Le prix du pétrole est devenu une arme

Alors que les augures prévoyaient un baril,de pétrole au sommet en raison d’une forte demande sur le marché mondial, il s’effondre chaque jour un peu plus sans que pur autant l’économie en profite véritablement. Les causes en sont nombreuses. C’est d’abord l’annonce du brutal ralentissement de la production industrielle en Chine, le deuxième plus gros consommateur de brut du monde, qui a provoqué ce nouveau recul. Fin août, la production industrielle chinoise s’affichait en hausse de + 6,9 % sur un an (contre 9 % en juillet), sa plus faible progression en rythme annuel depuis le début de la crise financière en 2008. Les Chinois ne sont plus en grande forme et la vente au détail, la consommation d’électricité et les investissements baissent du nez. On ne voit plus aussi nettement une demande accrue venant de pékin.
Comme dans le même temps la Russie plonge pour des raisons différentes on est contraint de prévoir un tassement de la progression de la demande sur le marché. Alors que les prévisions pour le PIB russe en 2015 sont mauvaises et qu’une baisse de 4% est attendue, le déficit budgétaire pourrait également se situer au-delà de 3% l’an prochain. Une crise économique qui pourrait être déterminée par les prix du pétrole dont les cours sont justement au plus bas. En réalité, trois facteurs peuvent expliquer cette récession programmée de l’économie russe : les sanctions occidentales pour son rôle dans le conflit ukrainien, la chute des cours du pétrole et l’effondrement du rouble.
La hausse sera limitée à 900 000 barils par jour en 2014 (92,6 millions de barils par jour) en raison de la faiblesse persistante des économies européenne et chinoise, conjuguée à des livraisons de pétrole plus faibles que prévu au Japon et au Brésil. Bref jamais sur la planète on a été dans un situation aussi préoccupante.
Si la dégringolade des cours du pétrole bénéficie largement aux pays importateurs comme la France, d’autres voient leurs finances fortement impactées. C’est le cas de l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial d’or noir, qui a annoncé un budget de l’Etat pour 2015 prévoyant un déficit de 38,6 milliards de dollars. Le Conseil des ministres a adopté un budget prévoyant des dépenses de 860 milliards de riyals (229,3 milliards de dollars) et des revenus de 715 milliards de riyals (190,7 milliards USD). Même chez eux le budget aura un déficit supérieur à 3 % sans que pour autant on aille vers des mesures drastique. Il faut en effet envisager une baisse durable du prix du baril !
Du côté de la production, c’est l’abondance, presque le trop plein. Les compagnies ont recommencé à pomper plus de 800 000 barils en Libye malgré le chaos dans lequel sombre le pays. L’Irak tient sa production, en dépit de l’instabilité du pays et des menaces de l’Etat islamique sur les régions pétrolifères du Kurdistan. Mais l’abondance de l’offre est surtout due aux pétroles de schiste américains qui ont produit, en août, 8,6 millions de barils par jour. L’administration américaine d’information sur l’énergie (EIA) prévoit d’atteindre 9,5 millions de baril en 2015.
Le taux de dépendance américain au pétrole importé est tombé de 60 % en 2005 à 30 % aujourd’hui.
Le marché mondial continue d’en être bouleversé, puisque le brut que les Américains n’importent plus, notamment des pays d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Angola), est réorienté vers l’Europe à des prix de plus en plus bas. Ces pays ont en effet besoin d’écouler leur matière première à n’importe quel prix car sans elle il ne peuvent pas faire face à leurs dépenses. Les déficits budgétaires s’annoncent parfois colossaux…
En fait le jeu conjoint des Etats-Unis ayant de moins en moins besoin de pétrole et de l’Arabie saoudite est dirigé contre la Russie. C’est une action concertée consistant à exploiter le contexte. La monarchie saoudienne, dont la production représente un tiers de celle de l’Opep, dispose de suffisamment de réserves pour se permettre de supporter une baisse des prix pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Plusieurs des pays rivaux du Royaume – ou ceux en conflit plus ou moins larvé avec les Etats-Unis – seraient en revanche durement affectés par une chute durable des cours en dessous de 90 dollars le baril. Les budgets de l’Iran, de la Russie, ou du Venezuela ont en effet été calculés sur la base d’un baril à plus de 100 dollars. Les recettes d’exportation de pétrole représentent environ 60% des recettes publiques de l’Iran et plus de la moitié de celles de la Russie. Mais bien entendu ce n’est qu’un hypothèse farfelue… Encore une fois l’économie devient la meilleure arme dans la guerre planétaire en cours !

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Et le sauvetage de la planète dans tout ça ?

    Si je ne m’abuse, il y a quelque temps s’est tenue une conférence internationale sur la nécessité de diminuer nos rejets de CO2 et autres gaz nuisibles, non ?
    On nous a vanté également la conversion rapide et vitale aux énergies renouvelables et non polluantes.
    Cette « abondance et ce trop plein » sont-ils compatibles avec ces vœux pieux ou se moque -ton de nous ? (hypothèse invraisemblable, ça serait bien la première fois…)
    Je pense en effet que le but principal et non avoué est de malmener, entre autres visées cachées, l’économie russe et quelques autres empêcheurs d’otaniser en rond, l’intérêt particulier passant bien sur avant l’intérêt général : après nous le déluge.

    Ça ne trompe que ceux qui le veulent bien.

  2. DENIS

    Ecole Normale d’Instituteurs ? le prix du pétrole est devenuE !

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