CANTONALES.- Les "sans-logis" ou les "mal-logés" restent nombreux

Depuis vingt ans, malgré différents dispositifs, la crise du logement frappe toujours plus fort. 3,5 millions de personnes en sont aujourd’hui victimes et la gironde n’échappe pas à ce constat. On en serait à 55 000 demandes en attente. Le nombre de sans-abri a augmenté depuis 2001 de 50 %. avec 141 000 personnes, adultes et enfants, aujourd’hui contraintes de dormir dans la rue, dans un jardin public, une gare, une cage d’escalier, en camping ou dans des abris de fortune … Le 115, numéro d’urgence qui gère les places dans des centres d’hébergement, de plus en plus saturés, satisfait à peine une demande sur deux. De plus en plus souvent, il se résigne à proposer aux familles des nuitées d’hôtel, solution chère, provisoire et très insatisfaisante. Le Conseil général de la Gironde opère de la même manière lorsque les familles sont en grande difficulté ou quand un problème survient avec de enfants concernés. La séparation familiale consentie ou parfois indispensable en raison de comportements douteux ou violents complexifie cette recherche d’un toit ! Les listes d’attente pour un logement à loyer modéré ou social ne cessent de s’allonger. En 2014, 1,8 million de demandes ont été enregistrées et seulement un quart obtiennent une réponse positive. Face à cette véritable pénurie il faut une réponse vraiment solidaire entre communes-bailleurs sociaux et conseil général sur tout le département. Pas question en Gironde de ne pas répartir l’offre sur l’ensemble du territoire afin de ne pas constituer à terme des ghettos.
Les programmes sociaux et très sociaux sont ainsi subventionnés par le Conseil général afin de se préserver le droit d’attribution pas les services de la solidarité et de l’insertion partout sur le département. Les cautions d’emprunt permettant pour les bailleurs d’accéder aux crédits de la Caisse des Dépôts et Consignations sont également régulièrement accordées par la commission permanente ce qui constitue une aide concrète appréciable que le grand public ignore.
On trouve en effet encore en France 55  000 familles reconnues par l’Etat comme prioritaires pour être relogées (la loi DALO de 2007) ne le sont toujours pas et sont obligées de rester dans des logements insalubres, dangereux, inadaptés à leur âge ou à leur handicap. Dans un contexte de crise économique interminable, les prix de l’immobilier ont doublé et les loyers ont augmenté de 50 %. A Bordeaux, quatrième ville de France pour le prix du m² la situation selon un dernier palmarès devient à cet égard de plus en plus préoccupante.
Les causes de cette situation, on les connaît : la France ne construit pas assez de logements et en particulier de logements à bas coût. La loi SRU de 2001, qui oblige les communes de plus de 3 500 habitants à avoir au minimum 20 % de HLM, n’est pas respectée partout. Résultat : une pénurie de logements et de graves inégalités territoriales. C’est aussi valable en Gironde où les sanctions commencent à tomber sur des communes dites en situation de carence.
Certaines le font volontairement mais de manière discrète : les équipes municipales préfèrent faire payer via les impôts locaux les amendes plutôt que de construire des HLM. Il vaudrait mieux en cette période de baisse des dotations répartir les sommes collectées entre les collectivités qui sont en conformité avec la loi plutôt que de le laisser dans le pot commun des recettes de l’Etat. D’autres par contre rencontre de vraies difficultés pour faire face à leurs obligations (PLU insuffisant, chèreté des terrains constructibles, refus des voisins!).
On a ainsi, osons le dire, des « concentration » de personnes dans les seuls territoires où le logement reste accessible à leurs faibles ressources, parce qu’elles ont un Smic ou trois quarts d’un Smic. « Mais, s’il y a des ghettos de pauvres, explique le délégué général de la fondation Abbé Pierre, c’est parce qu’il y a aussi des ghettos de riches et que certaines communes ferment la porte aux plus fragiles, aux plus modestes et aux classes moyennes inférieures, qui ont de plus en plus de mal à trouver un logement proche de leur travail et correspondant à leurs ressources ainsi qu’à la taille de leur famille ». Rien à ajouter !
Le Conseil général en partenariat avec Emmaüs a inventé également une vrai réponse au logement d’urgence. 26 chalets bois (3 sur le canton de Créon dont le premier de Gironde à Saint Genés de Lombaud et 2 à Créon) ont été achetés par le département (marché public de 500 000 euros) et ensuite mis à la disposition de 14 communes et 2 communautés de communes qui souhaitent en installer sur leur territoire. Ces habitations de grande qualité environnementale offrent un cadre de vie agréable pour des gens à la recherche d’un toit.
Au total en 2015 ce sont 10 millions d’euros qui seront réservés à l’aide à la pierre, c’est à dire au soutien à toutes les initiatives en matière d’amélioration et d création de logement. Un effort substantiel qui symbolise la solidarité humaine et la solidarité territoriale faisant la force du Conseil général.

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