Le mépris s'est installé dans le milieu politique

Il n’y a rien de plus répandu dans le monde politique que le « mépris ». Mépris de ses adversaires. Mépris des collaboratrices et ses collaborateurs affublés souvent d’un « possessif ». Mépris rapide pour les gens qui vous ont aidé à accéder au pouvoir. Mépris du peuple réputé imbécile et manichéen. Mépris vis à vis de celles et ceux qui vous égratignent. Le mépris envahit l’espace public et parfois il est renforcé par une condescendance aristocratique des nobles de la politique vis à vis des gens issus du peuple. Et le plus éminent spécialiste n’est autre qu’un certain Nicolas Sarkozy qui n’a jamais manqué l’occasion de se complaire dans le mépris absolu des règles, des gens, des idées, des lieux. Le pire c’est que compte-tenu de l’absence totale de repères dans cette société où il est de bon ton d’écraser les autres de sa toute puissance ou de sa suffisance. De nombreux épisodes allant de la « karchérisation » à « casse-toi pauv’con » en passant par « descends, je t’attends ! » témoignent de cette propension à se considérer comme largement supérieur au commun des mortels. Que ses éventuels partisans se rassurent… c’est autant valable à gauche et dans la caste des vrais gouvernants qui appartiennent à la caste des technocrates de haut et de bas étage.
Hollande « président ridicule », Valérie Trierweiler « sotte et prétentieuse »  : tout le monde en prend pour son grade, selon des extraits publiés par Le Parisien Magazine d’un livre avec les fameux « offs » dont raffolent les journalistes . Sa première cible est bien sûr son rival, François Hollande « un amateur » dont les photos estivales au Fort de Brégançon sont dignes des « Bidochon en vacances ». «La seule chose que Hollande sait faire, c’est prendre les ministres dans sa main et les tuer». «Il est mal fagoté, il mange des frites, quand on fait un métier public, il faut faire attention», ajoute le censeur qui a l’avantage de ne jamais se regarder dans une glace. Quant à l’affaire Julie Gayet, Nicolas Sarkozy juge son ancien adversaire à la présidentielle « ridicule ». Son ex-compagne n’est pas épargnée  : «Ce n’était pas une très bonne journaliste politique et pas une très bonne journaliste culturelle non plus», commente-t-il. Et encore il y a dû y avoir autocensure car sa « suffisance » est sans égale. lui sait. lui a tout réussi. Lui…lui…lui…
Manuel Valls  ? Il « a le regard fuyant, il fait un peu illuminé », juge l’ancien président de la République. Mais le candidat à la présidence de l’UMP est aussi très sévère vis-à-vis de son propre parti, à en croire les journalistes auteurs de « Ça reste entre nous, hein ? ». avec un net « Tous des cons ». Il s’en prend aussi à son ancien Premier ministre François Fillon qualifié de « loser » et à celle qui pourrait être en 2017 son adversaire le plus dangereux Marine Le Pen  : une  « masse », avec des airs de « déménageur ». « Juppé à dix ans de plus que moi et il me rajeunit… » en amuse-bouche de la campagne!
Rien, absolument rien ne peut arrêter ce raz-de-marée méprisant puisque l’un des principes de Nicolas Sarkozy c’est qu’il nettement supérieur à tout le monde sauf par la taille malgré les talonnettes. Il surfe sur cette propension naturelle à se décréter le « meilleur d’entre eux ». Il a fait des émules à tous les niveaux de l’échelle et parfois on retrouve des symptômes de « grosses têtes » dans tout l’échiquier politique.
La principale caractéristique de ces pourfendeurs des autres réside dans le fait qu’ils trouvent encore plus de raisons de mépriser l’ensemble de la planète après un échec qu’après une victoire. Bien évidemment ce n’est jamais de leur faute mais celle de la valetaille qui n’a fait que des « conneries ». Je les ai vus à l’œuvre : dénigrant systématiquement les soutiens dont ils avaient pu bénéficier et que parfois ils avaient sollicités. « Que des nuls ! » « Que veux-tu que je fasse ? Ils ont le QI d’une huître ! » Et bien d’autres. « Il a le melon ! » ou « il se prend pour un chef ! » bien évidemment ce type de remarques ne sont faites que face aux personnes épargnées sur le moment mais qui recevront leur dose dès qu’elles auront quitté les lieux.
Dans la vie politique courante il ne faut pas avoir trop les oreilles qui traînent car on finit atteint de paranoïa aiguë. Il faut aussi reconnaître que très souvent ces remarques sont faites avec le secret espoir qu’elles ne resteront pas longtemps inconnues. En fait désormais l’essentiel du journalisme c’est l’exploitation du « off » avec cette phrase rituelle : « je te le dis mais je te demande de ne pas l’écrire ». La traduction en est simple : « Je te dis ça mais tu peux le répéter sans dire que c’est moi qui te l’ai dit ! ». Le jeu est constant. Je l’ai pratiqué comme journaliste et mea culpa je le pratique encore !
Tenez un petit jeu simple. Cherchez quels sont les « marquis poudrés » qui se sont faits virer de l’Elysée ou mieux si je vous confie qu’un Girondin y est surnommé « monsieur cravate » vous avez une idée de ce qui fait désormais le succès de la presse : les indiscrétions ! D’ailleurs il arrive que l’essentiel se situe dans ces « mares au canard » souvent très éloignées de la cruauté de la réalité. Pour arriver à en faire un livre les journalistes n’ont pas de gros efforts à faire… il leur suffit de faire tendre l’oreille par d’autres et de faire leur miel des rancunes accumulées par les humilié(e)s victimes du mépris ambiant. J’en ai des tonnes à leur confier !

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