Les enfants oubliés par une société refusant de les voir !

Le débat sur les rythmes scolaires au Congrès des Maires sera selon les prévisions, révélateur de la vision politique de l’école. Quels que soient les griefs que l’on puisse nourrir à l’égard du projet Peillon il a certains mérites que personne n’ose défendre face à une vision terriblement inégalitaire de l’enfance.  Les parents les plus contestataires considèrent en effet qu’à coté de l »acquisition du savoir les autres éléments de la constitution d’une « tête bien faite » est aisée pour tous les enfants. Une erreur dramatique qui renforce l’exclusion, l’échec social et pas nécessairement seulement scolaire et qui maintient une préparation de l’avenir à plusieurs vitesses. Et les élus locaux plutôt que de se préoccuper de celles et ceux qui ont accès aux outils culturels, sportifs, citoyens ou environnementaux feraient mieux de profiter de cette réforme pour donner une place aux « absents » de ce processus dans la vie locale.Ayant durant 6 ans présidé l’association départementale des Pupilles de l’enseignement Public je sais pertinemment que l’école oublie totalement les raisons d’une « fatigue », d’un « mal-être », d’une « agressivité », d’une « absence ». Suppression des assistantes sociales scolaires! Fin des collecte de solidarité (cotisation aux Pupilles)! Contact institutionnel avec les familles en décalage total avec la réalité. 

Or il faut seulement lavoir le courage de ne pas tenir compte des préoccupations de nantis pour penser aux autres. Quand certains n’ont rien à part la télévision pour évoluer d’autres accumulent les atouts grâce aux « moyens » intellectuels et financiers de leurs familles. Les détails seront toujours plus importants que l’essentiel dans une société des apparences. Ainsi à l’occasion de la journée des droits de l’enfant, l’Unicef dresse un état des lieux de la jeunesse en France intitulé « Ecoutons ce que les enfants ont à nous dire« . Ce rapport plutôt accablant qui révèle notamment qu’ils sont encore trop nombreux à être en situation « préoccupante », voire « extrême », d’exclusion sociale. Une situation qui peut avoir de sérieuses répercussions sur leur avenir, scolaire et personnel. Et pour eux le temps d’activité périscolaire reste une chance unique de rattrapage d’une carence que la France finit par payer beaucoup plus cher que le montant du fonctionnement prévu de l’aménagement des rythmes scolaires.

Le 20 novembre est dédié aux droits de l’enfant. A l’occasion, l’Unicefun rapport sur les conditions de vie des mineurs en France. L’étude, réalisée conjointement avec l’Institut TNS Sofres, est la première du genre et de cette envergure. Elle a été menée auprès de 22500 jeunes de 6 à 18 ans, dans 70 villes, et repose sur un questionnaire de 133 questions sur la vie quotidienne. Et les résultats sont aussi accablants que cette étude a été longue (6 mois). Rendue publique aujourd’hui, elle révèle en effet que 17% des enfants se trouvent dans une situation « jugée préoccupante » d’exclusion sociale. 7% d’entre eux souffriraient même d’une « exclusion extrême ». Qui pensent à eux ? Qui se soucie de leur évolution dans un monde impitoyable ? Qui évalue combien d’entre eux seront en échec social à l’âge adulte ? Ces parents qui cherchent à savoir si les activités d’arts plastiques ou les jeux de cour sont utiles à leur progéniture épuisé par le rythme de vie de leurs parents ont-ils eu connaissance de ces statistiques alarmantes sur un pays où la misère n’est pas que seulement matérielle ?

Cette marginalisation dès l’enfance peut se manifester tant au niveau scolaire ou familial qu’à l’échelle d’un quartier ou d’une commune rurale. Comme l’indique le rapport, ces niveaux d’intégration sociale sont fortement corrélés et dépendent également des conditions d’existence, comme l’accès au soin, le niveau de privation, les activités sociales… Ce dernier est d’ailleurs particulièrement élevé puisque 14,5% de ces jeunes Français estiment subir une situation de grande ou d’extrême privation. Bien que ce ne soit pas surprenant, l’étude confirme donc que leur condition de vie se dégrade proportionnellement au niveau de pauvreté ressenti. En effet, La précarités’accompagne généralement d’un éloignement du système de soins et de la vie en collectivité. Ils sont parfois « isolés » au milieu de la foule !

Ainsi, 42% des enfants qui se sentent exclus socialement vivent dans une grande privation économique, par exemple : ils n’ont pas de chambre pour eux seuls, ne possèdent pas deux paires de chaussures ou estiment qu’il fait froid chez eux. Enfin, 5% des enfants interrogés disent ne pas manger 3 repas par jour. D’autres regardent leurs copains aller au foot, au hand ou à la ludothèque…. Eux sont confinés dans un quotidien médiocre marqué par des heures de dessins animés débiles mais certainement que l’école seule réparera tous ces méfaits !  Michèle Barzach, qui ne peut-être suspectée d’être socialiste,  présidente de l’Unicef, « La France est l’un des pays de l’OCDE qui dépense le plus pour ses enfants, sa protection sociale et son système éducatif« , elle ne parvient pas à prendre soin « des plus vulnérables« . « Les inégalités se cumulent et cela constitue une menace envers l’avenir, s’alarme le sociologue Serge Paugam, co-auteur de l’étude. Que deviendra notre société demain si nous ne sommes pas capables d’arrêter la reproduction des situations d’exclusion ? » ​Mais plus que des reproches, ce rapport propose des pistes de réflexion afin d’être plus à l’écoute des mineurs. Le but de cette étude est « un outil pour que les politiques publiques puissent combattre de manière plus efficace les conséquences de la pauvreté chez les enfants et enrayer ainsi le cercle vicieux de l’exclusion« , explique Michèle Barzach. Il faudra l’expliquer aux maires qui vont vociférer demain dans l’auditorium du congrès des Maires sans espoir de les persuader que els enfants sont plus précieux que leurs querelles politiciennes.

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