L'enfer c'est forcément les autres….

Nous sommes entrés de plain-pied dans une société de l’irresponsabilité individuelle. Le mal est extrêmement profond et touche toutes les couches de la société. En fait on illustre un constat de Jean-Paul Sartre qui devient désormais un principe fondateur de l’action : « l’enfer c’est l’autre! ». Il est en effet patent que plus personne ne cherche à assumer ses actes mais à inverser simplement le rapport que l’on a  avec chacun d’eux quand la réalité débouche brutalement sur un carrefour de la vie. Ce n’est pas une situation nouvelle mais le phénomène s’amplifie grâce à des médias complaisants plus avides de polémiques que d’informations vérifiée. Des juges vilipendés, une enseignante poignardé, des policiers molestés, des employés territoriaux raillés, des élus dénigrés….L’exemple le plus récent reste celui de Nicolas Sarkozy mis en examen pour « violation du secret de l’instruction, corruption et trafic d’influence actifs » après de multiples enquêtes. Il transfère ce qui relève simplement de SA responsabilité personnelle sur le terrain de la mise en cause des…. magistrats !

Bien évidemment la théorie du « tous pourris » se déplace sur le terrain du « metteur en cause », du syndicalisme, de la complicité politicienne alors qu’elle devrait rester sur la personne elle-même. En quoi 3 juges  En s’attaquant à une institution de la République et nommément à ses acteurs un ex-Président porte un nouveau coup à la République. En tous temps en tous lieux la culpabilité non assumée (il y a bien des preuves matérielles des faits reprochés) se transforme en accusation de l’autre. En l’occurrence des juges qui, quel que soit leurs options personnelles n’ont fait que répertorier des faits réels illégaux afin de demander aux intéressés de se justifier. D’ailleurs que sait-on des dépositions faites par le magistrat concerné ? A-t-il confirmé ou infirmé les intentions qui ont été celles du « trafiquant »? A-t-Il fourni des éléments démontrant qu’il n’a jamais été contacté par l’avocat de l’ex-président? Son collègue mis hors de cause a-t-il donné des informations sur ce qu’on lui aurait demandé? Peu importe tout ça ! Tout ce qui arrive est de la faute des « exécutants de la loi républicaine ». Avec des propos que personne ne tolèrerait dans la bouche du moindre délinquant le « présumé innocent » est devenu « procureur ».

Que dirait-on si en sortant du tribunal une « racaille » (terme sarkozyste) déclarait devant des millions de consommateurs de télé-réalité : « J’ai été en garde à vue pendant 15 heures sous la surveillance de policiers, les deux dames qui m’ont donné rendez-vous a deux heures du matin, il y avait une volonté de m’humilier » ? Croyez vous que pour tout être humain « la garde à vue » n’est pas une forme « d’humiliation » ? ou on remet en cause la « garde à vue  » pour tout le monde ou on ferme sa gueule quand on est soi-même en cause ! D’autant que si les lois actuelles sont parfois liberticides c’est à Nicolas Sarkozy qu’on le doit ! Si le système judiciaire n’est plus adapté ce n’est pas sur son cas qu’il doit se pencher mais sur des milliers d’autres !

Avoir le privilège grâce à d’autres complicités bien connues avec des patrons de chaînes de télévision ou de radio de se transformer en « accusateur » véhément c’est mettre en évidence des dysfonctionnements beaucoup plus inquiétants de la société républicaine! C’est la le vrai scandale! Où est le respect de « l’égalité » ? Que fait-on de la valeur de la « liberté » dans un monde où le profit est derrière chaque décision réputée bien pensante ! Que fait-on de « l’éthique » quand on donne la parole à une personne mise sans connaître un seul point des auditions puisque les fonctionnaires ne peuvent rien en dire ? En fait lentement la France glisse vers le « modèle » américain ?

Donnez moi vite les déclarations publiques compatissantes de MM. Estrosi, Huygues, Guaino, Hortefeux, Mme Morano…. et consorts quand un certain Dominique Strauss-Kahn a été dans la situation du suspect livré en pâture aux juges d’outre Atlantique ? La « garde à vue » a-telle été dénoncée par ces porte-flingues outrés avec autant de vigueur ? En meeting de sa campagne surfacturée à Clermont-Ferrand le parangon de vertu qui s’en prend aux juges avait déclaré avec son aplomb habituel : « Je respecte la présomption d’innocence, a ajouté Nicolas Sarkozy, mais quand on est accusé de tout ce dont il est accusé, on doit avoir la dignité de se taire : New-York, Lille, le Carlton, le Pas-de-Calais… Nous avons alors choisi de nous boucher le nez, de ne pas commenter. Car commenter ces indignités cela aurait été en recevoir un peu», a-t-il poursuivi. Je vous laisse juge (attention c’est un métier dangereux !) mais attention à force de taper sur tout le monde les fascisme va renaître.

Cette publication a un commentaire

  1. Eric Batistin

    « Quand la pelote de fil est emmêlée, il ne sert à rien de tenter de défaire les noeuds, cela en rajouterait. Tout fil a deux bouts, commençons par l’un d’eux » …
    Saine remarque de tricoteuse de couverture en laine.
    Par quel bout prendre la pelote républicaine pour sauver l’ouvrage ?
    Et bien celui-ci :
    il ne faut plus que les femmes et hommes politiques confondent, comme ils le font allègrement, la prise de mandat après élection avec prise de force du pouvoir.
    Etre élu signifie « être au service » et non « être au pouvoir ».

    Certains tentent de mettre en place un système de participation citoyenne aux prises de décisions. Ce qui est pourtant normalement l’idée que l’on se fait de la mission allouée aux élus.

    Mais, quand, depuis la base, nous acceptons par exemple, qu’un petit fonctionnaire employé de bureau dans une quelconque administration, ou entreprise assimilée à un service public, nous adresse la parole avec condescendance, pour ne pas dire mépris, comment pourrions nous trouver indescent l’attitude de nos chefs politiques ?

    C’est un état de fait, un noeud dans la pelote républicaine, que tout mandat électoral devienne de suite, à la prise de fonction, un abus de pouvoir avéré .

    A moins que ce ne soit un des bouts utiles à trouver pour continuer à tricoter… républicainement.

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