Après le coma il y a un risque de mort cérébrale !

Le parti socialiste était déjà devenu depuis l’élection présidentielle manquée de Lionel Jospin, le parti des socialistes…avec en son sein des « clans », des « écuries », des « clubs de fans », des « pépinières d’élus » mais plus aucun débat politique. La personnalisation nationale outrancière a succédé aux fameux « courants de pensée » qui ont fait sa richesse et son dynamisme. Inexorablement le PS a ouvert des voies d’eau dans la coque de son paquebot ! Les municipales puis les Européennes vont le transformer en Titanic fracassé sur l’iceberg de l’incompréhension populaire. Il va lentement s’enfoncer dans les eaux troubles des querelles de personnes puisque les ambitions vont vite se restreindre.

Une véritable hémorragie d’élus locaux les plus précieux, issus des systèmes proportionnels massifs des zones urbaines, va rendre le corps exsangue car privé des rentrées financières liées à des résultats électoraux désastreux. Dans les 150 villes perdues il existait des « groupes politiques » qui collectaient sur les indemnités (maires, adjoints, présidents ou conseillers communautaires) des cotisations permettant de faire fonctionner une technostructure nationale pléthorique (300 membres du conseil national et 68 membres du bureau national). Les militants cotisants n’ont pas digéré pour les plus fidèles d’entre eux les « promotions » faites aux gens uniquement intéressés par le soutien à une personnalité jugée « attractive ». Eux ils paient plein pot pour participer à la vie du PS quand d’autres, de passage, souvent très critiques bénéficient des mêmes droits sans avoir les mêmes obligations. Les primaires contenaient le germe du résultat des municipales puisque la déception des électrices et des électeurs s’étant engagés, a été décuplée par leur participation trahie aux primaires !

Ainsi depuis des mois la participation à la vie des sections s’étiole et il a fallu parfois sonner le tocsin pour trouver suffisamment de monde pour distribuer dans le milieu rural ou suburbain. En ville ce n’était moins évident. Mieux il arrive que l’on retrouve dans de nombreuses communes des « camarades » sur 2 ou 3 listes différentes dont aucune ne se réclamait d’ailleurs du PS. C’est ainsi que dans de nombreux cas les « dissidents » ont réalisé de bien meilleurs résultats que les porteurs officiels du label PS. Comme le veut la tradition on leur proposera d’être réintégrés mais il n’est pas certain que tous, débordent d’enthousiasme à l’idée de prendre place sur le Titanic. Ils ont conquis leur poste (ou beaucoup mieux résisté) sans référence à un engagement « politique partisan » les pénalisant dans l’état actuel de l’opinion dominante ! Le PS s’est recroquevillé, a vécu dans l’indifférence générale, a reflété une société du chacun pour soi… et il va mourir étouffé dans les édredons du mimétisme et des égoïsmes. Peu de relèves vraiment préparées ou même envisagées selon le principe des « femmes et des hommes indispensables » ou de l’absence de « gens capables ou valables » ou de « la parité décrétée » et les naufrages se sont succédés. Et on continuer allègrement !

Le Parti socialiste n’a même pas sorti (pour la première fois depuis sa naissance) un programme de base de la gestion municipale. Aucune idée force commune à cette gestion de Gauche. Le chacun pour soi ne favorise que les plus outillés pur gagner. Les autres se sont démerdés face à la crise… sans avoir le moindre soutien fédéral puisque n’ayant pas réclamé l’investiture (dans laquelle ils craignaient à juste titre la référence à « veste »). En bref constat objectif sur les résultats des municipales fait apparaître que plus les têtes de liste portaient « l’image PS » plus ils ont été sanctionnés car jugés responsables des travers de la politique nationale. En Gironde le Premier Secrétaire fédéral en direct et de manière indirecte le Président du Conseil régional, le président du conseil général, 3 députés parmi les plus médiatisés ont été victimes de ce rejet de l’engagement visible et assumé en faveur du PS. Même parfois au niveau des petites communes l’argument consistant à coller un logo PS sur les affiches est apparu comme argument de campagne pour discréditer les candidats de gauche. C’est l’inverse de ce qui se faisait jusqu’alors !

