Les universités mettent le doigt où ça fait mal !

Si l’on observe de près un événement particulier de la politique nationale et quel que soit son positionnement politique, on doit admettre que le système mis en place par la constitution de la V° république devient de plus en plus obsolète. Un Président possédant toutes les prérogatives sur le papier mais souvent déconnecté du débat parlementaire et un Premier Ministre qui doit absolument exister se heurte sur bien des points. Souvent c’est secret mais parfois ça devient public et ça fait même très mauvais effet. On commence à s’apercevoir, comme lors de son intervention sur l’égalité à la Fondation Jean Jaurès que Manuel Vals a l’intention à peine masquée de se mettre à son compte  et donc immédiatement François Hollande réagit en tançant le gouvernement. Le jeu est constant à travers la V+ République surtout quand le Président est en position de faiblesse. L’aventure des crédits supprimés aux Universités en atteste.
Lors de la préparation budgétaire le Ministre en charge de l’enseignement supérieur et à la recherche s’était vue expliquer qu’on devait appliquer le « tarif syndical » à ses crédits . Une mesure que tout le monde jugeait pourtant dangereuse, inimaginable pour la Gauche car elle allait provoquer des réactions d’hostilité mais que Christian Eckert ancien professeur de mathématiques avait jugé inévitable. Bien évidemment on peut imaginer que cette mesure n’ait pas été validée par Matignon au nom des économies à réaliser. Elle démontre que le pouvoir se situe bel et bien dans le contexte actuel à Bercy où on ne fait pas de « politique » mais où on pratique la « gestion ». Lors de la présentation budgétaire en commission tant au Sénat qu’à l’Assemblée les parlementaires socialistes porteurs du ressenti du terrain avaient protesté et attiré l’attention des ministres concernés sur cette « ponction amère » ! Que nenni malgré les amendements déposés qui avaient été repoussés par la Droite au Sénat pour des raisons tactiques le Ministre du budget avait maintenu sa position initiale. On sucre 70 millions !. Le groupe socialiste du Palais Bourbon a l’ordre de frapper dur et il l’applique contrairement à celui du Palais du Luxembourg. On ne pliera pas ! Sauf que selon des sources concordantes, François Hollande va annoncer l’annulation des coupes budgétaires aux universités. Un amendement du gouvernement adopté en première lecture du projet de loi de Finances 2015, le mois dernier, faisait hurler depuis plusieurs semaines le monde universitaire. Les députés avaient en effet voté une réduction du budget de 70 millions d’euros.
« On a très bon espoir que les crédits soient rétablis », affirme-t-on dans l’entourage de la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et la Recherche, Geneviève Fioraso. Le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est, dans cette affaire, monté au créneau contre Bercy. Une réalité qui démontre à l’envi combien il est illusoire de penser qu’un ministre autre que celui du budget ou des finances a une vrai liberté de manœuvre dans le système actuel. Rappelons qu’à la fin de l’exercice budgétaire 2014, Bercy avait tenté de raboter de 400 millions d’euros les subventions aux universités. Les priorités politiques importent peu… et le gouvernement avait simplement modifié l’épaisseur du rabotage.
Le 3 décembre, au Sénat, le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert, avait indiqué que tous les secteurs devaient faire des efforts et qu’il faudrait qu’il s’y habituent. Amen. La messe est dite ! Manifestations, lettres de protestations et la perspective de la rencontre annuelle avec les Présidents d’universités ont réveillé l’Élysée. C’est donc une nouvelle fois François Hollande qui monte au créneau pour rappeler la priorité à la jeunesse et à l’éducation dont on pouvait douter partout sauf à Bercy. La cacophonie s’installe et comme c’est le cas sur de nombreux sujets dont la réforme territoriale le constat est le même : la réalité reprend tôt ou tard ses droits !
En fait c’est le Président de la Conférence universitaire qui a résumé parfaitement la situation : On a tous perdu un temps fou dans cette affaire et c’est vraiment dommage. Nous demandons au ministère du Budget de revoir ses méthodes. » Il pourrait aussi ajouter que la V° république n’est plus du tout adaptée à la France puisque le Président prend de plein fouet des mesures gouvernementales et le gouvernement qui prend des mesures est de plus en plus souvent désavoué par le Président . Et il ne faut pas avoir fréquenté les bancs des universités pour s’en rendre compte.

Cet article a 2 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bonjour,
    Effectivement la Ve devrait laisser place à la VIe République !
    Amicalement,
    Gilbert de Pertuis

    1. François

      Bonjour !
      VIe, VIIe, VIIe , … , on peut à l’infini changer la règle du jeu … sans changer le résultat car les cartes pipées resteront TOUJOURS entre les mains de joueurs-marionnettes disciples de l’Enarchie.
      Sans jouer « l’extrémiste », nous sommes tout près d’un choix ardu: ou bien employer un super-détersif à large spectre pour repartir sur un sol net et sain ou se retrouver sous la pression d’une puissance émergente ( déjà amorcée : voir Hayange [acier], Toulouse [aviation et transport aérien], le vignoble [plus de 40 châteaux bordelais] etc ). Et là …! !
      Oh! Ne nous voilons pas la face: il y aura de la casse; mais après la tempête, le temps revient merveilleusement calme et serein pour un bon départ. Bizarre n’est-ce pas ?
      Cordialement.

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