Pisa démontre les dégâts d'une vision UMP de l'éducation

 C’est fait le « Pisa » est livré et il y a à boire et à manger ! Chacun y trouvera bien entendu des raisons de taper sur l’école publique en exploitant facilement un constat global que bien évidemment on déclinera au local au moindre problème. Les risques sont grands de commenter ce type de résultats surtout que l’on sait que les françaises et les Français ont la mémoire courte… très courte.

D’abord qui rappelle l’âge des enfants sur lesquels portent l’étude ? Or c’est décisif pour être objectif et surtout mesuré dans ses appréciations. En effet il s’agit d’une évaluation du niveau des collégiens de 15 ans ! Or ces élèves sont entrées en maternelle à la rentrée alors que l’UMP était en place dans la durée. Au gouvernement on trouve un Ministre du nom de Xavier Darcos et ensuite François Fillon, Gilles de Robien, Luc Chatel… Ces gamins n’ont connu que des suppressions de postes, des programmes bouleversés, des moyens financiers en diminution constante, des enseignants sans aucune formation…et bien évidemment les responsables sont les socialistes et notamment Vincent Peillon avec les rythmes scolaires en place depuis 8 semaines ! Une caricature d’un problème grave et même angoissant. Le recul de 3 places n’est pas le fruit de je ne sais quelle malédiction mais bel et bien celui d’une régression calculée, méthodique et volontaire de la part des tenants d’une école privatisée conformément aux contraintes européennes. Il est même acquis que si Sarkozy était resté on serait dans une situation encore plus critique.

L’école figure désormais « dans la moyenne » des pays de l’OCDE, au lieu de se maintenir dans le groupe des pays les plus performants. Plus inquiétant : dans les classes, l’écart ne cesse de se creuser entre les forts en thème et leurs camarades en difficulté. « Les meilleurs restent très bons et l’échec lourd touche essentiellement un public défavorisé qui ne prend jamais la parole, complète Christian Forestier, ancien inspecteur général de l’Education nationale et fin connaisseur du système. C’est sans doute pour cela qu’on a longtemps pensé que notre système était super. En fait, il est le meilleur… mais pour la moitié des élèves seulement. » L’écart se creuse mais il est déjà présent dès la maternelle ! Suppression de l’accueil des 2 ans ; disparition des RASED ; absence d’incitations à s’ouvrir à la culture, au partage social ; accumulation des écrans passifs et surtout difficultés sociales occultant tous les efforts de l’école : les vrais raisons sont là ! Il est impossible que le système éducatif répare tous les dégâts de la société commis durant une décennie. Le laisser accroire c’est tout simplement mentir.
D’après l’OCDE, les efforts portés par le gouvernement actuel, pour une meilleure formation des enseignants notamment, va dans le bon sens. D’autres mesures, comme une plus grande personnalisation de l’aide aux enfants en difficulté, attendent encore car c’est un problème de pédagogie et pas de moyens. Leurs effets éventuels ne pourront de toute façon se vérifier que sur la prochaine génération… dans une quinzaine d’années. Les enfants qui naîtront en 2014 permettront de vérifier si la gauche a été aussi lamentable que le prétendent certains dans ses choix récents en matière de réforme. La seule certitude c’est que les pays ultra-libéraux ne brillent pas par la qualité de leurs résultats puisque les chutes record concernent l’Australie qui passe de la 9e à la 19e place et les États-Unis qui tombent du 17e au 36e rang! Quant au fameux modèle finlandais, tant vanté pour son évaluation par compétences et son recours très limité aux notes- il tombe, de fait, à la 12e position. Il n’y aurait donc pas de référence miracle sauf celle que le niveau de confiance que la Nation met dans son système éducatif.

