Les étés du monde ont-ils changé depuis 900 ans ?

1095_CroisadesAllez suivez moi dans l’été 1114 soit il y a maintenant 900 ans… Nous ne sommes pas dans la superbe époque du Moyen-âge mais on y entre peu à peu. Les historiens tentent de retrouver les traces des civilisations de cette période dont on sait combien elle fut barbare, cruelle, terrible pour les femmes et les hommes qui tentaient d’échapper à deux fléaux : la guerre et la famine ! Nous en sommes très éloignés 9 siècles plus tard car depuis notre monde a progressé chaque été vers une société beaucoup plus protectrice pour les humains, une société de la raison et de l’intelligence. En 2014 nous ne sommes vraiment plus dans les mêmes comportements. Du moins peut-on le croire ! En ces temps là archaïques et ténébreux le Proche-Orient était divisé. Ça a beaucoup changé !
Au Sud, les Fatimides chiites étaient au pouvoir en Égypte et contrôlaient une partie de la Palestine. Le reste du Proche-Orient était sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade converti à l’islam sunnite au IXe siècle qui a mis fin à l’empire arabe et d’une manière générale à la suprématie des arabes; arabes absents des croisades pour cette raison. Ce n’est pas au XXI° siècle que les sunnites et les chiites s’affronteraient au nom de leur conception différente de la même religion !
Les seljoukides (sunnites) belliqueux et toujours en guerre prendront plus tard le contrôle du califat abbasside de Bagdad (il renaît en 2014) avec des lois et des textes horribles pour les femmes et la vie commune. Après la victoire de Mantzikert, les Turcs (sans rapport avec la Turquie actuelle) atteignirent le Bosphore, mais très tôt, l’Empire seldjoukide fut divisé en une série de principautés rivales dont la principale était le sultanat de Roum. La Syrie était aussi divisée en plusieurs États indépendants autour d’Alep, de Damas, de Tripoli, d’Apamée et de Shaizar et bien évidemment chaque groupe attaquait le pouvoir central.
Au Proche-Orient en 1114 les divisions étaient d’ordre religieux et ethnique. Les Turcs sunnites étaient minoritaires. La population arabe était de confession chiite, ismaélienne ou…. chrétienne. Les chrétiens étaient eux-mêmes de différentes tendances : orthodoxes, melkites, et monophysites et vivaient difficilement au milieu de toutes ces tendances religieuses. Il y avait des Arméniens en Syrie du Nord et ils étaient persécutés.
Tous ces peuples opprimés attendaient une intervention extérieure qui est en cours et que l’on a baptisée « croisade ». Pour ces populations musulmanes ou chrétiennes, les croisades n’étaient rien d’autre que des expéditions militaires de secours après l’invasion musulmane, expéditions auxquelles elles prirent part en faisant entrer les « Croisés » dans Antioche, ou pendant la traversée du Liban avant le siège de Jérusalem. Souvent il n’y avait pas eu d’autres solutions pour eux que l’exode en abandonnant tous leurs biens. Ce n’était pas l’ONU qui autorisait ces envois massifs d’hommes sur-armés que furent les chevaliers mais la Papauté après réunion générale des cardinaux. La guerre au nom de Dieu décidée il y a presque de mille ans était considérée légitime ! On se demanda même dans le bon peuple occidental pourquoi parcourir des milliers de kilomètres pour combattre des non-chrétiens quand ils en avaient près de chez eux. Les premières persécutions et la prédication de la première croisade entraînèrent une flambée d’antijudaïsme. Dans certaines régions de France les Juifs furent considérés comme des ennemis à l’instar des musulmans. Ils étaient pour leur malheur plus accessibles que les lointains musulmans et des milliers d’entre eux périrent ou furent contraints à verser des rançons pour être épargnés ou à se convertir.
Arrivés sur place dans les villes conquises, les troupes chrétiennes et leurs chefs, se livraient à des atrocités qui faisaient frémir les chroniqueurs chrétiens qui en avaient été les témoins, certains se plaisaient à pratiquer le… cannibalisme.
Ainsi, après la mise à sac de la Palestine, Raoul de Caen, chroniqueur de la Première Croisade écrivait : « A Maarat, les nôtres firent cuire les païens adultes dans des marmites et embrochèrent les enfants pour les manger rôtis. » Le chroniquer arabe Usana ibn Munqidh, qui avait connu dans sa chair les atrocités de la deuxième te troisième croisade, notait dans ses mémoires : « Quand on nous eu informés sur les frany (nom donné par les Arabes aux Croisés), nous vîmes en eux des bêtes nuisibles qui ont une supériorité dans la valeur et l’ardeur au combat mais rien d’autre, tout comme les animaux ont une supériorité dans la force et l’agressivité. » Et cet autre : « Les frany passèrent au fil du couteau la population de la Cité sainte et tuèrent des Musulmans pendant une semaine. Dans la mosquée Al-Aqsa, ils massacrèrent 60 000 personnes. Ils réunirent et enfermèrent les Juifs dans leur synagogue et les y brûlèrent vifs. » Même leurs coreligionnaires n’échappèrent pas à la fureur « sacrée » des troupes européennes : tous les prêtres et pratiquants des rites orientaux résidant à Jérusalem furent expulsés de la ville et beaucoup assassinés. Plusieurs prêtres coptes qui savaient où se trouvait cachée « la Sainte croix du Christ » furent férocement torturés afin qu’ils livrent leur secret.
Bref 900 ans plus tard on a beaucoup progressé en été… et rien de tout ça est imaginable. En fait seules les religions ont résisté dans leurs outrances, au temps. La raison n’a pas évolué d’un pouce !

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