2013 : le culte frénétique de la croissance a tué la citoyenneté !

indicateur-croissance-371pnC’est certain : toutes les rétrospectives de l’année écoulée sont bâties à partir de faits successifs retenus ou oubliés par l’opinion dominante forgée par des médias se servant uniquement de l’image comme support. La vitesse avec laquelle ils se succèdent renvoie vite le « proche » (quelques mois) dans la mémoire, à un passé lointain. Qui se souvient réellement de ce qui a bien pu se passer en janvier 2013 dans l’actualité nationale ou internationale ? Faites le test ! Le temps dilue en effet l’importance des faits pour vite les reléguer aux oubliettes de l’histoire. Quand on regarde en arrière il vaut donc mieux tenter de dégager une tendance générale dans une société qui avance de manière chaotique ou par soubresauts plus ou moins violents. Et ensuite puiser dans le quotidien passé des illustrations de cette loi de l’évolution conduisant inévitablement vers des désillusions ou des réussites !

En 2013 la perte de la « citoyenneté responsable » aura constitué la véritable épine dorsale des mouvements constatés en France. Désagrégation des partis politiques, stagnation voire usure des syndicats, détérioration de la notion de solidarité, montée en flèche de la défense des intérêts particuliers avec la négation de l’intérêt général seulement valable pour les autres, destruction méthodique de la démocratie représentative, montée en puissance via internet de la désinformation, culture de l’indifférence : la liste est angoissante. Sous chaque fait de la vie sociale on retrouve l’un des ces aspects voire deux ou trois réunis. La perte totale de confiance dans les rouages historiques du mécanisme sociétal se généralise entraînant un basculement vers le spontanéisme approximatif ou les organisations éphémères revendicatives. Bref la citoyenneté consciente, réfléchie, motivée est encore descendue d’un cran au cours des mois écoulés engendrant un pessimisme logique sur les échéances électorales des municipales et surtout des européennes !

On ne même plus parler de chute ou de baisse de la citoyenneté mais plus réellement de déliquescence de ce qui a fondé la République. Et ce n’est pas la relance de la « morale laïque » ou l’édition d’une « charte de la laïcité » qui gommera la triste décadence d’un principe fondateur du non asservissement du peuple. Partout le profit personnel, collectif, national, européen, planétaire a pris largement le dessus sur toutes les autres considérations. On reste indifférent à tous les domaines de l’activité humaine socio-culturelle sauf un : l’argent ! Peu importe le désastre éducatif, culturel, environnemental qui menace puisque l’essentiel est devenu la croissance ! Cette fameuse croissance qui doit sauver l’humanité de tous les maux qui l’afflige. En 2013 elle a été invoquée des milliers de fois dans tous les pays, sous toutes ses formes, dans tous les partis et aucune argumentation n’est recevable si elle ne repose pas sur cette « invention » du monde du profit !

En 2013 le coté gai et positif de cette fameuse augmentation de la demande et donc de l’offre a été largement altéré par le corollaire : l’austérité contrainte qui justement s’oppose à l’objectif initial. Pas une seule décision n’est pas guidée par cette « croyance » qui a envahi les esprits. On a encore pensé durant les derniers mois, qu’une inflation faible était une condition nécessaire et presque suffisante de croissance et de stabilité, que l’indépendance des banques centrales était le seul moyen d’ancrer la confiance dans le système monétaire, qu’un endettement et un déficit limité suffiraient à assurer la convergence économique des pays membres et qu’un marché commun dans lequel les capitaux et les personnes se déplaceraient librement serait gage d’efficacité et de stabilité. Toutes ces idées se sont révélées erronées et on continue pourtant à accréditer le fait que les citoyens ne peuvent pas s’intéresser à ces mécanismes réservés aux « économistes » ! Partout, en 2013, les politiques sont devenus des otages de « pseudos-techniciens ». Les premiers ont abandonné le vrai pouvoir pour le confier à leurs « geôliers » idéologiques !

La citoyenneté nécessitant une information directe, concrète, constante, pédagogique, hiérarchisée selon son importance réelle devenue inexistante, s’est trouvée démunie de toute « valeur » fondamentale. Elle n’est plus un « atout », un « devoir » mais elle est devenue « un alibi », une « répulsion »… et donc elle a lentement viré à la colère incontrôlée, catégorielle, matérielle, violente, hétérogène découlant de ce sentiment diffus que le contrôle de la République échappe totalement à ceux qui ont été élus pour l’exercer. En fait ce phénomène datant de la monumentale supercherie qu’a été le référendum sur le traité constitutionnel européen du 29 mai 2005 n’a fait que s’aggraver depuis la fin 2012. Jour après jour le fossé s’est creusé et il va finir par ressembler à un précipice.

2013 restera un moment essentiel avec ces déclarations hallucinantes d’élus ou de fonctionnaires refusant d’appliquer les lois, ces « politiciens » soutenant les pires mouvements anti-républicains, ces « corporations » s’impliquant dans des mouvements bric à brac, ces « extrémistes » niant toute valeur à la laïcité, ces opposants concentrés sur « un être vous manque est tout est dépeuplé » pour en définitive laisser le champ libre à la caste incontournable de la technostructure trans-partis qui survit à tous les séismes. La pauvreté a augmenté… la richesse a prospéré mais ils n’en ont cure car ils savent que la nature ayant horreur du vide politique elle leur a donné un pouvoir inégalé dans l’histoire. Ils ne sont pas près de le lâcher en 2014 !

