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Les "journées" ou les "universités" seront à l'image du climat de cet été.

A quoi servent vraiment les « universités » ou les « journées » ou les « rencontres » dites d’été des partis politiques ? Vu de loin on a vraiment l’impression que ce sont des moments essentiellement destinés à mobiliser les troupes les plus motivées et surtout à constituer un temps privilégié pour attirer stylos, micros et caméras sur les « ténors » venant y distribuer des bonnes paroles. Chaque clan, chaque chapelle, chaque tendance, chaque personnalité rassemblent les cadres qui seront à un moment ou à un autre indispensable à des conquêtes ultérieures. Les questions qui reviennent le plus souvent n’ont pas de portée politique mais très traditionnelles du genre : « comment vas-tu ? » ou « je pourrai te voir une minute ? ». La politique ressemble en effet de plus en plus à la société médiatique où le vedettariat tient une place essentielle. A l’instar des festivals il faut quelques têtes d’affiche pour attirer la foule car le militant espère, comme le fan, avoir l’opportunité de rencontrer celle ou celui qu’il voit à la télé ! Les absent(e)s savent qu’ils seront plus cités que les présents noyés dans la masse.
D’ailleurs le stand le plus fréquenté devient au fil des heures, celui de la librairie. Là au moins on est certain de rencontrer celle ou celui pour lequel on est venu. En effet, c’est particulièrement important : il faut avoir fait écrire (ou écrire mais c’est plus rare!) un bouquin que peu de monde lira mais dont on parlera durant quelques jours, pour s’installer parmi les gens qui comptent. C’est décisif ! Et, sans prendre d’exemples récents, il est donc essentiel que le contenu soit sulfureux, très critique et avec de vraies fausses révélations, afin que le notoriété donnée par des indiscrétions organisées soit préalable à la parution de l’ouvrage. Toute autre publication constructive ou simplement informative, n’a pas grand intérêt pour une carrière. C’est vrai que dans une université la bibliothèque est importante mais celle-là n’a rien d’essentiel.
Cet été les rassemblements des partis de ce qu’il reste de la majorité présidentielle, ne respirent pas la joie de vivre. D’abord parce qu’ils n’ont plus rien à voir avec les phases antérieures de la conquête du pouvoir et l’excitation ds campagnes électorales. On sent bien ensuite que l’usure morale du pouvoir a singulièrement détérioré le climat qui est à l’image de cet été : frais, venteux et détestable ! Rien, absolument rien de positif mais une longue liste de récriminations, de revendications, de prédications qui transpirent dans toutes les interventions. On ne croit vraiment plus dans des lendemains qui même s’ils ne chantent pas pourrait au moins murmurer.
Les élections municipales sont passées par là et, dans le fond, ce sont les figures de proue qui font la gueule. Bon nombre d’entre elles sont restées à la maison comme s’ils avaient honte d’avoir coulé avec le navire en pleine mer, toutes voiles dehors. Le fameux « comment ça va ? » tombe mal… et surtout il n’y a plus de « tu as cinq minutes ? » qui démontrait que l’on existait dans ce monde impitoyable de la politique spectacle. Le seul atelier qui n’est sur aucun programme c’est « pourquoi a-t-on perdu les élections ? ». Pour celui qui s’intitulerait « pourquoi va-t-on perdre les prochaines élections départementales et régionales  ? » il y a un flot important d’intervenants puisque forcément le coupable est « l’autre » celle ou celui qui deviennent les exutoires de tous les ratés.
En fait le seul lieu vraiment intéressant c’est la buvette (comme à l’Assemblée ou au Sénat) car on y observe les alliances putatives et on y noue des contacts intéressants. Les vrais journalistes qui ne courent pas après les têtes de gondole savent qu’en s’asseyant à une table devant un café ou en sirotant une bière bio ou industrielle selon le lieu où l’on se trouve, ils peuvent avoir une vision beaucoup plus exacte de l’état d’un parti qu’en assistant à une grand messe où tout le monde vient se montrer. Dans ces plénières bien évidemment le succès est promis au plus sévère, au plus exigeant, au plus théâtral comme c’est le cas dans toutes les séries télévisées. La pédagogie, l’information concrète, l’éducation au sens large du terme n’a pas sa place car… on n’a pas de temps à perdre. La culture du « plateau télé » où l’échange se résume à des phrases lapidaires est omniprésente.
Ce climat politique général en France devient extrêmement préoccupant. Les rencontres, les universités, les colloques, les fêtes ne changeront pas cette réalité voulant que, depuis la dernière présidentielle, pour exister il est indispensable d’être « contre » et de ne plus mettre les mains dans le cambouis d’une gouvernance exigeante. C’est un condensé de l’état d’un pays dans lequel on avance par spasmes ou par à-coups mais dans lequel aucune concertation, aucun compromis ne devient possible. Ces « kermesses » qui deviennent héroïques dans le contexte actuel des finances publiques n’attirent plus la foule. On y vit en vase clos et il y manque la vie réelle, celle qui pourtant reste essentielle à l’action politique. Il s’agit surtout de se convaincre entre gens déjà convaincus que ses convictions sont meilleures que celles des autres… et que dans le fond tout va pour le mieux dans son monde par rapport à celui des autres !

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