Extraits discours remise de la légion d'honneur (3) : "Le coeur de la famille"

Permettez-moi, de vous dire le plus sincèrement du monde : ce fruit rouge de l’honneur n’aurait jamais existé sans ma rencontre avec Marie-Claude, mon épouse, au bal de l’École normale, quand Jean-Marc Rebière au piano, Alain Mano, Francis Garcia, André Rey, Bernard Castaing  entamèrent  « Tombe la neige »… ma chanson climatique référence.

 

Marie-Claude est  celle qui aura davantage partagé en 45 ans mes absences que mes présences. Elle a admis que mes passions n’étaient pas contradictoires avec celle qui nous avait réunis. Elle a toujours accepté de passer après celles et ceux qui avaient besoin de moi. Souvent elle a souffert des trahisons, des injures,des erreurs.Ma souffrance est la sienne.

 

Je lui ai volé tellement de temps, je lui ai tellement laissé assumer de soucis, je lui ai tellement imposé d’absences, d’abord avec le Syndicat national des instituteurs, creuset de ma formation avec Charles Champeau, André Peyré, Chaude Nougaro, Jacques Lalanne, puis avec mon engagement mutualiste aux côtés de Marc Boeuf, mon passage à la politique en 1974 dans le sillage de Michel Rocard, et où j’ai retrouvé Pierre Garmendia, Philippe Madrelle, mon goût immodéré pour le milieu associatif, que je me sens coupable de lui avoir volé notre vie commune.

 

Elle a traversé tant de moments d’inquiétude, de doute, que je voudrais lui confier cette légion d’honneur pour la persuader que c’est essentiellement la sienne.

 

Sans elle, elle n’aurait jamais fleuri sur mon veston.

 

Marie Claude a traversé des périodes très dures, elle a connu l’angoisse et baigné dans la douleur mais jamais, absolument jamais, elle n’a remis en cause mon engagement au service des autres. C’est à son honneur ! Elles ne sont pas nombreuses, les femmes qui acceptent ce rôle ingrat !

 

Et mes enfants, Christine, Hélène, Silvain, je leur demande de considérer que cette décoration ne m’exempte pas de leur avoir souvent, trop souvent manqué. Ils ont été mes meilleurs soutiens car leur réussite m‘a persuadé qu’ils n’avaient pas besoin de moi pour grandir. Je les aime et être décoré devant Lea et Julien, mes petits enfants me rend encore plus fier et heureux. Ils garderont un vision active et solidaire de Papidou et surtout ils sauront que lorsque l’on a pris un engagement il faut le tenir. A n’importe quel prix !

 

Je souhaite simplement qu’ils comprennent comme leur mère, comme leur grand-mère que l’enfer ce n’est pas les autres (tant pis pour Sartre) et que le bonheur c’est au contraire de savoir agir, construire, se battre, aimer, partager, dialoguer, avancer avec les autres, pour les autres et par les autres !

 

Je leur dédie comme à mes belles sœurs, mes beaux-frères, ma merveilleuse et malheureuse belle-mère sur son lit de souffrance et à mon beau-père disparu, ce symbole de ce que la société considère comme une réussite : avoir su partager avec eux et avec tous. (…)

 

 

Cet article a 2 commentaires

  1. jle

    Bel hommage à votre resplendissante et souriante épouse .

  2. gege31

    Reconnaissance méritée mais hélas trop souvent galvaudée … TOUS les hauts fonctionnaires l’ont alors que trop souvent ils ne justifient en rien cette reconnaissance. Et les sportifs payés à prix d’or ? Et enfin PAPON …. Qu’importe, pour ne pas vous connaître mais pour vos lire régulièrement vous pouvez légitimement être fier, seuls des gens comme vous nous redonneront envie de voter à gauche car, pour l’instant, le moral n’y est plus au point de comprendre ce qui ont voté FN. Si le PS continue son matraquage fiscal il va droit dans le mur !!!

Laisser un commentaire