La vraie révolution passera par la prise de pouvoir médiatique

Dans quelle république sommes nous ? Dans celle de l’indifférence et de la soumission ? Dans celle de l’approximation et de la délation ? Dans celle des tricheurs et des hâbleurs ? Chaque jour ou presque sort une « affaire » susceptible de renforcer un sentiment de dégoût. Peu importe les positions sont figées et les idées prêtes à être portées par des consciences ravies de n’avoir aucun effort à faire ! Les chaînes télévises « perroquets » ne cessent de fournir en boucle des « informations » confortant ce sentiment que les manquements graves répétitifs aux principes mêmes de la liberté ou de l’égalité n’ont aucune importance vis à vis de phénomènes marginaux présentés comme de vrais scandales. Durant des jours la « télévision » nouvel opium du Peuple bien pensant focalisent l’attention sur un livre où la « vérité » apparaît avec des corps nus ou sur les escapades d’un Ministre du « redressement productif » avec une actrice… Et il en est ainsi en permanence avec heureusement de temps en temps une pépite comme un record du monde de saut à la perche ou une médaille d’une Française n’étant pas tombée dans la neige russe ! Bref la République fout le camp à cause de la hiérarchisation de l’information décidée par des rédactions de télévisions privées se disant maintenant menacées par la concurrence des grands « outils » internet. Ils arriveront bien à faire interdire le droit d’expression sur les réseaux sociaux ou ailleurs au nom… du maintien de leur pouvoir d’hypnotiseurs populistes. Les patrons des trois premiers groupes privés de télévision français s’inquiètent en effet de la puissance des géants américains de l’internet. Dans un courrier commun, adressé à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, et révélé par un blog de ‘L’Express’, ils pointent du doigt les « bouleversements provoqués par l’arrivée, dans le secteur de la télévision, de nouveaux acteurs tels que Google, Apple, Netflix, Amazon et Facebook »… Les pauvres : ils empoisonnent la démocratie et réclament que celle-ci viennent les défendre ! Un appel pas si innocent que cela !

La Révolution a en effet désormais une toute autre allure que celles du temps passé. La conquête du pouvoir médiatique devient urgente et pressante. Elle ne passera plus par d’obscurs complots, du sang versé, des barricades ou des marches dans des rues autrefois pavées de bonnes intentions. Le « coup d’Etat » permanent dont parlait Français Mitterrand repose désormais sur la constitution de médias citoyens alternatifs ! C’est l’émergence de ce phénomène dans quelques pays qui commence à affoler les chaînes bien installées. Si le Peuple s’empare, grâce aux « supports » mis à sa disposition par le système « capitaliste » du pouvoir d’informer, autrement il y a danger grave pour les grands groupes qui se disent persécutés.

Au Brésil le ton est monté des centaines de propriétaires de téléphones mobiles effectuent eux-mêmes le suivi des manifestations pour ensuite expédier leurs propres « films » sur les réseaux sociaux ! Ils ont formé un réseau et ont une action dirigée contre les médias dominants. La seule certitude que l’on a c’est que l’on ne peut pas assimiler les journalistes aux entreprises pour lesquelles ils travaillent mais ils paient l’addition de patrons très proches du pouvoir central. Il n’y a plus aucun doute qu’il existe une forte concentration des médias au Brésil et cela fait que les entreprises jouent un rôle politique comme c’est de plus en plus le cas en France (prenez chaque média national et cherchez qui est derrière avec ses liens avec l’UMP!).

Facebook, Twitter, YouTube ou Instagram ont été et sont encore les grands alliés des protestataires. Les convocations aux défilés se font par les réseaux sociaux sur lesquels des milliers de personnes commentent, soutiennent, critiquent, téléchargent des photos et partagent des informations. Les manifestants sont pour la plupart des jeunes de l’ère Internet, qui bien souvent ont plus confiance dans ce qu’ils trouvent sur les réseaux sociaux que dans les médias traditionnels. C’est fini un processus est engagé. Au Brésil les jeunes pensent qu’il « ne sera plus possible de bâillonner le Peuple si ce dernier sait profiter des opportunités s’offrant à lui ! » Des cours de journalisme sont données par des associations populaires et les produits s’améliorent.