A quand un grand débat sur la place que doit avoir l’école dans l’évolution de l’enfant. Quels sont ses objectifs ? Quantitatifs ? Qualitatifs ? Une sorte de Grenelle qui mettrait tous les partis concernés face à leur responsabilité. Combattre des réformes indispensables devient archaïque et surtout d’une autre époque. Avoir le courage d’affirmer aux familles que, sauf changement fondamental, l’école ne remplira plus du tout sa mission. Globalement, dans la lignée de l’étude 2009, l’étude 2012 pointe en effet une France où l’écart se creuse entre les élèves très performants et peu performants (cet écart est de 256 points, contre 239, en moyenne, dans les pays de l’OCDE). Une France sauvée donc, par ses bons élèves. Cette élite scolaire (où est -elle scolarisée?) se distingue également par une importante corrélation entre le milieu socio-économique et la performance. Ainsi, parmi les 65 pays participants, le milieu socio-économique influence tout particulièrement la performance des élèves en France, plus que dans la majorité des autres pays (en dehors de la Bulgarie, du Chili, de la Hongrie, du Pérou, de la République slovaque et de l’ Uruguay…). Dans l’hexagone, les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de rejoindre le groupe des élèves en difficulté (en mathématiques, ils sont 43 % dans les niveaux les plus faibles, contre 16 % en Australie et au Canada) que les autres.

Confirmant des tendances précédemment relevées, la France s’illustre enfin par l’important niveau d’anxiété de ses élèves, sa forte proportion de reboublants (28 % des élèves de 15 ans ont redoublé au moins une fois contre 12 % en moyenne dans l’OCDE), et une discipline qui est parmi les moins respectée. Mais dans le fond pourvu que les enfants des classes aisées réussissent et reproduisent les résultats de leurs parents, le reste n’a aucune importance. La réussite par « marcottage » est la seule qui permet de sauver les apparences d’une école républicaine.

Cet article a 3 commentaires

  1. Eric Batistin

    Le port obligatoire d’un uniforme a pour désavantage de laisser à chacun le goût amer d’être séparé de ses racines.
    C’est ce que l’on nomme donc l’uniformisation !
    Pourquoi donc, en lieu et place d’un uniforme à la coupe militaire, l’école laïque et républicaine avait choisi la blouse de toile grise, blouse obligatoire, portée par tous les élèves du secondaire ?

    Pour une raison simple, donner la chance à tous de n’être pas poursuivi jusqu’au sein de la famille républicaine par des racines trop marquées.
    Fils d’ouvrier ou fils de patron n’avaient alors sous cette blouse pas plus de repères et de signe distinctifs qu’ils n’en auraient eu le cul à l’air !
    Ce qui donnait à tous l’opportunité, un cul étant un cul et une blouse une blouse, de briller uniquement par leur intelligence .

    Aujourd’hui Decathlon ou Jean-Paul Gaultier façonnent l’avenir tout tracé de gosses destinés à ne trouver à l’Ecole que de quoi certifier leur appartenance.
    Le passage obligatoire n’est finalement que temps perdu puisqu’il n’offre à la sortie que le retour au pied de l’arbre familial.
    Autant pour ceux destinés à un travail d’esclave que pour ceux qui hériterons de l’usine.
    L’école républicaine n’est plus que l’antichambre d’une vie tracée de force par quelques attributs inaccessibles ou superflus, selon si l’on est d’un camp ou l’autre.

    L’uniformisation venait, c’est extraordinaire, au service de la diversité et offrait à la nation, donc à nous tous, la chance de découvrir quelques esprits libres et élevés.
    La liberté virtuelle de s’habiller à sa guise n’aura libéré que les canons.
    Les canons de la beauté à la mode.

    Un des combats de l’école laïque porte sur l’interdiction de signes religieux distinctifs.
    Mais aucun combat n’est engagé pour interdire l’accès du libéralisme commercial au sein des salles de classes.
    Il s’agit bel et bien pourtant d’une religion aussi, puisque c’est un point de vue qui n’est pas partagé par tous.

    Mais communément admis comme inévitable !

  2. Claude MEFIANT

    As-tu aussi remarqué que l’école est devenue très bureaucratique ce qui a détourné les enseignants de leur mission première ?

  3. J.J.

    Résultats on ne peut plus prévisibles quand on a pu observer les mesures visant à étrangler l’enseignement public, alors que l’enseignement confessionnel a bénéficié de privilèges éhontés : une politique voulue clairement par le petit chanoine du Latran.

    Mais bien sûr d’aucuns vont nier l’évidence et comme d’habitude gloser sur l’impéritie des enseignants, fonctionnaires, donc privilégiés, toujours en grève et étiquetés « à gauche »….
    On connaît la chanson.

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