Le PS est, selon une phrase d’Henri Emmanuelli que je partage, « dans le coma » (1)  On va le vérifier aux élections européennes (15 % à peine) avec le délabrement des « petites » sections maillant le territoire, la fuite des élus locaux, l’absence de relève, la pauvreté de la culture politique interne, la carence nationale, les ambitions personnelles concentrées sur peu de postes, la destruction des multiples cabinets qui bossaient pour les chefs…et la vanité du système éphémère des « primaires » ! Jusqu’au 30 mars c’était l’UMP qui se délitait. Désormais le PS se retrouve encore en plus mauvais état. Un château de « cartes » (au sens propre) vient de s’effondrer ! Ils sera très très difficile de le reconstruire ! Beaucoup de dissidences sont à prévoir et si par hasard ces gens là se regroupent ils achèveront le « comateux ».

(1) « Le PS n’existe plus. Ni à l’attaque, ni en défense », s’exaspère le député des Landes, qui fut lui-même premier secrétaire du PS, de 1994 à 1995. Le Parti Socialiste est dans un état de « coma profond », juge-t-il, dénonçant de surcroît des « institutions inflationnistes, 300 membres au Conseil national (le « parlement » du parti) qui ne débattent de rien »; ou encore un Bureau national, l’instance dirigeante du parti, fort de « 68 personnes aujourd’hui, plus les assistants. On peut à peine entrer dans la salle et on ne débat de rien ». « Le Parti Socialiste est devenu un parc à moutons! », affirme encore le député. « Oui, confirme-t-il, je me montre un peu agressif parce que je trouve qu’on a franchi les limites de l’acceptable. Donc, un congrès extraordinaire ou une démission du premier secrétaire ne me paraîtrait pas inopportune ». 

Cet article a 4 commentaires

  1. BUGARET Yvon

    Merci Jean-Marie pour ton analyse sur la situation actuelle du PS que je partage dans sa totalité. Est-il possible de redresser la barre ? je crains qu’il ne soit trop tard !

  2. J.J.

    Dèséspérant !

    Quelle déception, quand on a misé toute son existence sur les valeurs d’une orientation politique et que l’on constate que ce ne sont pas les valeurs morales et sociales qui sont le moteur d’une action (? ou inaction) mais un ego démesuré et suicidaire.

    Certains tirent leur épingle du jeu en jouant sur les mots et en acceptant toutes les compromissions, tels les élus de La Rochelle : l’industriel en bateaux de luxe Fountaine et son ami Olivier Félonie….

    Je suis preque content d’être vieux….

  3. Michel

    Je partage évidemment tout à fait cette analyse comme celle d’Henri Emmanuelli ou encore de Gérard Filoche.
    Ce qui semble étonnant, c’est que les mêmes (cf Emmanuelli encore hier) n’en tirent pas pour autant la certitude qu’il n’y a plus rien à faire à l’intérieur du PS, que son virage social-libéral et son régime de caste sont irréversibles… et qu’il faut reconstruire ailleurs… Alors où? sûrement pas au Front de Gauche avec un Mélenchon hystérique et revanchard… cherchez du côté de Nouvelle Donne fondé par d’anciens PS pour la plupart et qui remet en cause les dogmes de la toute croissance, de la dérive financière, et de la théorie de l’offre… ce que le PS ne dit plus…

  4. cortot

    Lire JEAN MARIE DARMIAN permet de comprendre encore plus pourquoi nous en sommes arrivés à cette situation!! ..heureusement qu’il existe encore des hommes qui possède un cerveau clairvoyant , rester tout simplement réalistes .devant ces situations qui ne vont pas s’envoler demain !

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