Le refroidissement climatique s'accentue

Existe-t-il un risque de guerre mondialisée ? On se voile les yeux, on se bouche les oreilles et on se tait mais le danger n’a jamais été aussi réel. Nous sommes déjà dans un retour de la « guerre froide » avec le conflit ukrainien et les sanctions prises par l’UE vis à vis de la Russie. Effondrement du rouble, pertes pour le commerce des deux camps, climat diplomatique très tendu, contraintes sur les déplacements des officiels ou des oligarques, affaire « Mistral » : chaque jour la tension monte d’un cran. Six soldats et un civil tué: le bilan était lourd hier dans l’est de Ukraine, à quelques jours de l’entrée en vigueur d’une nouvelle trêve dont on peut douter de l’efficacité.
Le porte-parole ukrainien n’a pas précisé où ces militaires ont péri, mais a indiqué que « plusieurs attaques ennemies » contre l’aéroport de Donetsk, l’un des principaux points chauds du conflit, avaient été repoussées. Les violences continuent donc alors même que Kiev et les séparatistes prorusses ont créé la surprise en annonçant un accord sur un arrêt total des tirs dans l’est du pays à partir du 9 décembre.
Un dirigeant séparatiste avait annoncé un cessez-le-feu autour de Donetsk à l’issue de pourparlers entre généraux russe et ukrainien, les insurgés et l’OSCE. Un premier cessez-le-feu avait déjà été conclu à Minsk le 5 septembre entre Kiev et les rebelles, lors de négociations auxquelles participaient la Russie et l’OSCE. Mais il n’a jamais été réellement appliqué.
La Russie est frappée par de lourdes sanctions économiques occidentales depuis l’annexion de la Crimée en mars. La livraison du premier des deux navires Mistral, que Paris a vendus à la Russie, est d’ailleurs en suspens. « Pour l’instant on ne livre pas », a encore déclaré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avant d’ajouter: « On pourrait ne jamais livrer. Il faut que les Russes se rendent compte de cette situation ».
La France « doit remplir toutes ses obligations » pour la livraison à la Russie du navire de guerre Mistral qu’elle s’est engagée à lui vendre, faute de quoi sa « réputation » sera en jeu, a lancé de son côté, sans cacher son agacement, Sergueï Lavrov. Le conflit s’envenime et lentement on glisse vers une véritable affaire internationale. Comme les combats ne cesseront jamais en Ukraine on peut douter de la solution miracle pouvant intervenir.
Confrontée à une pénurie de charbon à l’approche de l’hiver, Kiev négocie par ailleurs avec la Russie l’achat d’électricité, au risque d’accroître encore davantage sa dépendance énergétique envers son grand voisin qui déjà pèse sur par ses livraisons de gaz. L’hiver est là et la population craint la pénurie quand le gouvernement a du mal à acquitter des factures lourdes mais pouvant aussi s’accentuer très rapidement. En fait Poutine joue de main de maître à la mise en échec des sanctions européennes. Il vient par exemple d’annoncer dans cette « guerre froide » ambiante l’abandon du gazoduc South stream qui traversait l’Europe centrale et qui va être réorienté vers la Turquie. Washington fait tout en son pouvoir pour créer un nouveau mur de Berlin s’étendant des pays baltes à la mer Noire, afin de mieux isoler la Russie.
Depuis des années, on sait que l’impératif stratégique clé de la Turquie est de se positionner comme un carrefour énergétique indispensable de l’Orient à l’Occident, d’où transitera aussi bien le pétrole irakien que le gaz naturel de la mer Caspienne. Du pétrole de l’Azerbaïdjan transite déjà par la Turquie via l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) mis de l’avant par Bill Clinton et Zbig Brzezinski. La Turquie deviendrait aussi le carrefour du gazoduc transcaspien, si jamais il se concrétisait (rien n’est moins sûr), pour acheminer le gaz naturel du Turkménistan à l’Azerbaïdjan, puis à la Turquie jusqu’à sa destination finale en Europe.
Ce qu’a accompli le maître du judo, des échecs et du jeu de go Poutine en un seul coup, c’est de faire en sorte que les sanctions stupides imposées par l’Union européenne se tournent de nouveau contre elle. L’économie allemande souffre déjà beaucoup des pertes commerciales avec la Russie.
La brillante stratégie de la Commission européenne gravite autour de ce qu’on appelle le troisième paquet énergie, qui oblige les gazoducs et leur contenu d’appartenir à des sociétés distinctes. La cible a toujours été Gazprom, qui possède des gazoducs dans de nombreux pays en Europe centrale et de l’Est. Puis la cible dans la cible a toujours été le gazoduc South Stream. Il appartient maintenant à la Bulgarie et à la Hongrie qui, soit dit en passant, se sont toujours opposées à la stratégie de la Commission européenne, d’expliquer le fiasco à leurs populations et de maintenir la pression sur Bruxelles. Après tout, ces pays vont perdre une fortune, sans parler du gaz qu’ils n’obtiendront pas avec la mise au rancart du South Stream. La guerre mondiale économique autour des matières premières fait rage. Le pétrole baisse, le gaz monte et lentement l’UE se liquéfie. L’Allemagne est extrêmement mécontente car elle voit l’un de ses meilleurs clients la bouder. Bref on entre dans une période extrêmement dangereuse mais dans le fond le plus important c’est que Sarkozy ait repris l’UMP que l’on sache els secrets des attributions des postes de chevaliers servants.Pendant ce temps la Russie continue à acheter de plus en plus d’or. Au cas où !

Cette publication a un commentaire

  1. François

    Une inquiétude fondée sur une analyse réaliste de la géopolitique .
    Il ne manque que de rajouter la création du brics , monnaie d’échange directement concurrentielle du dollar et mise en place par le Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud , de rajouter que Russie et chine font provision d’or et que le Dollar ne repose sur rien de concret puisque l’économie Américaine fait tourner la planche à billets , et nous avons là un cocktail du genre explosif.
    A propos d’explosif , tous les pays cités augmentent leur arsenal depuis déjà quelque temps sans que cela fasse la une des « informations » ; Peu de monde semble s’alarmer et je remercie Mr Darmian de le faire .

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