Il faut réhabiliter d'urgence la démocratie représentative.

Passer 72 heures à Paris pour inaugurer les nouvelles fonctions déléguées par l’Association des Maires de France a constitué pour moi une grande première. Toutes strictement associatives, ces délégations récentes sur le sport s’ajoutent à de nombreuses autres qui me confèrent le titre très envié de « cumulard en activités bénévoles ». Bien entendu, les tribunaux d’après coups à boire, sont confortés dans leur sentiment qu’un élu collectionne les « titres » comme d’autres collectionnent les étiquettes de camemberts. En fait, c’est inévitable, compte tenu de l’inculture sociale qui règne dans le pays du « populisme » rampant. En effet, on y confond aisément « mandat électif » et « fonction associative ». Rares sont celles et ceux qui savent que, derrière un mandat ouvrant droit à indemnité, peuvent se cacher de multiples responsabilités totalement désintéressées et n’ouvrant droit qu’à encore plus de travail et surtout de soucis. Même si je ne saurais constituer un « exemple », il me faut peut-être illustrer la réalité de ce fonctionnement social qui ronge la vie quotidienne, sans être connu ou reconnu.
Par exemple, accepter un poste au sein de l’Association des Maires de France, si on veut respecter le choix de ceux qui vous l’ont confié, oblige à une bonne trentaine de déplacements… à Paris par an. Si on y ajoute le poste de Président du Club des Villes et Territoires cyclables, et celui d’administrateur de l’utile association Amorce, qui travaille avec opiniâtreté sur les déchets et l’énergie, il faut s’attendre à passer en moyenne une soixantaine de jours à travailler loin de son domicile. Bien entendu, on ne notera que le montant brut d’une indemnité, sans tenir compte des ponctions sociales et fiscales, pour établir que les élus locaux coûtent cher, mais on oubliera soigneusement cette contribution strictement citoyenne à la survie du système républicain du pouvoir partagé.
Comme dans le cadre des autres délégations, j’assume la gestion toujours strictement bénévole du Comité départemental du tourisme (une bonne trentaine de salariés) ou, dans les mêmes conditions, les vice-présidences du service départemental d’incendie et de secours de la Gironde et du Pays Cœur Entre Deux Mers, il est facile d’imaginer que l’emploi du temps peut relever du casse tête. Est-ce du « cumul abusif » de postes ou simplement les réponses à l’impérieux besoin de ne pas être critiqué sur son engagement public? A l’arrivée, selon les notes prises depuis plus d’une année, une moyenne de 96 heures de travail hebdomadaire en dehors de la maison !
Lors des 78 heures à Paris, il me faudra aller à trois reprises au ministère des sports, dont la première uniquement pour répéter la seconde afin que l’on puisse… préparer les réponses à écrire pour David Douillet ! Incroyables, ces pratiques qui masquent les réalités de responsables politiques nationaux, installés dans des postes où ils illustrent avec une terrifiante aisance le principe de Peter ! Il y aura encore un conseil d’administration de l’association AMORCE, où il faudra se battre contre des représentants du monde économique dominateur, qui sait combien il doit aux suppôts ministériels du pouvoir actuel. Depuis des années ils affichent un mépris pour ces élus locaux qui ferraillent sans cesse, toutes tendances confondues, pour défendre des valeurs ou plus prosaïquement l’intérêt général face au profit !
Le Club des villes et territoires cyclables occupera le reste du temps, afin de rassembler toutes les énergies possibles autour du principe lancé il y a 8 mois, voulant que le « vélo soit un remède anti-crise ». Quand le litre de carburant atteindra 2 euros dans l’indifférence générale, on reparlera alors d’un doux dingue, maire d’une commune de pacotille, qui avait soutenu que les nouvelles chaînes de mobilité ne pourront plus se priver du vélo !
En tapant sans cesse sur la gueule des élus locaux, le « Peuple » simplificateur et autodestructeur, soutenu par l’exploitation démagogique des inévitables « défaillances » du système républicain des corps intermédiaires, entre dans la spirale dangereuse du populisme. La pire des situations, sciemment confortée par l’idée démagogique du recours abusif au référendum… dont on connaît les taux antérieurs de participation et plus encore le respect réel du résultat par le pouvoir qui l’a initié ! Une société qui se prive des corps intermédiaires n’a le choix qu’entre la dictature ou la chienlit. La destruction de cette immense toile d’araignée citoyenne que représente l’engagement bénévole provoquerait en effet un appel d’air vicié aussi dévastateur que peut l’être le monoxyde de carbone dans une pièce hermétiquement close !

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