Défense de réformer…propriété privée !

Il règne une ambiance particulière dans le milieu de la politique qui me révulse. Elle tient à l’utilisation de mots anodins mais qui prennent une importance particulière dans une démocratie. En effet je suis ébahi quand j’entends dans des propos public de tous bords avec de nombreux « possessifs ». C’est très tendance. On parle de « ma » circonscription, « mon » canton, « ma » commune parmi les élus de divers bords comme s’il s’agissait d’une propriété personnelle sur laquelle s’exerçait un droit particulier. On y ajoute « mes » conseillers, « mes » secrétaires, « mes » adjoint(e)s, « mon» personnel afin d’affirmer une autorité tutélaire n’ayant aucune autre base que celle de ce sentiment de toute puissance que confère un pouvoir aussi minime soit-il.

« Je ne m’attendais vraiment pas à ce que mon canton soit supprimé. J’ai fait des visites en haut-lieu. On ne m’a pas donné d’assurances, mais on m’a laissé entendre des choses », explique Bernadette Chirac, qui a rencontré François Hollande et les équipes du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Le drame ce n’est pas pour elle autre chose que le fait de la priver de « son » canton qu’elle avait gagné d’une seule voix lors du renouvellement de 2008 ! N’empêche que c’est « son » canton et qu’il n’est pas question de l’en déposséder par une mesure favorisant l’équité territoriale et la parité ! On en va tout de même pas la spolier de ce qui a toujours été dans le patrimoine politique des Chirac.

Il est certain que nous sommes très loin des fondements de la République avec comme seule référence pour un élu, celle du résultat du suffrage universel qui le place en situation d’occupant provisoire d’un poste électif ! Que nenni pour certains d’entre eux il s’agit de défendre becs et ongles ce qu’ils considèrent être leur propriété ! C’est vrai que le système actuel permet de survivre à toutes les épreuves des scrutins. Un soir, lors de l’une de ces discussions que j’aimais bien avoir avec serge Lepeltier, ancien ministre de l’environnement et bientôt ex-maire de Bourges, il me racontait combien il avait été maltraité par les députés de feu le RPR qui lui interdisait l’entrée de leur réunion au prétexte que ses positions étaient inadmissibles. « L’assemblée nationale est en fait aux mains d’une centaine de députés qui sont quelles que soient les alternances, certains de retrouver ‘leur’ poste. De fait ils sont propriétaires d’un fief et l’essentiel c’est de ne pas en être dépossédé par une personne de leur même parti. Ils occupent les postes clés dans les commissions et sans souci sur leur réélection » m’avait-il confié. En fait ce constat de celui qui est actuellement ambassadeur de la France pour le réchauffement climatique se retrouve dans les positions sur les municipales et les cantonales. Madame Chirac est de cette lignée de ces « hobereaux » considérant que le suffrage universel n’est qu’un moyen comme un autre d’accéder à un poste que mérite leur talent. Et alors tous les arguments sont bons pour justifier cette vision territoriale possessive d’une autre époque. C’est là que la vraie réforme sur le cumul des mandats ne sera jamais faite.

La professionnalisation de la représentation politique a en effet conduit à éliminer la seule véritable loi sur le cumul des mandats : la durée ! Pas un seul élu n’osera mobiliser en faveur d’une telle mesure car son rêve c’est de prolonger le bail aussi longtemps que possible sur « sa » commune, « son » canton, « sa » circonscription ! Par exemple il serait souhaitable pour éviter cette confusion entre élection et propriété de imiter à 3 mandats identiques consécutifs, le bail accordé par les électrices et les électeurs. On n’entendrait pas alors se plaindre l’ex-femme du président de la République élue pour la première fois en 1971 au conseil municipal de la petite commune corrézienne de Sarran, où se trouve le château de Bity que le couple Chirac a acheté en 1969. Sans cesse réélue depuis lors, elle devient à partir de 1977 seconde adjointe au maire.

Le 25 mars 1979, elle est élue conseillère générale de la Corrèze pour le canton de Corrèze, qui comprend notamment Sarran. Elle est alors la première femme à siéger au sein de cette assemblée départementale, et est réélue sans discontinuer depuis à chaque scrutin cantonal, au second tour le 17 mars 1985 puis au premier tour le 22 mars 1992, le 15 mars 1998, le 21 mars 2004 et le 20 mars 2011… Normal qu’elle regrette une réforme cantonale qui va la priver de « son » canton pour ouvrir des opportunités à une autre femme d’être élue !

Je ne parierai pas une pièce jaune sur la suite de la réforme des modalités d’élection du conseil général tant elle touche à ce sentiment profond des notables que leur terre d’élection doit être à terme leur bien inaliénable. On verra à l’usage mais je suis pessimiste sur l’issue de ce combat entre les tenants d’une république renouvelée équitable et paritaire entre hommes et femmes face aux « gestionnaires des fortunes électorales » pouvant être de gauche comme de droite !

Cet article a 2 commentaires

  1. DUPART LESCURE

    Comme je te rejoins sur cette analyse, grande ou petite commune, un grand nombre élus ce l’approprie, et ne pense plus aux concitoyens

  2. Alain .e

    Tout a fait d’ accord avec ce constat, nombre de politiques au lieu d’ être au service de ceux qui les ont élus sont avant tout au service de leur propres ambitions, et de leur ego surdimensionné .
    Il suffit de voir le spectacle pitoyable d’ un copé, d’ un cahuzac mentant avec aplomb pour s’ en convaincre.
    Alors les socialistes eux aussi pérorent devant les caméras au lieu d’ agir pour une France plus juste.
    Qu attend on pour modifier ce système inique qui fait qu’ un innocent doit payer d’ abord pour contester ensuite une usurpation de plaques minéralogiques, ou cette femme qui a du payer plus de quatre cents euros pour sa voiture garée sans conducteurs à coté d’ un radar.
    la république du racket,et des injustices de sarkozy poursuivi sous hollande.
    Le vote blanc doit il être la seule solution ?

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