Communes : au mieux l'hibernation au pire la réaction !

20° congrès des Maires consécutif auquel j’assiste toujours sur mes deniers personnels ! C’était le dernier avant de passer la main à des relèves ayant certainement une autre vision de la vie publique que la mienne. Et c’est heureux ! Près de 40 % des présents feront de même dans 4 mois demain ce qui donnait un climat particulier à toutes les réunions que j’ai menées ou auxquels j’ai assisté. C’est passionnant d’aller de salle en salle quand on n’est pas sur scène et de tendre l’oreille au milieu de l’assistance en écoutant les interventions. On peut en effet supposer que celles et ceux qui réclament le micro sont des élus qui tenteront leur chance aux prochaines échéances électorales car je les vois mal décliner toutes leurs réussites ou protester avec véhémence quand ils pensent rester à la maison fin mars 2014. On peut donc percevoir les évolutions des visions de ce mandat en écoutant simplement la manière dont sont abordés les sujets par ces « redoublants » potentiels : la France s’englue lentement dans l’inaction absolue !  Il y a toujours en effet pour eux un responsable, un fait, une mesure, une structure qui paralysent l’initiative ! Rien n’est possible dans ce pays car pêle-mêle il y aurait des dizaines de blocages pour freiner et stopper l’initiative d’élus qui ne demandent si on les écoute qu’à agir, investir, équiper, innover… Rien ne peut avancer alors qu’ils ont des projets à la pelle.Du gâchis !

En fait le premier obstacle invoqué partout et tout le temps est le même dans toutes les salles : « on ne nous donne pas (ou plus) les moyens et donc nous ne pouvons plus répondre aux besoins ! ». Ce fut quasiment un leitmotiv. Le corollaire est toujours le même : « je ne peux pas augmenter la fiscalité qui est déjà très élevée chez moi ! ». Et ne comptez pas sur moi pour le faire. C’est l’Etat qui doit nous aider ! Donc je tape, quand je suis contribuable sur le gouvernement et plus largement sur l’Etat qui me prive de ressources qu’il obtient en augmentant lui des… impôts que je ne veux pas payer ! Je réclame en revanche comme élu des moyens supplémentaires à un Etat qui lui ne doit pas augmenter ses impôts ! Comprenne qui pourra sauf s’il est partisan et surtout poujadiste. On nage en plein paradoxe ! Surtout que la seule préoccupation des « renouvelables » c’est d’afficher que eux, sont de bons gestionnaires car ils savent tout faire sans augmenter la « pression fiscale » grâce à ce que leur… donne les « autres ». Ils sont surtout pas des adeptes du principe : « aide-toi le ciel t’aidera ! »

Pas un seul atelier sans que les finances viennent dans les discussions. Les investissements seront catastrophiquement bas en 2014… mais dans le fond le pays ira mieux car on affichera localement une augmentation faible des contributions au maintien de l’emploi et à la croissance ! Sur le fonctionnement on va vers des arrêts des contrats des emplois, vers la diminution du nombre de fonctionnaires mais… avec une revendication récurrente de maintien de tous les services au public sur tous les territoires. Des bureaux, sans personne à y mettre mais des bureaux tout de même sont réclamés partout aux services de l’État ! Bien évidemment chaque élu vient expliquer une situation particulière aux ministres présents nécessitant une exception à la règle ! Les demandeurs retourneront fiers d’avoir posé leur « problème » afin d’expliquer ensuite que si elle n’est pas satisfaite c’est de la faute au gouvernement.

Le carcan des ratios, des taux, des normes, des règlements conduit les élus au découragement. Il faut répondre aux besoins contradictoires sous le regard des tribunaux, des cours diverses, des tutelles, des experts, des contrôleurs, des inspecteurs toujours présents et désormais la mise en œuvre d’un projet ressemble à un parcours d’exercice militaire pour troupes de choc. Impossible de ne pas soulever des oppositions individuelles, des avis défavorables collectifs, des sentences sans merci, des refus de commissions diverses, d’experts en tous genres…Et les maires qui s’expriment n’en peuvent plus de cette constante révolte larvée contre l’intérêt général. Certes tout est améliorable mais tout n’est pas condamnable ! Il faut plus de trois ans en moyenne en France pour décider d’un équipement et le réaliser. A chaque congrès c’est un torrent de protestations contre cette réalité et il y a fort à parier que dans 20 ans il en sera toujours ainsi !

Les maires sont désormais au cœur d’une toile d’araignée sociale épouvantablement épuisante mais une majorité si plait.  Telles les mouches ils s’épuisent à se détacher d’intérêts divergents dans une société de plus en plus parcellisée ! Ils dénoncent la perte de leur pouvoir « moral » sur un monde égoïste et l’exemple des rythmes scolaires sert de révélateur à cette nouvelle donne : il leur faut maintenir le cap de la réussite des enfants sans se mettre à dos les enseignants, sans déranger les habitudes des parents, sans dépenser l’argent des contribuables n’ayant plus d’élèves et donc sans augmenter les impôts pour un nouveau service, sans dépouiller les associations, sans s’attirer les foudres de leurs collègues qui refusent de le faire… et en respectant les avantages acquis des personnels. Bien évidemment c’est totalement impossible et le refuge de l’élu se situe alors comme dans de plus en plus de domaines dans l’inaction mise sur le compte d’une réforme « inapplicable », » trop chère », « infondée », « inutile » et « venue dans haut » !

Ce congrès beaucoup plus que les autres aura donc été réactionnaire dans ses attitudes générales et il augure d’élections municipales encore plus « négatives » que celles de 2008 ! On reprochera davantage aux sortants « d’avoir fait » que d’être restés » inactifs »! Bref celles et ceux qui ont le plus de chances d’être élus ou réélus seront celles et ceux qui démoliront au nom des ratios et celles et ceux qui prôneront l’immobilisme au nom des taux impôts ! Il y aura même une catégorie qui ira plus loin en promettant beaucoup et en expliquant que si elle ne le fait pas c’est de la faute des autres et notamment du gouvernement ! C’était une évidence.

Cette publication a un commentaire

  1. atelier amabati

    Et bien, Monsieur le Maire, nous voici donc, avec vous en première ligne, face à un ennemi tentaculaire.
    Et ce au sens le plus précis du terme, jusqu’au bout des ongles, qu’ils ont fort crochus, le malin.habite les êtres…
    C’est tout de même un comble que ceux qui ont pour sale habitude de commerce politique de dénigrer tout ce qui n’est pas productif sur cette Terre, comptent sur l’inaction pour être élus !
    « Ceci n’est pas un Pipe » disait et peignait Magritte !
    Il semblerait que nous devrions en tirer leçon, et soutenir que le port du ruban bleu blanc rouge ne sert pas qu’à s’essuyer la bouche entre deux bons mots, au restaurant..

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