Ne pas se focaliser que sur la partie visible de l'iceberg

Le « djihad », ce mot est définitivement entre dans le vocabulaire français alors que rien ne le laissait accroire! Il effraie et surtout il pose un véritable problème à la société incapable d’endiguer un phénomène dont on ne mesure pas les conséquences. En essayant de dépasser les à priori de comptoirs de bistrots on revient à l’essentiel : les causes du mal ! « On évalue à 15 jeunes dont des filles mineures qui chaque mois quittent notre pays pour partir vers la Syrie m’expliquait aujourd’hui une personne particulièrement bien informée. Le pire c’est qu’aucun d’entre eux n’est connu des services de police malgré les énormes moyens mis en place. Ils n’ont aucun parcours public religieux ou communautarisme permettant de les détecter. La très grande majorité sont endoctrinés via internet à une vitesse stupéfiante de 3 ou 4 mois «  ajoute-t-il sans que l’on puisse le suspecter du moindre manichéisme. En fait la nouvelle loi anti-terroriste va peut être améliorer les choses mais mon interlocuteur y voit un danger :  » si ce phénomène continue et que nous réussissons à empêcher les départs le risque est très grand de les voir conduire leurs actions criminelles sur le territoire national ! On l’a vu au Canada récemment ! » Étrange dilemme!
En fait les ressorts de cet engagement insensé qui ne touche pas que des gens d’origine maghrébine sont multiples et toujours irrationnels. C’est souvent un refuge désespérant à un échec ! Ce mot est essentiel : ce qui est présenté aux yeux de l’opinion dominante pour un endoctrinement religieux n’en est que très rarement un. Il y a une autre motivation portée par un sentiment de revanche vis â vis d’un système social excluant. Je sais bien que rien ne justifie un comportement sanguinaire ou criminel mais on ne peut éradiquer un mal aussi pervers qu’en tentant d’en comprendre les causes. La responsabilité individuelle est grande dans des actes terroristes mais ne pas tenter de remonter aux racines collectives, nier une responsabilité sociétaire, c’est se condamner à subir les faits ! Sommes -nous certains que tout est tenté pour agir en amont, pour prévenir ? Que faire quand tous les efforts se heurtent à l’irrationalité des croyances, des certitudes abstraites et surtout à un contexte personnel souvent extrêmement complexe? Bien évidemment toute l’histoire de l’Humanité est porteuse de crises identiques mais quand on l’oublie tout devient possible !
Supplices romains infligés aux premiers chrétiens et aux prisonniers des guerres, bûchers cathares, tortures et meurtres des guerres de religion, pogroms, crimes contre l’humanité, exactions criminelles racistes du Ku Klux Kan, colonisations multiples dévastatrices au nom de l’évangélisation forcée… De tous temps l’endoctrinement confinant au fanatisme crapuleux a été de ce monde ! De tous temps des criminels se sont parés d’idéologies démentielles ! Combien de bons Français se sont par exemple il y a 70 ans transformés en bourreaux chez les SS ou dans la Gestapo ? Certains ont même échappé à toute sanction publique !
La seule arme réelle reste depuis moins de 250 ans l’éducation laïque, confrontant les strates sociales, mêlant les religions, relativisant l’irrationalité des croyances, luttant contre les comportements sectaires, plaçant la réussite avant les échecs systématiques, valorisant la réussite morale…sommes nous certains que notre système social actuel porte ses valeurs ? Le service militaire devenu national ne jouait-il pas un rôle dans le lien social, le respect de règles, la cohésion !
Une société qui  » vedettarise » le crime à longueur de journée sur d’étranges lucarnes fossilisant l’esprit, qui consacre l’essentiel des ses forces à scruter l’immoralité individuelle, qui donne des signes permanents d’intolérance sociétaire, qui pratique le culte du fric, qui place son idéal dans les « affaires de cul », qui sélectionne par l’échec face à un modèle dépassé, qui n’a plus aucune confiance dans ses élites ne peut pas lutter contre toutes les formes, heureusement moins violentes et moins exécrables mais bien réelles au quotidien. La réussite passe désormais par l’exceptionnel le démesuré, le pire du pire et la normalité devient méprisable. .
1200 trop jeunes français soit 0,001 % de la population française mettent en péril nos espoirs dans un pays apaisé, tolérant et républicain! Ils sèment l’angoisse, la terreur par la médiatisation de leurs actes commis dans un contexte nébuleux et pour le moins complexe. Parler d’eux c’est courir le risque d’attirer leur haine, de provoquer des réactions racistes, de renforcer ce sentiment d’impuissance face à la victoire de l’ignorance irrationnelle. Continuons à nous déchirer sur le fric en oubliant l’humain et la République sera la prochaine victime de ces folies minoritaires !

Cet article a 2 commentaires

  1. Christian Coulais

    « Une société qui » vedettarise » le crime à longueur de journée sur d’étranges lucarnes fossilisant l’esprit, qui consacre l’essentiel des ses forces à scruter l’immoralité individuelle »
    Heureusement, de temps à autre, il y a des perles. J’ai particulièrement apprécié sur France 2 la diffusion du téléfilm français, « la Loi, le combat des femmes pour toutes les femmes ». Réalisé par Christian Faure.
    Si chaque semaine, un épisode de cette trempe aborderait les facettes des politiques à mener, afin de mieux faire comprendre les tenants et les aboutissants de lois, débats publiques, actions à long terme…on en serait peut-être pas là !
    L’éducation populaire, ce n’est pas l’affaire des média dévoyés, mais bien l’affaire de toutes et tous.

  2. J.J.

    Et curieusement on ne parle pas des jeunes gens (peu nombreux, je le concède) qui seraient partis s’engager dans l’armée d’Israël, non pour combattre, mais en réalité pour participer à ce qu’il est convenu de ne pas appeler un génocide…

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