Quand une femme devient la mère du peuple centrafricain !

article_catherinesambapanzaParfois nous devrions nous inspirer des pays réputés en développement ou en crise. C’est de chez eux que vient la vérité, la sincérité et surtout l’exemple. Dans des situations extrêmement critiques, les personnes responsables peuvent avoir une attitude positive et digne. Ce fut le cas durant la période noire de notre histoire quand la France a eu recours aux soldats venus des « colonies » pour délivrer son sol. Leur courage face à un ennemi qui était le nôtre mais certainement pas le leur a vite était enfoui dans les mémoires car nous n’aimons pas que les « autres » soient plus admirables que nous. Nous sommes « cultivés », efficaces », « solidaires » et « évolués » alors qu’ailleurs on n’a affaire qu’à des « ignares », « dilettantes », « égoïstes » et « primaires ». Notre orgueil collectif inspiré par la Révolution et un système que nous prétendons démocratique nous aveugle en permanence. Nous donnons des leçons au monde entier alors que nous pourrions simplement reconnaître qu’il existe des « élèves » plus évolués que le maître !

Ainsi nous pourrions tourner nos regards vers le Centrafrique ! Pas pour y voir l’atrocité des guerres de religion aussi intolérantes et excessives les uns que les autres. Pas pour y voir et admirer l’Armée française malgré son action ingrate mais indispensable. Pas pour critiquer les dérives d’un pouvoir réputé fragile et archaïque mais pour simplement constater que chez eux les députés, en ces temps terribles de haine, de larmes et de sang, a réussi à élire une… femme pour redresser la situation. Un femme dans un pays des intégrismes c’est une victoire indiscutable de la lucidité et de la vraie démocratie. Mme Catherine Samba-Panza, a été élue présidente de transition par le parlement centrafricain. Elle a recueilli au second tour de scrutin 75 voix, devançant l’autre candidat, Désiré Kolingba, fils d’un ancien chef de l’Etat, qui a obtenu 53 suffrages. Elle aura pour mission première de ramener la paix dans un pays déchiré par des tueries interreligieuses car elle est laïque !Elle n’appartient ni à l’ex-Seleka ni a aucun parti. Extraordinaire dans une période où en France les intégrismes ne cessent de progresser et où le religieux s’arroge le droit de faire de la politique !

Dès son élection, elle a lancé un « appel vibrant » aux miliciens chrétiens (anti-balaka) et combattants musulmans (ex-Séléka) à déposer les armes. « Je suis la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive », a-t-elle assuré dans un esprit de réconciliation. Cette femme est décrite comme une battante ayant déjà une longue expérience politique. A presque 60 ans elle affiche une volonté de fer afin d faire cesser des assassinats commis au nom de dieux apportés par la civilisation bien pensante ! Une femme qui va affronter des miliciens fanatisés des deux camps. Une femme qui a été investi de la plus lourde des missions en ce début du XXI° siècle voyaient, à juste titre, malheureusement « religieux ». Cette juriste en droit des assurances, formée à Paris, est en effet une femme de dialogue et de conviction. Le dialogue, elle a prouvé qu’elle en maîtrisait les rouages en coprésident en 2003 le dialogue national, qui fut à l’époque considéré comme un succès. Le maire de Bangui dirige ensuite l’organe chargé du suivi des conclusions du dialogue national. Elle a donc un oeil sur la politique, mais elle mène en parallèle une intense activité au sein de la société civile. Vice-présidente de l’Association des femmes juristes de son pays, elle représente aussi le Réseau des ONG des droits de l’homme au sein de plusieurs instances. Considérée comme habile négociatrice, à l’écoute de ses interlocuteurs, Catherine Samba-Panza jouit d’une très bonne réputation à équidistance des familles politiques. Dans le petit cercle des affaires banguissois, on la juge compétente et on l’espère incorruptible. Bref on ne pouvait rêver meilleur choix dans un parlement traversé par des clans ethniques, religieux, partisans et traditionnellement corrompus.

Bien évidemment ce sont des qualités que nous savons reconnaître en France… et que nous appliquons à la vie politique. Des hommes intègres, tolérants, laïques au vrai sens du terme, nous en avons à la pelle, prêts à risquer leur vie (il est certain que Mme Samba-Panza va risquer la sienne) pour rétablir un vrai dialogue social, lutter contre la montée des extrémismes conduisant 20 000 personnes à Paris se réclamer des décisions de l’Espagne néo-franquiste ! Cette femme peut surtout redonner un espoir de renaissance à un pays en situation de grande détresse morale, matérielle et culturelle. Elle est vraiment l’avenir des hommes !  En Afrique surtout.

