L'intoxication provoquée par des "médiatocrates" de cirque !

C’est devenu démoralisant et scandaleux. Les médias colportent de plus en plus des vérités toutes faites, non étayées, généralistes, commentées de manière sommaire façon brèves de comptoir. Il est vrai que des éminents spécialistes, toujours les mêmes, ont vite compris le parti qu’ils pouvaient en tirer en allant sur tous les plateaux, dans tous les débats conforter des idées populistes. Leurs affirmations sont totalement déconnectées de la réalité puisqu’elles ne reposent que sur des généralités, des « masses », des « tendances » confortées par des études du genre de celles de Madame Tibéri. Rapidement ces pourfendeurs du système social français lâchent des évaluations en millions, en milliards d’euros afin d’impressionner les gogos tombant dans la facilité. Plus l’affirmation est fausse, énorme, tendancieuse et plus elle des chances d’imprégner durablement les esprits. Nicolas Sarkozy en a fait son fonds de commerce…et il revient avec encore plus persuadé que les contre-vérités sont plus admises que les réalités.
Ainsi depuis plusieurs mois une nouvelle égérie du libéralisme débridé va de micro en micro, d’oeil de caméra en œil de caméra. Elle pontifie, déblatère avec l’aplomb de celles et ceux qui savent que personne ne les contredira dans son rôle de Jeanne d’Arc des studios ! Ses victimes expiatoires de la crise financière en France : les fonctionnaires ! Il est vrai que depuis Poujade, il suffit de taper sur tous les serviteurs de la puissances publique pour se tailler une solide réputation de sérieux et d’intégrité.
Tous les dimanches matin à 8h30, Agnès-Verdier Molinié, directeur de la Fondation iFRAP, pontifie sur Europe 1 et ensuite elle décline ses poncifs ailleurs.
Elle ne cesse de fournir aux médias des déclarations fracassantes mais jamais réelles leur permettant de forger une opinion dominante qui se retrouve dans les urnes. Cette égérie du libéralisme passe dans toutes les rédactions depuis quelques temps pour pérorer sur des centaines de milliers de postes inutiles notamment dans les collectivités territoriales. Et elle tape sur les fonctionnaires en citant des pourcentages dénués de toute explication et de toute signification.
La gauche au pouvoir depuis mai 2012 a promis de stabiliser les effectifs de l’Etat. La pression sur les effectifs des hôpitaux publics et des collectivités est moins directe : les premiers devront faire un effort d’économies de 440 millions d’euros en 2014 et les secondes verront leurs dotations de l’Etat baisser de 1,5 milliard.  Pour Agnès Verdier-Molinié, il faut aller beaucoup plus loin : > »Il faut geler toutes les embauches, c’est-à-dire ne remplacer aucun des fonctionnaires partant à la retraite, et imposer cette règle aux trois fonctions publiques ».
L’iFrap chiffre à 700.000 le nombre de postes de fonctionnaires que cette règle permettrait de supprimer d’ici à 2021. Un objectif très ambitieux qui ne serait pas atteint sans douleur : des services devraient être supprimés, et dans le contexte actuel de morosité économique, une forte hausse du chômage pourrait en découler.  Il faudrait alors comparer les économies brutes et les coûts des dégâts faits en terme de privatisation des services ou d’indemnisation de chômeurs. Les milliards annoncés ne sont que purement fictifs. Et là la vérité apparaît !
« Une des solutions est de s’appuyer sur le privé en développant les délégation de services publics et en externalisant la gestion de certains services, explique Agnès Verdier-Molinié. C’est déjà le cas au niveau local pour les crèches, la restauration, l’entretien des locaux, le jardinage, etc. Il faut aller plus loin au niveau de l’Etat et des hôpitaux ». « Il faut un choc de privatisation massif pour l’école, estime un autre spécialiste de l’IFRAP. L’idée que l’école publique est ce qu’il y a de mieux pour l’éducation est largement battue en brèche(…) Une crèche publique gérée par le privé coûte 10% moins cher qu’une crèche sous gestion publique, affirme la directrice. Les écoles privées sous contrat coûtent en moyenne 30% moins cher à la collectivité que leurs homologues publics ». Ce sont des affirmations totalement fausses puisque partout la contribution des familles, pour celles qui peuvent payer, atténuent bien entendu le coût de tous ces services. Des absurdités que personne ne contredit alors qu’elles ne reposent sur aucune analyse objective et impartiale. Mais ça plaît dans les chaumières ! Tout est faux ! Peu importe ce sont des vérités de spécialistes !
Tout d’abord, et selon les données Eurostat 2011, les dépenses relatives à l’administration centrale ne sont pas plus élevées en France qu’ailleurs, soit 22,4% du PIB contre 22,6% dans le reste de la zone euro. Il est bien évident que des économies peuvent y être réalisées, mais il ne s’agit pas là d’une anomalie. La part relevant des services généraux représente ainsi 6,4% du PIB contre 6,8% pour les autres partenaires européens. La défense ? 0.5% de PIB de plus que ses partenaires, ce qui va de pair avec un poids géostratégique qui reste prépondérant. L’éducation ? Avec 6% du PIB, la France dépense plus que la moyenne, pour un point, mais dispose d’une croissance démographique également plus forte et donc d’un nombre de jeunes plus important. La police ? Ici la France dépense bien moins que l’Italie ou le Royaume Uni, avec 1% de PIB consacré à ce domaine. Les dépenses de fonctionnement de l’exécutif et du législatif ? Toujours rien, avec un niveau bien plus faible qu’en Allemagne.
Concernant les collectivités locales, une différence de plus de 1 point de PIB est à mettre au débit de la France par rapport à ses voisins. Un écart qui doit être une source d’interrogations et qui représente enfin une réelle opportunité d’économie. Chaque point de PIB représentant 20 milliards d’euros, cela fait cher le point… mais personne ne cite le niveau des services dans les autres pays en faveur des enfants, des jeunes, des personnes âgées.
Il faut pourtant se résoudre à économiser par mutualisation, par suppression des syndicats intercommunaux qui n’ont plus lieu d’être, par l’abolition des normes ayant un impact sur les emplois, par redéploiement des compétences, en cessant de transférer des charges sur le local que l’Etat ne peut plus les assumer… Bref il faudrait arrêter de consulter des évangélistes du libéralisme mais des gens capables d’apporter des solutions concrètes ! On peut rêver !