Les télévisions citoyennes peuvent contribuer très vite à la chute du système actuel comme internet échappe déjà aux groupes de presse ayant voulu trop tard les investir. Construire en réseau une autre information. Multiplier d’autres analyses que celles que nous infligent chaque matin sur les radios ou sur les télés perroquets des « éditorialistes » de moins en moins crédibles. C’est devenu essentiel quand on constate par exemple qu’il suffit que Sarkozy exploite de pseudos-concerts de sa femme pour qu’on oublie que la réalité : les difficultés de Claude Guéant, de Patrick Balkany, de Patrick Buisson ou de François Pérol qui sont des taches sombres dans le fonctionnement de la démocratie… Mais enfin quand on a comme patron de presse un supposé acheteur de voix lors des municipales on peut être rassuré ! En ce qui me concerne je déblogue depuis 9 ans et j’écris un hebdomadaire de proximité depuis… 31 ans ! Je pense ce que j’écris et j’écris (trop) ce que je pense !  Je suis « révolutionnaire »

Cet article a 3 commentaires

  1. Hervé Mathurin

    D’accord avec le constat mais à multiplier les sources d’information contradictoires (exemple la participation aux manifs, généralement fantaisiste parce que partisane), il faudra bien des gens pour prendre du recul et faire la synthèse en toute indépendance. Je vois mal ça sur facebook ou twitter. Les médias indépendants sont plus que jamais indispensables, à condition de les acheter. Mais le gratuit est tellement tentant…

  2. J.J.

    un record du monde de saut à la perche « , c’est bien, mais on l’a vu au moins 14 fois en boucle dans la même soirée !
    Il n’y avait donc rien de plus dans l’actualité ?
    Je suis un grognon, un grincheux mais à force de voir Lavillénie exprimer hystériquement la satisfaction de sa victoire, ça finit par lasser !

    Quant aux affaires, il est navrant de constater qu’il y a deux poids et deux mesures.
    Certes, monsieur Cahuzac s’est mal conduit, il est grillé, écrasé, enterré.

    Mais que dire d’un maire d’une grande ville du sud ouest, condamné en correctionnelle, montré du doigt pour les passe droits qu’il a exercés et qui vient ramener sa fraise et fait le beau sans que personne ne fasse référence à un casier judiciaire un peu chargé ?

    Il est vrai que l’un est théoriquement de gauche et l’autre bien à droite !

  3. Jean-Marie Darmian

    Commentaire d’Alain Lavail que je duplique (JMD) :
    Je partage le point de vue de Jean Marie Darmian, non seulement parce que j’en suis totalement convaincu, mais aussi parce que j’ai vécu de l’intérieur la « révolution tunisienne » et « l’évolution brésilienne » (je suis au Brésil depuis 3 mois et en relation avec de nombreux brésiliens sur le net par ailleurs) Dans les deux cas,le Net et les réseaux sociaux ont joué un rôle considérable dans l’évolution des consciences et ont eu un impact non moins considérable sur le succès des évènements qui s’en sont suivis.Dans les deux cas, la presse était bâillonnée ou aux ordres, dans les deux cas, personne n’a rien vu venir, ni la classe politique des pays concernés, ni la classe politique et les média des autres pays dont la France.Surprise générale ! et pourtant! il suffisait d’ouvrir les yeux ailleurs que sur la presse conventionnelle. C’est ainsi que je subodore, c’est peut être un scoop, que la Coupe du Monde au Brésil risque d’être « chaude ». Nous verrons. Par contre, je suis étonné que classe politique et médias soient toujours « surpris’ L’ampleur de tel ou tel événement était inattendu, tiens ! étonnante cette votation suisse, comment? le FN en tète aux élections européennes?Diable! etc etc Mais la surprise est vite rangée au placard des accessoires, on se réfugie dans la politique de l’autruche ou dans l’indignation convenue et on repart lire Le Monde ou le Figaro. pendant que les réseaux sociaux et le Net continuent de ramener la preuve tous les jours de l’évolution des consciences et de la mutation des comportements dans bien des domaines. Cette mutation des vecteurs d’information, la forme interactive qu’elle revêt est elle un bien, est elle un mal? Qui sait? Un bien certainement de par la liberté qu’elle apporte, par son immédiateté, par sa large ouverture aux choses de ce monde , par l’intelligence collective qu’elle suscite; un mal de par l’effet pervers de l’endoctrinement ,de la fausse information qu’elle peut engendrer. Mais honnêtement, nos média sont ils protégés et exempts de ces maux?. En tous cas, continuer à chausser nos lunettes fumées nous réserve de sacrées surprises.

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