Un contexte très défavorable à la participation citoyenne

Les prochaine élections cantonales se préparent dans un contexte tout à fait particulier. D’abord il semble que la majorité des lectrices et des électeurs en soient à se demander ce que peut être ce rendez-vous électoral dont ils entendent vaguement parler mais dont ils ignorent les objectifs. Déjà qu’ils ont beaucoup de mal (surtout en ville) ) à percevoir ce qu’est le conseil général actuel ils sont encore très loin de jauger ce que leur apportera le conseil départemental. Il est vrai qu’à ce jour nul n’en connaît encore de manière précise les compétences et que le 22 mars au moment de voter on ne les connaîtra sûrement pas encore. Les collèges ? On attend le verdict sur leur attribution à la région ! Les transports scolaires ? Idem ! Les routes ? Les régions n’en voudraient pas… Les transports ? On se bat sur l’inter-urbain ! Ca prendra encore une bonne dizaine de jours de débat sur le texte de la loi sur la nouvelle organisation territoriale avant son départ fin janvier vers l’Assemblée, un retour probable au palais du Luxembourg et le dernier mot laissé aux Députés. On a véritablement qu’une certitude ; la solidarité humaine restera sous la responsabilité du futur conseil départemental et donc l’action quotidienne au profit de toutes les générations demeurera au cœur de ses compétences. Pour le reste il y a les supputations plus ou moins crédibles !
Le mode de scrutin n’est pas encore entrée dans les esprits. Expliquer qu’il s’agit de voter pour un duo paritaire titulaire et un autre duo de remplaçants soit quatre candidats n’est pas chose aisée quand les gens sont attachés à une personne, à un visage, à un nom ! La notion d’équipe n’est guère répandue dans un pays de plus en plus individualiste et celle du « ticket » à l’américaine pas encore entrée dans les mœurs. Trouver sa place dans ce processus n’est donc pas chose aisée pour les postulantes et les postulants à un mandat de …6 ans. L’enjeu est grand car tout se jouera sur une petit nombre de cantons alors que le système du renouvellement par moitié tous les 3 ans rendait les alternances beaucoup plus lentes. Le nombre de celles et ceux qui en ont conscience est infinitésimal même parmi les militants. Encore une fois le réveil peut être douloureux, très douloureux !
Le pire est constitué par le nouveau plancher de la présence au second tour. Et là pour expliquer dans l’acculturation civique actuelle il faut être un pédagogue hors pair. En effet ne peuvent rester en lice à l’issue du premier tour que les candidats ayant obtenu 12,5 % des inscrits (et non pas des votants ou des exprimés). Il n’y aura donc pas sauf exception rarissime aucune triangulaire lors du deuxième rendez-vous. Prenons un exemple : si la participation est de 45 % des inscrits les candidats auront besoin de 25 % des voix exprimées (pour 50 % de votants) ou 31,25 % si on a seulement 40 % de participation ! Autant dire que le risque est grand pour les candidats de ne pas atteindre ce score surtout s’il y a de nombreuses vocations. La loi a donc prévu que si personne n’atteignait les 12,5 % des inscrits les 2 premiers seraient automatiquement repêchés pour l’ultime explication. Cette situation éliminera donc automatiquement le troisième même si le système du désistement républicain peu lui permettre d’espérer un sort favorable avec un bon report des voix ! Comment expliquer que tout se jouera donc dans ce nouveau système avec taux éliminatoire dès le premier tour. Face à la droite et au FN, une division de la Gauche lui coûtera des centaines de sièges si le meilleur de ses représentants n’arrive que… troisième ! Le danger est grand mais rien n’y fait !
En fait la conscience citoyenne passe derrière des règlements de comptes idéologiques nationaux déconnectés de l’impact que peut avoir un basculement d’une gestion aussi progressiste que possible vers une vision réactionnaire.
Le manque d’information directe pénalise considérablement les meilleurs intentions en matière de réorganisation des scrutins. Plus on les complexifie et plus on va vers des désillusions en matière de participation. On a beau dire ce que l’on veut mais le 22 mars il s’agira de choisir entre des majorités et pas seulement entre des personnes. Or dans le méli-mélo actuel on ne mesure plus les différences entre les politiques de proximité. Déjà le FN vient de sortir ses arguments : « endettement » et « impôts » en déconnectant ces deux postes des choix effectués dans l’intérêt des personnes et notamment les plus fragiles ! Ça risque de marcher puisque les mots ont dans cette sociétés plus d’importance que les actes et qu’un bulletin de vote s’utilise de plus en plus comme un défouloir contre quelqu’un. Il va falloir beaucoup de boulot pour vaincre tous ces obstacles mais c’est passionnant pour celles et ceux qui croient dans un printemps citoyen !

Cette publication a un commentaire

  1. Rocky

    Et qui a concocté cette usine à gaz ?

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