Chiche ! Tous à poil, même les comptes de Copé !

Extraordinaire paradoxe que celui de voir le Président de l’UMP se pencher sur les mesures à prendre pour moraliser la vie des partis politiques. Question « morale » il s’y connaît lui qui s’est déchaîné quand on a découvert que Jérôme Cahuzac avait oublié quelques dizaines de milliers d’euros sur un compte en Suisse alors que « son » candidat aux présidentielles avait utilisé des millions d’euros en marge de la loi ! C‘est toute la France politicienne qui est dans cette attitude de faux-cul donneur de leçons pris les doigts dans le pot de confiture. Et le record de l’hypocrisie c’est qu’après avoir répondu à rien sauf à ce qu’on ne lui demandait pas et surtout avoir éructé, vitupéré, craché sur les journalistes ayant osé publier des informations non démenties à ce jour. Il s’est livré à un violent réquisitoire contre la presse, et notamment contre les « commentateurs bouffis d’orgueil » qui déforment plutôt qu’ils n’informent. Se disant victime d’une campagne « haineuse » et d’une « chasse à l’homme », il dénonce les rumeurs et les manipulations, « de grosses ficelles » à quelques semaines des élections… Que n’a-t-il pas réagi ainsi quand les mêmes s’en prenaient avec férocité à l’ex-minsitre du budget ? C’est ce qui discrédite totalement la parole politique faite d’outrances terriblement néfastes à la crédibilité générale. On transforme une paille en poutre et surtout quand la même est dans votre œil il faut chercher, par tous les moyens, à nier l’évidence. C’est ce qui avait « tué » Cahuzac et c’est ce qui tuera Copé ! En effet il ne sait pas encore que tenter de démonter sans preuve une enquête effective d’un journal solide (Médiapart en est un) c’est au moins aussi périlleux que d’accepter la vérité. Là encore l’exilé suisse le lui aurait dit ! Trop tard le mal est fait… car en tirant le bout d’un fil de laine on arrive inévitablement à détricoter l’ouvrage qui dissimule la vérité !

Aucune preuve… aucun élément concret.. aucune esquisse de transparence réelle et en revanche une forte propension à noyer le poisson ! Jean-François Copé veut croire que les Français ne sont pas dupes et les juge « atterrés » par ce cirque médiatique. « Nous devons restaurer la confiance perdue », sortir du « tous pourris » (sic). Quelle insolence alors que quelques-uns de ses amis accréditent sans cesse cette thèse avec les multiples affaires de l’Elysée (Guéant, Buisson, Pérol, Tapie… ) et que des élus sont célèbres par leurs condamnations enfouies sous la poussière de l’indulgence des électrices et des électeurs. Alors il invente le « rideau de fumée » le plus extraordinaire qui soit. Il a en effet brutalement découvert les lois françaises qu’il n’a pas votées mais qu’il n’a pas supprimées. Elle date du gouvernement de Michel Rocard ! Et il a solennellement promis qu’il les respecterait ! Il a découvert qu’il existe en France la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, docte assemblée qui doit contrôler certes les campagnes électorales mais tous les financements des partis ! Mieux il vient de l’inventer !

Dans ce cadre, elle vérifie méthodiquement chaque année les comptes de tous les partis politiques, et publie un compte-rendu détaillé en application de l’article 11-7 de la loi no 88-227 du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique, les partis ou groupements bénéficiaires de tout ou partie des dispositions des articles 8 à 11-4 doivent tenir une comptabilité retraçant tant les comptes du parti ou groupement politique que ceux des organismes, sociétés ou entreprises dans lesquels le parti ou groupement politique détient la moitié du capital social ou la moitié des sièges de l’organe d’administration, ou exerce un pouvoir prépondérant de décision ou de gestion. Ils doivent aussi arrêter leurs comptes chaque année au 31 décembre, les faire certifier par deux commissaires aux comptes indépendants, les déposer au plus tard le 30 juin de l’année suivante à la CNCCFP qui assure leur « publication sommaire » au Journal officiel. On ne peut pas penser surfacturations ne sont pas visibles dans des bilans généraux ! De là à imaginer que l’UMP ait pu déroger à cette règle ou que ses dirigeants aient eu des complicités pour truquer les sommes dépensées. Un détail cependant la Commission ne se prononce pas sur la destination des fonds et sur le montant des factures ! Et justement c’est là que le bât blesse ! Alors comme dirait l’UMP : chiche ! Qu’elle fasse une enquête sur les factures !

Or la CNCCFP a contrôlé les comptes de campagne de Sarkozy et a constaté un large dépassement illégal… et elle a les factures de toutes les prestations. Il suffit de les demander pour les avoir… et une loi nouvelle est inutile ! Or ces documents existent et il faut simplement les publier avec leur destinataire et le montant ! Il reste les ventes « privilèges » que l’on devrait éclaircir. Un hippodrome par ci, un centre des Congrès de là…il y a toujours eu de bonnes affaires à réaliser avec les ministres du budget ! Il est vrai que le moraliste exemplaire avait fait très fort en accusant un livre pour enfants, « Tous à poil » de défendre la théorie du genre et plus tard y voir un effet pervers de la « lutte des classes » et la remise en cause de l’autorité que représentent le policier ou la maîtresse quand on les déshabille. Alors à poil l’UMP pour jouer la transparence !

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Comment s’étonner d’une telle attitude quand on retrouve comme maire d’une grande ville du sud ouest un citoyen condamné en correctionnelle pour divers délits financiers et qui s’apprête à briguer un nouveau mandat, en attendant de tenter une « aventure » à l’échelon national (et ce n’est pas le seul, on trouve en région parisienne, en particulier, quelques beaux exemples de moralisateurs et néanmoins repris de justice réelus sans problème !).

    De surcroît ce personnage peu fréquentable et sans vergogne s’autorise, en parlant haut et fort, à « trancher le lard », prodiguer jugements et conseils.

    Je ne suis qu’un simple citoyen et si je me trouvais accusé du dixième de ce que ce personnage s’est permis, je me cacherais dans un trou de souris.
    Mais il est vrai que si j’étais ancien élève de l’ENA, ou ancien inspecteur des finances, ou ancien ministre, par exemple, j’oserais peut-être !

    Que voilà une belle image du monde politique, propre à donner des arguments à certains partis extrémistes.

  2. LOUIS Pascal

    Oui, plus la ficelle est grosse plus elle a de chance de passer !
    Mais à vouloir trop attaquer la presse qui dénonce il risque de prendre en retour la massue en pleine poire. Attendons le prochain épisode.

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