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    On trouve des sites( http://www.acrimed.org/ par exemple) qui dénoncent comte toi cette intox organisée ( dont monsieur Franz Olivier Gisbert, entre autres chiens de garde, se sont fait une spécialité) mais ils restent confidentiels et l’on se garde bien de leur donner la parole et tout est fait pour enrayer leur action.

    Consulter avec profit et faire connaître : http://www.acrimed.org/

  2. Vent d'Est

    Il y a 25 ans dans quelques jours un événement majeur allait se produire : la chute du mur de Berlin.

    Je me souviens de l’emballement médiatique, « des images fortes » tournant en boucles sans fin et des commentaires répétant à l’envie que cette chute représentait « la fin des idéologies », raccourci approximatif de la fin de la guerre froide.

    Il n’en était rien. Si un vide idéologique se créait à l’est il ouvrait en fait un boulevard aux thèses libérales dans ces nouveaux territoires à conquérir et ringardisait par la même occasion toute opposition à leur domination à l’ouest. Le système d’état venant de s’effondrer de lui même, la démonstration de son inefficacité étant établie, il ne restait plus alors aux libéraux qu’à s’atteler à son démantèlement dans les « démocraties occidentales ».

    Ultime opportunité bien comprise, le rejet viscéral d’une bonne partie de la population à l’est, à la fois du modèle soviétique et de la domination russe, sentiments bien capitalisés par les idéologues de la droite européenne qui a fait beaucoup de promesses à ces nouveaux entrants potentiellement utiles dun point de vue idéologique, en échange de l’adhésion à la communauté européenne avec en arrière plan l’idée que le décalage des niveaux de vie serait profitable aux industriels du continent.

    Double avantage, délocalisation de secteurs entiers de l’industrie vers l’est (construction automobile par exemple) et fragilisation du salariat à l’ouest pour plus de profit, l’étape suivante consistait alors à s’attaquer au dernier rempart possible contre cette marche forcée vers le tout libéral : l’État et ses services. À partir de là on est à fond dans l’idéologie, la propagande, et chacun sait qu’en ce domaine, un mensonge ou une contre-vérité répétée à l’envie deviennent une vérité. La multiplication des relais médiatiques en continu, contrôlés par les mêmes constitue alors une formidable caisse de raisonnance au service de la seule idéologie restante alors que les enjeux réels de société, de développement et de gestion de la planète ne se feront pas sans un interventionnisme fort des états et des institutions internationales.

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