Priorité : se battre contre l'indifférence !

Les grands obstacles que doivent vaincre les candidats de Gauche aux élections législatives sont l’indifférence et sa conséquence l’abstention. Il n’y a rien de pire pour la démocratie que ce fléau qui se répand chaque fois que les électrices et les électeurs pensent que leur vote est inutile. Souvent ils laissent aux plus motivés le soin de décider à leur place. Pour le 10 juin tous les voyants sont à l’orange ! Selon les spécialistes, la participation devrait s’établir à 60%, comme en 2007. Une fois de plus, le décrochage entre la présidentielle et les législatives devrait être significatif. C’est ce que l’on observe depuis 2002, date à partir de laquelle les législatives sont organisées dans la foulée de la présidentielle. Il reste à savoir si on descendra en-dessous du niveau de 2007, ce qui conforterait le principe désormais bien établi : ce sont les médias et notamment les télévisions qui font la participation. Il faut du « spectaculaire », de «l’affrontement », genre jeux du cirque et surtout des choix de personnes comme dans les soirées télévisées où l’on vote pour une vedette potentielle ! Il n’y aura plus qu’à la présidentielle que l’on votera massivement en France, et peut être aussi à l’autre bout de l’échelle, aux municipales. Les électeurs considèrent que le choix majeur est fait en ayant sorti Sarkozy qui les avaient déçus, et ils ne voient pas l’intérêt de retourner voter aux législatives etpour élire des députés que l’on voue aux gémonies à longueur d’articles et de reportages. On a même inventé des notations ou des graphiques pour transformer la démocratie en cours de la Bourse aux faux-semblants. On en arrive à une campagne terne, sans flamme, sans opposition frontale… comme si l’eau tiède allait réveiller les consciences. C’est devenu une habitude pour tous les rendez-vous électoraux, qui rangent la politique sur les étagères des souvenirs. Il faut être technocrate, savant, de préférence favorable au développement durable et soucieux de l’économie, mais ne surtout pas parler de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité, car ce sont des mots qui ont fait leur temps !

Dans le camp socialiste on a guerroyé ferme pour les primaires. Ce fut long, usant et délicat à négocier. La réussite de cette opération novatrice réside dans une première mobilisation de l’électorat, certes encore minoritaire, mais néanmoins très motivé et qui a déjà participé d’une certaine manière à des réunions, des débats, des rencontres, depuis septembre 2011 ! La Droite n’a pas vu venir cette étape, et après l’avoir gaussée et avoir espéré qu’elle se retournerait contre ses inventeurs, elle a dû se rendre à l’évidence : elle avait manqué le départ ! Les épisodes successifs de la présidentielle, avec le faux suspense des 500 signatures, sorte de leurre répétitif qui a encore une fois captivé une part de l’électorat, puis le déluge sarkozyste, qui a tenté de laminer les résistances éventuelles. Même réduit dans le temps, ce déferlement a été très prégnant. Les Français sont lassés et blasés. Certains (ceux qui avaient soutenu des candidats battus au premier tour),  sont déçus ou dépités ! Ils pourraient l’exprimer en désertant les isoloirs. Mais la véritable spécificité de 2012, ce sont les bons scores réalisés par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen à la présidentielle. Il sera intéressant de regarder si leur électorat respectif se rend aux urnes pour les législatives, pour envoyer des députés à l’Assemblée. On a davantage voté Mélenchon que Front de Gauche, grâce à son talent, et on a sûrement plus voté Marine que F.N . Aucune autre circonscription que celle de Hénin-Beaumont n’offrira un duel aussi mobilisateur… Il sera difficile pour les deux partis d’atteindre les scores de ces « vedettes » des meetings transformés en spectacles !

