L'air frais de la sincérité et de la conviction

Après avoir été désignée prix Nobel de la paix, Malala Yousafzai a reçu la prestigieuse récompense. Avec l’Indien Kailash Satyarthi, co-lauréat du Nobel, elle a été accueillie à Oslo, en Norvège, par environ 7 000 enfants, âgés de 6 à 14 ans. La militante pour le droit à l’éducation a ensuite prononcé un discours déterminé. « Je suis très fière d’être la première Pachtoune, et la première personne jeune à recevoir cette récompense. Je suis presque sûre que je suis la seule titulaire du prix Nobel qui se bat encore avec ses petits frères », a-t-elle déclaré comme pur démontrer que cette récompense ne constituait ni un but, ni un aboutissement personnels.
« Cette récompense n’est pas seulement pour moi. Elle est pour tous les enfants oubliés qui veulent une éducation. Pour tous les enfants effrayés qui veulent la paix. Pour tous les enfants sans voix qui souhaitent le changement. (…) Même si j’ai l’air de n’être qu’une fille, qu’une personne d’1,57m – si on compte mes talons – je ne suis pas une seule voix, je suis plusieurs voix. Je suis Shazia, je suis Kainat Riaz, je suis Kainat Somro, je suis Mezon. Je suis Amina. Je suis l’une de ces 66 millions de filles qui sont privées d’école. » Extraordinaire discours d’une jeune fille d’un courage qui mériterait tellement de louanges que les prix se révèlent inutiles. Cette force intérieure, cette assurance, cette foi dans son combat constituent pour le monde le plus beau des exemples. Il faudrait diffuser son propos dans toutes les salles de classe de notre pays pour réveiller des consciences somnolentes ou surtout démontrer la valeur d’une engagement au service des autres.
Ne pourrait-on pas inviter notre jeunesse à méditer la suite d’un discours époustouflant d’aisance, d’humour et de conviction. Devant un public composé de ses parents et ses camarades de classe, Malala a poursuivi : « Comme je l’ai déjà dit, j’ai déjà fait de nombreux pas dans la bonne direction. Maintenant, il est temps de faire un bond. Ce n’est plus le moment de dire aux dirigeants à quel point l’éducation est importante, ils le savent déjà, leurs propres enfants sont dans de bonnes écoles. Désormais, il est temps de leur demander d’agir. Nous demandons aux leaders du monde entier de s’unir et de faire de l’éducation leur priorité. » L’adolescente a également merveilleusement remercié son père. « Merci à mon père de ne pas avoir coupé mes ailes et de m’avoir laissée voler ». Quel papa ne rêve pas d’entendre pareil compliment ? C’était frais, agréable, enthousiasmant et donc très différent des miasmes expliquant que Morano et NKM se serait héroïquement opposées à Sarkozy ! Et pourtant que retiendront les grands éditorialistes de la presse quotidienne? Qu’entendront les auditeurs des radios où se produisent une foultitude de grandes gueules ? Sur quel sujet travailleront notre brillante élite de de demain ? A vous de répondre !
Il faut ajouter à ce moment de vrai bonheur celui de voir le magazine Time choisir comme personnes de l’année, les soignants de l’épidémie Ebola.Une excellente nouvelle qui change des papes, des présidents, des vedettes, des magnats divers et avariés. Voici encore un hommage vrai et surtout plus proche de ce qu’il faut retenir dans ce monde où on se querelle autour de la rançon versée à des bandits sanguinaires africains ayant emprisonné un Français.
Contre toute attente, tous ceux qui luttent contre le virus Ebola, en Afrique de l’Ouest, dont les médecins, infirmiers ont été désignés « personnalité de l’année 2014 ». « Ils ont pris des risques et persisté, ont fait des sacrifices et ont sauvé des vies », a commenté mercredi la rédactrice en chef sur le site internet de Time, pour expliquer ce choix, alors qu’en 2013 c’est le pape François qui avait été désigné par le magazine.
Depuis le début de l’épidémie, le personnel de santé est en première ligne dans la lutte contre le virus, au détriment de sa vie. De nombreux médecins et infirmiers sont décédés des suites de la maladie. Le virus est transmis par contact direct avec les fluides corporels des patients développant les symptômes, notamment fièvre et vomissements. A ce jour, Ebola a fait plus de 6 331 morts sur un total de 17 800 cas, selon le dernier bilan de l’Organisation mondiale de la Santé, arrêté au 6 décembre et publié lundi. Les trois pays les plus touchés d’Afrique de l’Ouest sont le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée et s’il n’y avait pas ces volontaires courageux et lucides on irait vers une catastrophe humanitaire encore plus gigantesque.
La société ne nous a plus habitués depuis longtemps à cette sincérité profonde, à cette mise en avant de « personnes » réputées ordinaires mais tellement admirables par leurs actes. Elle se contente en permanence des apparences, des facilités, des truquages, des faits divers négatifs et sanguinolents, des détournements d’attention et de fonds pour gaver ses écrans, ses ondes, ses pages, ses conversations de futilités épouvantablement sordides ! Alors deux bols d’air frais ne se refusent pas car iles ne peuvent que faire du bien !

Cette publication a un commentaire

  1. le chat François

    Avec votre conclusion , qui traduit une critique sur la médiocrité du débat concédé mais limité par la pensée unique régissant notre société , cela fait trois bols d’air dans votre billet.

Laisser un commentaire