Le proxénétisme politicien met Léonarda sur le trottoir médiatique

Ils sont tous là, la lippe heureuse, la langue enchantée, le regard ravi et surtout heureux de dénicher la bonne opportunité de se faire une notoriété par un bon mot, une outrance verbale, un geste qui choque. Les « proxénètes » de la vie politique sont tous de sortie. Ils se régalent à l’avance des bienfaits pour leur notoriété que va leur procurer une jeune gamine prise dans un tourbillon médiatique qu’elle ne maîtrise pas du tout. C’est une proie facile que cette jeune collégienne discrète dont personne ne connaît véritablement la personnalité mais que les maquereaux des médias traînent sur le trottoir de l’actualité abusant de sa crédulité, de sa jeunesse, pour la transformer en otage de leurs querelles, de leurs outrances verbales, de leurs bons mots ou de leur cinéma de vierges effarouchées ! Pas plus que les débiles qui l’ont arrêtée, ceux qui se servent de cette grave erreur morale n’imaginent qu’une jeune fille, immigrée de surcroît, puisse être traumatisée par ce folklore indécent.

En fait, c’est à un strip-tease de sa vie que se livrent les journalistes réputés respectueux de la vie privée. Et là, en plus, c’est une mineure que l’on livre en pâture à une opinion publique lobotomisée par les idées réactionnaires de la Droite et paradoxalement prête, comme à Brignoles, à partir à la chasse aux mauvais immigrés qu’il faut renvoyer chez eux ! Paradoxe terrible qui illustre la bêtise de ces meutes qui pratiquent encore la chasse morale à l’étranger, sauf quand il est… bien ! C’est-à-dire un concept fou, générant une peur irraisonnée qui sert les intérêts des manipulateurs de masse.

Immédiatement, on exploite cette faute républicaine grave de fonctionnaires de police, dont on peut se demander s’ils sont cons à ce point ou s’ils l’ont fait sciemment. A Paris, les manifestants – 7 000 selon la Fidl, et 2 500 selon la préfecture de police – sont partis de la place de la Nation en fin de matinée et sont arrivés en début d’après-midi aux abords du ministère de l’Intérieur. Dans le cortège fusaient des slogans contre Manuel Valls tels que «Khatchik en France, Valls en Arménie», ou encore «Valls dehors». Un manifestant a été interpellé pour jets de projectiles, et la police a fait usage de bombes lacrymogènes envers les jeunes les plus agités. Puis le cortège s’est dispersé en milieu d’après-midi, sans autre incident.
«On veut montrer au ministre de l’intérieur que ce n’est pas normal d’expulser des élèves de l’école de la République, dont les valeurs sont l’intégration et le vivre ensemble», a commenté Yvan Dementhon, président de l’UNL. Ces jeunes là, que voteront-ils aux municipales ? Iront-ils défendre les maires de gauche qui acceptent les enfants des sans-papiers dans leurs écoles et leurs services communaux ? Se déplaceront-ils aux Européennes pour réclamer une autre Europe ouverte, accueillante, consciente des bienfaits de l’immigration raisonnable ? Inciteront-ils par leur défilé leurs parents à voter, à rester des citoyens et pas seulement des consommateurs de la vie politique ? Dénoncent-ils la dérive des prises de position surréalistes des donneurs de leçons de tous bords ? Sont-ils prêts à aider les sans-papiers qui survivent à côté de leurs lycées ?

La jeune qu’ils veulent défendre, si on lui donnait la nationalité française, serait certainement plus mobilisée qu’eux pour défendre la démocratie à laquelle elle aspire. En attendant que se calme la tempête absurde, et que l’on examine sereinement une situation beaucoup plus trouble qu’il n’y parait, on s’aperçoit que les proxénètes sont allés vite en besogne. Le père de la jeune collégienne explique en effet avoir menti aux autorités françaises, en affirmant que toute sa famille était originaire du Kosovo. En réalité, lui seul est né dans ce pays. sa femme et ses enfants sont tous nés en Italie, et sont donc citoyens européens… non expulsables ! « Nous avons demandé l’asile en France et nous ne pouvions pas montrer nos papiers italiens. Nous avons dit que nous avions fui le Kosovo », explique Reshat Dibrani à l’agence Reuters.
Cette information est confirmée par un responsable kosovar, sous couvert d’anonymat. « Nous ne savons pas quoi faire avec cette famille. Elle n’est pas du Kosovo, il n’y a que le père qui soit né ici ».

La vie de la victime de l’absurdité de l’administration, aveuglée par ses statistiques repose sur des bases fragiles et sur un marécage d’incertitudes. Elle offre le profil parfait de la jeune fille que l’on peut s’expédier à la face, car elle ne réagira pas…et on sait fort bien qu’elle ne sera jamais écoutée si elle appelle à la mesure, au respect et à la dignité. Rien ne rebute les maquereaux de la vie politique qui relèvent tous les soirs les compteurs de l’exploitation de leur patrimoine médiatique. Aujourd’hui Léonarda… Demain une autre !

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