L’abstention, si elle est forte, va largement favoriser l’UMP, puisqu’elle devrait lui éviter les fameuses triangulaires ! Le nombre des candidatures est déjà supérieur à celui des présidentielles dans beaucoup de circonscriptions, et donc les votants vont s’éparpiller ! Le mode de scrutin implique qu’il faut avoir 12.5% des inscrits pour se maintenir au second tour. Avec une participation à 60%, il faut donc en moyenne réaliser 20% des suffrages exprimés pour se maintenir. Mais attention, c’est dans chaque circonscription que se calcule ce pourcentage. Marine Le Pen a dépassé les 20% à la présidentielle dans beaucoup de circonscriptions. Au niveau national, pour les législatives, le FN est plutôt à 18%. Si le Front national est à 14% avec une participation à 60%, le FN n’atteindra le second tour que dans 77 circonscriptions. 61 triangulaires et 16 duels – 9 avec la droite et 7 avec la gauche – seraient organisés. C’est à peu près le même niveau si on baisse un peu la participation mais qu’on remonte le niveau du FN… mais l’étiage est très difficile à mesurer. L’enjeu n’est plus le même, et désormais, il est certain que des voix qui ne voulaient plus de Sarkozy vont abandonner le vote FN pour revenir sur des candidats plus recommandables et proches de leur quotidien ! Entre 15% et 20% d’entre eux vont donc voter utile dès le premier tour et renforcer la Droite réputée traditionnelle !

Il faut alors que les électrices et les électeurs de Gauche aient un réflexe de défense face à ce constat, et qu’ils aient véritablement conscience que de leur mobilisation dépend la survie des réformes promises… Difficile à faire comprendre, car le sentiment d’avoir accompli l’essentiel en faisant élire Hollande est encore plus fort dans cet électorat. La majorité de gauche devrait être acquise, mais elle risque de moins profiter de la dynamique liée à l’élection de François Hollande si son électorat ne répond pas présent. Comme l’UMP a en plus davantage de candidats sortants qui peuvent bénéficier d’une « prime au sortant », si la participation est faible, l’écart final sera forcément réduit. En fait, comment persuader l’électorat que le 18 juin au matin, il risque de se réveiller avec la gueule de bois !

Cette publication a un commentaire

  1. Cubitus

    Ayant reçu cette semaine les professions de foi, comme à chaque fois je les lis attentivement même si mon choix, arrêté depuis longtemps, ne saurait être influencé par des écrits de circonstance qui frisent souvent la démagogie quand ils ne prennent pas les électeurs pour des parfaits imbéciles. Mais je prends plaisir à voir jusqu’où peut parfois aller la compromission, le vice ou le piège à gogos. Et puis ça m’occupe quelques instants.

    Cependant je ne vais pas discuter sur le fond mais plus exactement sur la forme de l’une de ces professions de foi, celle de la candidate de « Debout la République » présentée sous le patronage éclairé de Sa Majesté Nicolas Dupont-Aignan.
    J’ai donc commencé par le recto puis achevé par le verso comme tout être normalement doté de logique et d’une bonne paire de lunettes.

    Au verso, je lis dans la rubrique « 7 priorités pour la France », paragraphe « rétablir l’école du mérite » la chose suivante :

    « Donner un avenir à la jeunesse en passant l’apprentissage du français en primaire de 9h à 15h par semaine… »

    Cette mesure parait louable même s’il est permis de se demander si 15heures de français pas semaine ce n’est pas excessif pour des gamins qui ont entre 6 et 11 ans et que d’autres matières tout aussi nécessaires à leur apprentissage culturel doivent également leur être dispensées, histoire, géo, arithmétique etc.
    .
    Mais le problème que j’ai relevé n’est pas là. En effet, si je reviens au recto de la profession de foi, je lis la phrase suivante :
    « Cette candidature, je la FAIT sans arrière-pensée… » (sic)

    Alors, indubitablement, la candidate qui ne sait pas conjuguer le verbe faire au présent de l’indicatif n’a pas du avoir suffisamment d’heures de français lorsqu’elle était en primaire. Je FAIS, tu fais, il fait etc… A la lumière de cette faute flagrante d’accord entre un verbe et son sujet, je comprends désormais mieux sa proposition. Ce n’est pas 15 heures mais au moins 20 heures par semaine qu’il lui aurait fallu dans sa jeunesse ! Et sur un document diffusé à des dizaines de millers d’exemplaires, ça fait désordre, ne croyez vous pas ?. Ou alors est ce pour apporter la preuve que, du rédacteur à l’imprimeur en passant par la candidate, leur connaissance de la grammaire française est particulièrement déficiente.
    Monsieur l’ancien instituteur ne me contredira pas, je pense… 😉

    Compte non tenu, en outre, qu’il y a une grosse faute de vocabulaire car « on ne fait pas une candidature » mais on la présente, on la dépose ou on la propose, on la soumet etc.
    Voilà, c’était mon quart d’heure pinailleur…

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