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C’est certain le menu de la fin d’année sera forcément indigeste… et ce n’est pas du tout la faute des chefs étoilés ou simplement héritiers des traditions culinaires familiales. Il sera forcément délicat d’inscrire sur le menu avec paillettes, des « quenelles » de quoi que ce soit ! Il ne faut pas exagérer cependant car il y a désormais une bonne partie de la population française qui apprécie ce type de plat et qui ne voit pas de raisons de se priver du plaisir de le déguster mais il en existe de plus en plus qui de déteste pas la recette Dieudonné ! Il serait en effet extrêmement désastreux de penser qu’en France tout le monde à envie de vomir en voyant ce maître-queux de tripot idéologique proposer sa sauce brune. Aucune manifestation, aucun appel, aucune mesure n’enlèvera l’ignorance civique dans lequel vit notre pays depuis des décennies.

Le mal est profond, très profond et il n’y a que les élites intellectuelles, médiatiques ou politiques qui n’en ont pas conscience car ils ne se ravitaillent en analyses que sur des sondages le plus souvent avariés. Rien ne vaut la prise d’un café dans un bistrot anonyme, un tour de marché, une discussion dans un repas de seniors, une présence dans une tribune de stade ou un échange avec des jeunes éméchés pour comprendre que le menu proposé par celui qui se qualifié d’humoriste alors qu’il n’est qu’un exploiteur des pires ressorts de l’esprit humain. Il a trouvé le filon et comme tous les gourous des sectes il l’exploite à son profit. Inutile donc de le transformer en martyr… afin de lui offrir un fonds de commerce encore plus prospère. Tous les démentis, tous les communiqués, toutes les prises de position ne serviront à rien car elles ne sont que des réactions et elles arrivent toujours trop tard. Tout est reste une affaire d’éducation et d’information et surtout pas de répression individuelle médiatisée. Mais le problème c’est que la France se retrouve face à une crise aiguë qui nécessite désormais de la chirurgie d’urgence ou des remèdes de cheval.

Partout sur les réseaux sociaux fleurissent les allusions, les sous-entendus racistes ou anti-républicains mais ils ne sont jamais formulés ouvertement. Infos reprises en boucle ou diffusées sans aucune barrière, désinformation volontaire, suspicion permanente et surtout négation absolue de toute pédagogie citoyenne pour se cantonner aux apparences entraînent l’opinion dominante vers le degré zéro de la vie sociale. La haine ne prospère que grâce à l’appropriation simpliste d’images ou de phrases caricaturales par des jeunes et surtout des moins jeunes qui refusent la raison pour se positionner sur des émotions. Dans une grande galerie marchande je rencontre un ancien combattant d’Algérie qui vient discuter avec moi pendant que son épouse fait les boutiques. Dialogue :

« – Y’a du monde pour un vendredi ? Et on dit qu’il n’y a pas d’argent en France !

• Oui mais beaucoup se promènent en famille. Et ce qui n’ont pas les moyens ne viennent pas ici !
• Ceux-là c’est facile il faut tous les renvoyer en Centrafrique ! Ils verront s’ils sont mieux là-bas ! (…) »
• Je préfère arrêter là mais il n’y a plus aucune retenue, aucune frontière, aucune modération dans l’expression. Il suffit d’exploiter par l’outrance ce champ libre offert par des années de « négationnisme rampant ou dissimulé » pour récolter. L’inventeur de la « quenelle » n’est en définitive qu’un « exploitant » (ou mieux un exploiteur) de ce laisser-aller général souvent maintenu uniquement pour des calculs électoralistes. Croire que ce sera facile de revenir en arrière relève de l’approche qu’un enfant a d’un conte de fées. La lutte du « bien » contre le « mal » ne correspond plus à notre époque… et personne n’a cette référence même dans les milieux les plus propices à cette référence. Il faudra des décennies avant que le pays retrouve sa lucidité et refasse confiance aux valeurs républicaines. Panurge, escroc, menteur, faux médecin, était selon Rabelais le faire-valoir de Pantagruel, pour finir par lui voler la vedette dans le Tiers Livre. Parmi ses hauts faits, le plus célèbre reste d’avoir jeté un mouton d’un bateau, afin que le reste du troupeau se jette à la mer… « L’empoisonneur » des esprits utilise sa « quenelle » comme Panurge a utilisé son mouton ! Il a reçu aujourd’hui l’appui d’une image qui va faire le tour du monde, celle d’un ancien porteur du maillot bleu de l’équipe de France de football qui s’est illustré davantage par son comportement extra-sportif que pas son talent… et son intelligence ! N’empêche que durant tout le week-end, en boucle sous tous les angles, on montrera à celles et ceux qui ne le savaient pas encore comment ils peuvent passer à la télévision grâce à un geste débile dont ils ne mesurent même pas l’importance. A quand les jeunesses de la « quenelle » installées dans les tribunes des stades pour soutenir le martyr du show-business ? Dans peu de temps. L’année prochaine !

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