A nous les petites idées suédoises !

Il vient de se produire un événement politique en Suède qui devrait interpeller toutes les femmes et les hommes se réclamant des valeurs de la Gauche. Une sorte de préfiguration de ce que le Front National peut amener en France après 2017. En effet si la percée du bleu Marine se maintient on peut imaginer qu’aucune des formations politiques actuelles ne dispose de la majorité à l’Assemblée nationale surtout si comme on le murmure François Hollande va vers un système de proportionnelle totale ou partielle avant mars 2016. Et justement le mode d’élection en Suède pourrait être très proche de ce qui est envisagé à l’Elysée. Les élections pour le renouvellement des 349 députés du Riksdag (parlement suédois) ont lieu en deux temps. Premièrement, 310 députés sont élus à la proportionnelle lors d’un scrutin de listes permettant le vote préférentiel dans chacune des 29 circonscriptions du pays. Deuxièmement, les 39 autres députés, appelés compensatoires, sont attribués aux différents partis en vue de leurs assurer la représentativité la plus exacte possible au niveau national.
Le parti social-démocrate était arrivé le 14 septembre 2014 (113 députés) en tête avec 31 % devant la droite dite modérée (23 % et 83 sièges) et les « Démocrates suédois » ayant des positions très proches du FN français actuel (13 % -un record- et 49 députés) ; les Verts (25 députés) le centre (22) ; le Parti de Gauche (21) ; le libéraux (19) et les Chrétiens Démocrates (16). La majorité étant à 226 voix on a assisté à un événement sans précédent puisque le budget déposé par le premier Ministre issu du Parti social démocrate a été refusé et c’est celui travaillé et déposé par le « Parti du rassemblement modéré » qui a été adopté ! On trouve donc en Suède un parti ayant une majorité relative contraint de gérer des crédits fixés par son opposition ! Stefan Löfsen a donc envisagé un retour vers les lectrices et les électeurs le 22 mars 2015 car ni la Droite modérée (136 voix) ni la Gauche (159 voix) ne pouvaient constituer une majorité de gouvernement… Les « Démocrates suédois » couleur bleu marine bloquaient ainsi le fonctionnement du pays ! La Droite modérée refusait toute alliance avec eux et donc on a été contraint de rechercher une autre solution.
Le gouvernement suédois de gauche a donc annoncé un accord avec l’opposition de centre droit, évitant ainsi des élections législatives anticipées et expédiant l’extrême droite aux marges du système politique. Et qui vous dit que ce ne sera pas la même situation en France en 2017 et dans de nombreux départements dès avril 2015 ! Et qui vous dit que ce n’est pas recherché ? Qui peut prétendre qu’après la déroute annoncée des départementales et le Congrès du PS en juin l’introduction de la proportionnelle ne permettra pas pareille solution en France ? Je sais je suis iconoclaste et encore une fois dérangeant mais… on verra à l’usage !
Avec le mouvement des Verts, son allié gouvernemental, et les quatre partis de l’Alliance (centre droit), le parti social-démocrate a en effet trouvé un modus vivendi, dit « accord de décembre », qui permet à un gouvernement minoritaire de gouverner. Début décembre, le gouvernement avait annoncé des élections anticipées pour le 22 mars. Elles auraient été les premières en Suède depuis 1958 et n’auront pas lieu ! Stéfan Löfven cherchait ainsi à dénouer la crise politique provoquée par l’extrême droite, qui veut changer de politique d’immigration, la jugeant trop généreuse (ça ne vous rappelle rien?).
L’accord trouvé pose les bases d’une collaboration entre six partis prétendant à des fonctions gouvernementales : les sociaux-démocrates et les Verts d’une part, et le centre droit, soudé au sein de l’Alliance (conservateurs, centre agrarien, libéraux et chrétiens-démocrates), d’autre part, sur trois dossiers, à savoir les retraites, l’énergie et la défense. Valide jusqu’en 2022, il implique que tout gouvernement minoritaire pourra faire adopter son budget avec le « soutien passif de l’opposition ». Le gouvernement proposera en avril une loi de finances rectificative. Jusque là, il sera tenu de gouverner avec le budget de l’opposition de centre droit adopté le 3 décembre. C’est donc un pas vers plus de consensus, signe distinctif de la politique et de la société suédoise, que la récente percée de l’extrême droite (12,9% des suffrages) avait mis à mal. Écoutez bien les propos de Stefan Löfsen car vous risquez bien des les entendre dans le prochains mois chez nous : « La Suède est fière de sa tradition consistant à régler les questions difficiles au-delà des blocs, une tradition que tous les pays n’ont pas »... On en reparle !

Cette publication a un commentaire

  1. le chat François

    « Et qui vous dit que ce ne sera pas la même situation en France en 2017 et dans de nombreux départements dès avril 2015 ! Et qui vous dit que ce n’est pas recherché »
    Il est évident que c’est ce qui est recherché . On produit un épouvantail , on le montre, on l’invite sur les médias, on lui déroule le tapis, on lui donne du poids, dans le but qu’il soit au deuxième tour . Coup de poker risqué pour faire élire un parti qui continuera dans la même voie politique . Le sursaut républicain sur lequel comptent les bluffeurs pour masquer leur absence de jeu risque de coûter bien cher à ceux qui pensent pouvoir refaire le coup de 2002 . Et à moins d’une campagne massive de re-diabolisation du FN entre les deux tours ,,, rien ne dit que les Français se mobilisent de nouveau .

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