dit plus Arlette Laguiller, des « travailleurs et des travailleuses ».
En Gironde par exemple, Cofinoga va massivement licencier, alors que son actionnaire BNP croule sous les profits ; l’antenne de la banque Dexia, dont on sait combien elle fut exemplaire dans sa gestion, va liquider ses employés bordelais; du côté de l’ex-site de chez Ford, on sait fort bien que rien ne sera fait en faveur des reconversions prévues… Partout l’humain est englouti par une seule volonté : se blinder en matière de profit pour aller chercher des dividendes ailleurs ! Alors, on voit ressurgir de vieilles idées abandonnées depuis deux ou trois décennies car jugées totalement utopiques. Il est vrai que le seul événement que haïssent viscéralement les tenants du Club de l’Horloge ainsi que les ex-extrémistes de droite qui entourent désormais le candidat UMP, c’est mai 68 ! Ils craignent un retour de ce type de révolte proche de celle du Front Populaire.
«Nous allons mettre les patrons de Florange au chômage en prenant le contrôle de l’usine » a par exemple annoncé Edouard Martin, représentant de la CFDT au Comité d’entreprise européen d’ArcelorMittal. A quelques semaines des présidentielles les sidérurgistes, roulés dans la farine par les promesses de celui qui a tout promis et n’a rien fait, vont lancer un abcés de fixation peut-être décisif. L’occupation du site est une conséquence directe de la prolongation jusqu’au 30 juin de la fermeture des deux hauts fourneaux dont il faut se souvenir que ce sont les derniers de Lorraine. « La direction nous à fait comprendre que, sauf miracle, cette fermeture se prolongerait toute l’année » a confié, lors d’une réunion des salariés, le syndicaliste. Inutile d’expliquer que derrière se profile la mort d’un site supplémentaire qui ne relève pas (c’est sa malchance) de l’industrie du luxe des amis du candidat UMP. Depuis plusieurs mois, le premier producteur mondial d’acier a multiplié les annonces visant à réduire ses capacités de production. Espagne, Belgique, France mais également Roumanie et République tchèque ont été touchées. Aujourd’hui, seuls les hauts-fourneaux de Liège ne rouvriront jamais. Les autres fermetures sont, pour l’instant, temporaires, mais plus personne ne se fait vraiment d’illusions. Les réalités parlent. Le premier haut-fourneau de Florange est fermé depuis juin. Le second depuis octobre. Et les investissements de maintenance sont réduits. L’outil industriel se dégrade. Avec le froid, certaines conduites ont éclaté. Et doucement, les techniciens les plus essentiels, les fondeurs, commencent à être reclassés dans le groupe. Finalement, la fermeture serait conforme à la stratégie du groupe de se concentrer sur les très grandes unités de production en façade maritime, à Dunkerque et Fos sur mer en France, ou Brème en Allemagne.
Il faudra bien que la campagne passe tôt ou tard par la Lorraine. Il y en a un qui reviendrait avec un sacré caillou dans les sabots. Le 4 février 2008, au lendemain de son mariage avec Carla Bruni, le « prédicateur » qui promettait tout, s’était engagé à faire prendre en charge par l’État « tout ou partie des investissements nécessaires» pour maintenir l’aciérie en activité. «Je reviendrai moi-même (…) pour annoncer la solution qu’on aura trouvée», avait-il ajouté sous les applaudissements de 400 sidérurgistes. Dont acte ! Les ouvriers l’ont trouvée !

Cet article a 2 commentaires

  1. Nadine Bompart

    « On voit ressurgir de vieilles idées abandonnées depuis deux ou trois décennies car jugées totalement utopiques. »
    Mais sont-elles si utopiques que ça ?
    http://www.placeaupeuple2012.fr/telechargez-le-programme-populaire-partage/
    Lisez-le bien, le programme du nouveau Front Populaire. Est-ce réellement utopique que de reprendre le pouvoir aux financiers pour le redonner au peuple, que de mettre en place la planification écologique sur une planète qui se meurt, que de travailler tous ensemble pour que notre pays devienne « vivable » et, mieux que cela, devienne la Patrie du « bien vivre ensemble » ????
    Nous les aurons, si ce n’est cette fois, ce sera la prochaine, mais nous les aurons!!!

  2. J.J.

    « Le Président sortant a réussi à endormir les femmes en lutte de Lejaby. »

    En est tu sûr ?

    En fait personne n’est dupe : une fermeture « mezzo voce » est probablement déjà prévue après les élections.

    Et il n’y a aps de raison que le personnel de Lejaby n’en soit pas davantage conscient que n’importe quel observateur un peu critique des annonces surréalistes faites à coup de trompe (du verbe tromper ).

    D’ailleurs la délégation Lejaby qui est venue à Annecy pour rencontrer l’ancien futur nouveau candidat a été fermement repoussée.

    Nous ne croyons pas aux bonnes fées et à leur baguette qui crée comme par hasard de l’emploi au bon moment.

    Que ces grands patrons se mettent à voler au secours des infortunées ouvrières, ça ne fait pas pleurer d’attendrissement dans les chaumières, « il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages……

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