Réforme territoriale : début de raspa gouvernementale

Manuel Vals a, selon le peuple des sondés beaucoup de défauts mais il a aussi quelques qualités que la réalité le les oblige malheureusement pas à reconnaître : il est pragmatique et intelligent. Certes on peut contester (et c’est légitime) son orientation politique globale mais sur certains sujets, en prenant du recul, il finit au fil des mois par être contraint de revenir sur les certitudes d cette opinion dominante dominatrice générée par un système médiatique reprenant en boucle des approximations et des idées toutes faites.
La réforme territoriale (et je l’ai écrit à des dizaines de reprises dans Roule libre » est nécessaire mais elle a été engagée sur par tous les gouvernements (celui de Fillon comme celui de Ayrault) sur la seule base des « économies comptables » et jamais sous l’angle politique d’une refonte du fonctionnement du territoire républicain au service des populations. Les échecs se sont succédés et comme je l’ai déjà écrit « la montagne de cette réforme accouchera d’une souris difforme ». La seule question à laquelle on n’a jamais répondu : « Quelle France de proximité voulons nous dans l’avenir ? ». Tout tourne autour d’une refonte des compétences et absolument pas de mesures techniques de suppression, de fusions, de pseudos économies calculées à la pelleteuse et n’ayant aucun rapport avec la réalité. Il fallait organiser un « Grenelle » pour une nouvelle décentralisation permettant d’abord et rapidement de clarifier au maximum les rapports entre un État ruiné et des collectivités ayant jusqu’à preuve du contraire remplit historiquement leur mission.
Lentement sous la pression de la réalité, Manuel Vals commence à se détacher des effets d’annonce présidentiels effectués trop souvent pour satisfaire une Europe du Nord se prétendant irréprochable dans tous les domaines et surtout celui de la gestion. Il prend ses distances et c’est désormais une certitude il va assumer divers changements de caps peut-être pas aussi évidents qu’on le croît. Lucide, réaliste, concret il sait que « démonter » sans savoir le remonter intelligemment c’est aller vers un pagaille monstre socialement et démocratiquement.
Pour prendre un cas concret, celui de la fameuse « suppression du Conseil général », purement théorique et sans évaluation réelle et sérieuse des conséquences, il vient de s’apercevoir que non seulement il n’y aurait pas d’économies avant des décennies (et encore!) et qu’en plus il tuait la seule valeur à laquelle pouvaient être encore attachés les citoyens lucides : la proximité ! Il est en effet impossible d’élargir le champ des compétences régionales sans « tuer » de manière ferme un pan entier de l’action républicaine française. Il n’y a pas une seule personne sérieuse qui peut décréter la mort d’un « outil » sans avoir AU PREALABLE quel serait le futur support qui assumera le « travail » qu’il effectuait. Quel échelon rendra en compte la « solidarité humaine » ? Facile théoriquement mais impossible pratiquement dans le contexte financier actuel !
Rousset Président de la région Aquitaine monte au créneau pour ne pas recevoir en cadeaux empoisonnés les collèges et les routes départementales. Juppé, Président de la future métropole bordelaise, pourtant farouche partisan de la disparition des conseils généraux depuis longtemps refuse de recevoir la moindre charge venant du département malgré la loi. Il n’y a qu’à Lyon dans la pagaille légale que l’on tente de transformer une seule entité départementale en deux autres totalement disproportionnée et sans absolument aucune logique ! Tant que ne sera pas réglé l’adéquation entre les compétences et les moyens financiers qui les accompagnent il n’y aura aucune réforme possible.
Il n’en reste pas moins vrai que les élections cantonales sont maintenant plombées par les annonces fracassantes antérieures et le PS y laissera une bonne part de ses forces actuelles. François Hollande et manuel vals en porteront une lourde responsabilité que les élus locaux leur factureront à un moment ou un autre. Une nouvelle sanction de la politique nationale sera renforcée par une abstention prévue à plus de 50 % ! Le Front national sera une fois encore le seul bénéficiaire de cette cacophonie présidentielle puis gouvernementale. Pour faire des économies il y a un moyen rapide : supprimer les postes de Mme Lebranchu et Vallini qui vont être contraints d’avaler leur chapeau et de maintenant expliquer que les départements sont indispensables dans l’organisation territoriale… en pratiquant la raspa cette danse où l’on fait un pas en avant suivis de deux pas en arrière ! Moi en tous cas je n’ai jamais changé d’avis : réformer oui mais sur une base réaliste et pragmatique ! Au travail immédiatement pour décentraliser et supprimer les doublons avec l’Etat. Chiche !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

     » Il fallait organiser un « Grenelle »  »
    ….a condition que celui-ci soit un peu plus réaliste et efficace que la baudruche dégonflée du Grenelle de l’Environnement, montagne qui a elle aussi accouché d’une difforme souris paralysée.

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