Cet article a 3 commentaires

  1. Christian Coulais

    Ni décroissance, ni stagnation, le juste partage des richesses, matérielles pour une vie plus équitable de toutes et tous. Ne serait-ce que l’accès à l’eau potable, la nourriture journalière, à l’enseignement.
    Partage aussi de nos idées républicaines, avec l’acceptation de la différence de culture des autres peuples, avec la lutte pacifique contre la xénophobie, le racisme, le sexisme, les sectes religieuses, celles qui ont réussi et les autres, etc, etc. Bon courage à chacun en 2014.

  2. David Girard

    c’est parce que l’organisation du travail qui est totalement dépassée, inadaptée, que la croissance toujours invoquée par presque tous les partis politiques, parce que le libéralisme les plus indécent prospère et n’est que très peu mis en cause…qu’il ne sert plus à rien d’adhérer à cette démocratie qui sert à légitimer la dictature de l’économie système dans lequel sortent gagnants les exploiteurs, les destructeurs des écosystèmes et les marionnettes des lobbies les plus nuisibles, eh bien c’est décidé je ne voterai plus aux élections politiques, et je méprise d’autant plus les élections européennes. Faut détruire ce cirque d’hypocrites et reconstruire sur un partage du travail, de la prise en compte de la destruction environnementale dans la création de biens et services, arrêter de chercher à vendre le plus de bagnoles possible et feindre de se soucier des émissions de co2 dans l’atmosphère, imposer des barrières européennes aux importations de biens issues des industries les plus polluantes, interdire les camions de circuler sur des centaines de kilomètres pour vendre ce qu’on peut produire beaucoup moins loin, imposer l’écotaxe.

  3. Eric Batistin

    Puisque l’argent est notre seule philosophie,
    il est donc important,
    comme on lisait la Bible ou le Petit Livre Rouge,
    de savoir deux ou trois choses.
    L’argent est devenu une valeur qui se suffit à elle même,
    est acheté et revendu sans cesse,
    et est la source de revenu unique de toutes les plus grandes fortunes du monde.
    Ce qui veut dire, par voie de conséquence que le travail dans le sens commun où nous l’employons, c’est à dire la valorisation d’un savoir faire individuel, ne paiera plus.
    Les grands financiers n’ont que faire de l’humanisme, ni de ce qui fit la fierté de nos douces mères, voir leurs enfants se « réaliser ».
    Apprendre un métier n’a plus que le sens voulu par les banques, c’est à dire se transformer en travailleur esclave produisant des biens matériels en masse.
    Toute tentative de production valorisant une originalité culturelle est sévèrement découragée. Pour preuve, l’uniformité de nos villes, villages et galerie marchandes, et l’universalité de nos modes de consommation.
    En clair, l’argent a besoin de la circulation efficace et à moindre coût des biens matériels, qui doivent rentrer rentrer dans les boites formatées Colissimo ou autres.
    L’argent a aussi besoin de stabilité, et quoi de plus stable qu’un troupeau d’individus parqués, mangeant tous la même chose, rêvant tous la même chose, et n’osant quelques vagues et fantaisies qu’à condition que les fêtes surveillées mènent toutes à la galerie marchande. Meilleurs Voeux.

    Ci-après quelques petits extraits de notre nouveau livre de philosophie:

    « A l’origine de la plupart des propositions visant à sauver la « stabilité financière » comprenant la procédure inquiétante de bail-in, on retrouve, via le Conseil de stabilité financière, la Banque des règlements internationaux (BRI).
    Installée à Bâle en Suisse, cette vénérable institution, est une banque privée autoproclamée « la banque centrale des banques centrales », »

    et la procédure inquiétante de bail-in c’est ça:

    « A partir de 2016, la procédure du bail-in sera obligatoire. Cette procédure du bail-in consiste dans l’ordre à faire payer les actionnaires, puis à faire payer les détenteurs d’obligations bancaires, puis à faire payer les déposants qui ont un crédit supérieur à 100.000€. Nous vous rappelons, pour ceux qui ne le sauraient pas, que si vous avez de l’argent en banque, c’est-à-dire de l’argent en dépôt, vous n’êtes pas propriétaire de cet argent, vous êtes simplement créancier de la banque et, comme tel, vous serez victime du prélèvement. »

    En conclusion, Monsieur Stéphane Hessel,
    ancien du Conseil National de la Résistance,
    nous a conseillé, avant de nous quitter ,
    d’identifier clairement l’ennemi afin de donner corps à notre « indignation ».

    Et bien l’ennemi c’est cette loi au-dessus des Nations qui permet à certains d’acheter et de vendre de l’argent, alors qu’il a été inventé pour justifier et échanger la valeur d’un travail.
    Que l’argent soit devenu une valeur productive de richesse, indépendamment de tout savoir faire, voici l’ennemi.
    Ennemi puissamment violent puisqu’il encourage nos enfants à ne rien apprendre d’autre que le calcul. privés de tout espoir et de tout plaisir d’apprendre un métier.

Laisser un commentaire