Cet article a 2 commentaires

  1. suzanne marvin

    l’ennemi que les Africains sont venus combattre sur le sol français était aussi leur ennemi…….qu’est ce qu’il serait advenu d’eux si Hitler avait gagné la guerre……..les américains aussi sont enfin venus combattre en Europe pour sauver leur liberté …. c’était une guerre MONDIALE………il y avait un fou en europe qui voulait conquérir la planète………et la première bombe atomique aurait pu être entre ses mains……………. Beaucoup le pense et le souhaite : la femme africaine a beaucoup de qualités pour faire avancer ce continent de façon positive…….. depuis la nuit des temps c’est elles qui assument les travaux du quotidien souvent pénibles…..qui élèvent les enfants,elles ont un grand sens des responsabilités…………elles savent être efficaces. ……..l’avenir :c’est ELLES………………………

  2. gege31

    Je vous vois tous en admiration devant cette élection à Bangui. La différence avec vous c’est que j’ai habité 4 années à Bangui où j’étais, en qualité de Conseiller Technique très proche du pouvoir. J’ai travaillé directement auprès du président le général André Kolingba et, quand je vois son fils obtenir 53 voix j’en ai froid dans le dos. Je ne me prononcerai pas sur la «nouvelle dame» mais je voudrais remettre vos idées en ordre. Ne confondons pas les pratiques de la 5° puissance du monde avec la RCA qui, selon le FMI serait un des plus pauvres.

    La RCA, plus étendue que la France (60000 km°) compte entre quatre et cinq millions d’habitants, difficile d’être précis en raison du fonctionnement chaotique de l’état civil … La corruption est le sport national, tout le monde pique dans les caisses. Les plus puissants pour préparer leur avenir et celui de leur famille et les fonctionnaires pour assurer leur survie, les salaires n’étant pas payés. Pas de sécu, pas d’allocations familiales, pas de caisse de retraite, pas d’Assedic et pire encore, pas d’électricité ni de téléphone leurs responsables ayant détourné toutes leurs ressources souvent au su de tout le monde comme ce Directeur Général de l’ENERCA (EDF chez eux) qui alimentait un quartier entier «au noir» … ou ce DG de la Compagnie des eaux qui détournait à son profit les crédits pour les produits de traitement de l’eau … Au pays de la bilarsie c’est un crime tout simplement.

    Tout ceci la France le savait parfaitement.

    Seule route bitumée, l’avenue des martyrs Bokassa deux kilomètres pour aller à l’aéroport. Après c’est la piste en latérite où vous ne voyez pas à 20m mètres tant il y a de poussière. La province est injoignable quasi inaccessible, les Préfets parfois nommés par le pouvoir mais souvent auto proclamés règnent en seigneurs pratiquant le racket et dans les régions du nord le trafic de diamant.

    A l’étranger les ambassades ne disposant d’aucun moyen conduisent les ambassadeurs à l’incident diplomatique en raison de leur comportement. Même le Vatican avait, à l’époque protesté contre les agissements de l’Ambassadeur qui laissait des factures partout.

    Des grèves dans les écoles durant des mois rendent les « années blanches » comme dit le pouvoir, UN SEUL hôpital délabré manquant des médicaments essentiels, un bloc opératoire dans lequel vous ne feriez pas opérer votre chat.

    L’insécurité est un fait quotidien, les blancs» ont des gardiens la nuit et vivent dans des maisons barricadées souvent armés jusqu’aux dents.

    Voilà sans la moindre exagération ce qu’était la situation il y a vingt ans en RCA elle se serait détériorée selon mes contacts locaux.

    Je ne parle des « relents de la Françafrique toujours placée autour du pouvoir.

    Comme je le disais à mes enfants qui y ont vécu, la RCA c’est imaginer un trou dans un globe terrestre. Rien, il n’y a plus rien, même plus de structures d’Etat, tout est à reconstruire.

    Le Parlement vient d’élire une femme mais savez-vous ce qu’est le Parlement en RCA ? un bâtiment à l’abandon, des députés corrompus, le godillot de la République. Des «réconciliations nationales» j’en ai connu dix peut être plus sans aucun effet, les dictateurs succèdent aux dictateurs. Cette dame n’échappera pas à la règle elle appartient, elle aussi, à une ethnie.

    Même l’ancien premier ministre Tiangaye qui vient de démissionner est indigne, je l’ai connu quand il était président des droits de l’homme en RCA. Je croyais en lui, j’ai eu tort.

    Oui j’aime le peuple centrafricain et j’ai tenté autant que j’ai pu, parfois au péril de ma vie, d’aider les plus faibles en combattant les plus riches.

    Si je crois en ce peuple je ne fais aucune illusion sur ses dirigeants et ce n’est pas l’élection d’une femme qui va m’impressionner, j’ai pu vérifier qu’elles étaient encore plus «gourmandes» que les hommes, et j’ai souvenir de cette directrice des douanes qui se vantait d’être le deuxième voleur après le Président.

    Ce peuple ne mérite pas toute cette misère, il se moque de savoir s’il était justifié ou non de demander secours à la France qu’il qualifie de grand frère. Ce qu’il demande c’est un «Papa» comme ils disent.

    Mais hélas pour eux il n’y avait qu’un papa en Afrique : Madiba

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