Ce soir, je suis un homme heureux : devoir accompli !

Jean Marie Darmian + 01118 h : les bureaux de vote sont fermés à Créon ! Les élections municipales sont terminées et j’éprouve un sentiment qui, même s’il est jugé orgueilleux, me convient parfaitement : devoir accompli !  En 1974 quand je me suis engagé dans le combat politique local, je n’avais pas un seul instant envisagé que 40 ans plus tard je transmettrais ma « fonction » de Maire ! C’est fait et dans des conditions honorables !

D’abord parce que durant 20 ans j’ai exclusivement œuvré aux cotés d’un homme respecté et respectable avec loyauté, dévouement et constance malgré tous les aléas de la vie. J’ai toujours été à contre courant, toujours en marge, toujours haï par les gens qui pensaient dans le sens de l’opinion socialiste différente. Je n’ai jamais proféré la moindre critique. J’ai accepté toutes les menaces, les humiliations parfois au nom de l’amitié et de la fidélité aux valeurs que m’avaient transmis mes « maîtres ». J’ai été de toutes les campagnes, de tous les débats, de tous les échecs et souvent discrètement dans toutes les réussites. J’ai tout accepté au nom de l’estime et de l’amitié.

Ensuite les hasards de la vie m’ont propulsé dans un fauteuil probablement trop grand pour moi. J’y ai consacré toute mon énergie. J’y ai sacrifié trop souvent mes proches. J’ai oublié mon métier. J’ai perdu beaucoup de gens intéressés pour être mes amis mais j’en ai trouvé tellement d’autres. J’ai tenté d’être toujours humain, tournée vers le positif des êtres allant jusqu ‘à faire trop confiance. Mes joies ont été intérieures, profondes devant un sourire, un compliment discret, un geste sincère... et jamais je n’ai pu résister à l’envie de convaincre plutôt qu’à celle, guerrière de vaincre. Rien n’aura été facile et parfait. Des nuits blanches nombreuses ! L’incapacité à résister au malheur des autres ! L’angoisse de ne pas répondre à leur attente ! La peur des accusations infondées ! La croissance d’une cité qui générait bien des incompréhensions et surtout le travail obscur, exigeant pour l’accompagner. Des milliers d’heures passées à être simplement fidèle aux principes présentés aux électrices et aux électeurs. Des coups bas, des lettres suffisantes et même méprisantes, des ratés douloureux… mais toujours le plaisir de se regarder droit dans les yeux dans la glace chaque matin ! Construire, instituer, créer, imaginer, avancer, soutenir, solidariser, tolérer, protester, réguler, accompagner, aider, aimer et sans cesse dialoguer… Ce fut le vrai bonheur de ces 19 ans de fonction de Maire mais il serait malhonnête de laisser accroire que c’est le rêve. Il y a loin, très loin entre les espoirs idéologiques et les réalités quotidiennes. J‘assume donc totalement ce que j’ai fait de bien ou de mal ! Il n’y a pas de politique respectable si elle n’est pas assumée dans sa globalité. Personne ne me croit mais je sais ce qu’il y a en moi ! 

Enfin, au moment de tourner les pages, il reste la jubilation de l’instituteur, celle d’avoir réussi la transmission. Annoncée le 9 mars ma décision de me retirer a été honorée. Aucun caprice, aucun regret, aucun simulacre. « faire ce que l’on dit » a été le fil conducteur de toute ma vie publique. Quel qu’en soit le prix, quel qu’en soit les conséquences. Si je ne peux pas faire…je ne dis pas ! Si je ne dis ou je n’écris pas… je ne fais pas ! Aucun nuage dans ce passage d’une vision de l’action municipale à l’autre. Je suis fier que tout se soit passé ainsi.

Libre, absolument libre, sans avoir de comptes à me rendre des comptes, sans voir à accepter mes erreurs ou mes méthodes, mon successeur a été à la hauteur de la confiance que j’ai mis en lui. Il a choisi son équipe avec ses idées, ses besoins, ses estimations… et donc il a désormais l’avenir devant lui. C’était la première fois dans l’histoire municipale créonnaise qu’une succession avait lieu avec le consentement et l’appui de celui qui partait. Ce climat illustre la réussite des listes antérieures ayant toujours réussi à faire le consensus sans renier les convictions majoritaires d’une population majoritairement progressiste et humaniste. Il fallait un autre regard sur la vie créonnaise surtout avec les difficultés nationales lourdes qui se profilent et qui vont tomber dans quelques semaines. J’ai été secrètement heureux de constater que la liste a été constituée sans efforts et sans artifices aucune combinaison politicienne n’a été nécessaire ) et de vérifier que la population a compris l’utilité de son vote...

Ce vote est une adhésion à la continuité dans le vrai changement ! Je suis contre le cumul des mandats : je l’ai fait ! Je suis pour la limitation dans la durée des mandats : je l’ai fait ! Je suis un inlassable défenseur de la citoyenneté active : je lai prouvé. Je deviens un grand frère pour les nouveaux venus et je saurai le rester ! Maintenant je demeure vice-président du Conseil général de la Gironde à temps plein et encore plus convaincu que d’autres combats m’attendent. Je ne me retire pas avec mépris et de manière ostentatoire sous ma tente de chef meurtri dans mon orgueil. Je vais faire vivre autre chose, autrement mais avec les mêmes convictions et les mêmes principes, comme je l’ai déjà fait dans ma vie personnelle… et savourer le seul bonheur qui compte : celui de la sincérité dans l’action ! Je suis un homme heureux ce soir !

Cet article a 3 commentaires

  1. Christian Coulais

    Il nous manque juste le petit commentaire d’Annie…qui, je pense, eut été fort élogieux pour cette page tournée.

  2. gege 31

    Vous pouvez être heureux et fier pour être un des rares élus à faire ce qu’il a dit. Bravo

  3. Morin

    Bravo Jean-Marie,
    ce soir je suis également libéré, avec le sentiment du devoir accompli. Je vais retourner à mes travaux e recherche tout en demeurant un citoyen engagé et vigilant.
    A Bientôt avec toutes mes amitiés

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