Les cantonales donneront la tendance de 2017

Tous les partis politiques français sont à la recherche d’une second souffle. Le discrédit est tel que désormais ils doivent utiliser la personnalisation pour occulter souvent le manque de réflexion sur les valeurs. Cette forte transformation visant à donner un nouvel élan à la vie militante se produit au moment clé du quinquennat puisque l’année 2015 va continuer, selon toute vraisemblance à déliter la confiance dans la proximité. La menace d’une abstention record aux cantonales se précise. Elle ne favorisera encre une fois que le Front national dont les progrès sont sans cesse pointés en pourcentages sur les exprimés et surtout pas comparés en pourcentages sur les inscrits entre deux élections. Le problème c’est que la défection possible vis à vis des socialistes ne profitent ni à la gauche d’opposition ni à la droite traditionnelle.
Le refus de soutenir un camp ou l’autre pose le problème essentiel des prochaines échéances. Il est quasiment certain que le FN aura des candidat(e)s qui arriveront ne seconde position sur des cantons ruraux. Quand on rappelle les règles ne vigueur pour le second tour on peut nourrir queues inquiétudes. En effet ne resterons en lice que ceux qui ont atteint 12,5 % des inscrits. Une barre compréhensible en temps « normal » mais qui va être difficilement applicable en période de forte abstention. Il faut ajouter que les deux candidat(e)s arrivant en tête sont repêchés quel que soit le pourcentage constaté ce qui va conduire à l’absence totale de triangulaires. Il faudra par exemple au aux alentours de 35 % des exprimés pour pouvoir rester en lice si l’abstention tourne à 60 % ! On peut en déduire que le premier tour sera fondamental pour tous les partis en dehors du Front national. Il va donc falloir s’attaquer à la mobilisation du maximum d’électrices et d’électeurs sans attendre le second tour qui sera quasiment joué d’avance.
Dans les partis de masse toutes les opérations pouvant inciter les gens à voter (distribution, présence sur le terrain, participation aux réunions) étaient dans une période récente assurée par les militant(e)s. Or ces derniers on été oubliés dès les primaires présidentielles terminées comme ils l’avaient été après la formidable campagne pour ou contre le traité européen. Les publicités adressées aux élus par des sociétés spécialisées mettent le porte à porte et le « phoning » comme outils les plus efficaces pour mobiliser l’électorat. Un fort bémol est à porter sur ces statistiques. En effet en redécoupant les cantons les penseurs parisiens ont rendu le porte à porte quasiment impossible en zone rurale ou périurbaine tellement parfois les « surfaces » à couvrir sont démesurées. La personnalisation du scrutin paraît impossible ce qui également sur certains territoires ne va aller dans le sens de la participation. Il va falloir jouer sur l’esprit d’équipe pour échapper à ce danger avec cependant des difficultés pour trouver des femmes intéressées par un engament politique fort.
L’autre obstacle est constitué par la disparition massive dans tous les partis et notamment ceux de gauche de ce que l’on peut appeler la génération Mitterrand. Militants actifs depuis le milieu des années 70 devenus souvent progressivement élus locaux de proximité, ces gens là atteignent la zone des 65-70 ans et prennent le large. Or pour les départementales la « notoriété » risque de devenir l’élément décisif du vote. Or des références, des noms, des pratiques dites à l’ancienne vont s’estomper avec eux et le handicap sera probablement lourd à surmonter ! Paradoxalement les électrices et les électeurs réclament selon les sondages du « changement » mais à condition qu’il ne s’applique pas aux personnes dans lesquelles elles ont confiance, surtout parmi les plus âgés. Ce phénomène n’est pas spécifique aux partis de gauche mais à tous les partis.
L’illisibilité de la réforme territoriale qui n’a encore rien clarifié, loin s’en faut, va accentuer cette démobilisation. Il faudra avoir des positions claires pour relancer une dynamique citoyenne et le handicap sera lourd dans les camps traditionnels puisque ceux qui étaient pour la suppression du département sont plus nuancés ou ont fait machine arrière et ceux qui voulaient se battre pour les maintenir en adaptant leurs compétences sont maintenant noyés dans ce maelström opportuniste. Tout se jouera donc sur une prise de conscience de l’impact d’une politique de gauche ou de droite sur le quotidien des gens et ce sera révélateur de ce qu’ils se produira en 2017. Doit-on défendre ses acquis ou sous prétexte que nationalement on est mécontent les saborder?
Les propos de Sarkozy sur les suppressions de toutes les mesures sociales ou sociétales soutenues par les conseils généraux de gauche devaient réveiller quelques consciences. Jamais la pédagogie citoyenne n’aura été autant la clé du scrutin… Et là les militants vont retrouver leur mission essentielle de transmission du savoir vers le maximum de gens ! Vont-ils l’accepter en oubliant leur déception ? Doivent-ils sacrifier des collectivités de gauche par leur indifférence et se réveiller avec la gueule de bois en 2016 ? Pourront-ils se persuader que la politique est d’abord et surtout locale ? Sont-ils prêts à jouer la politique du pire ?

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